Manifestation pro-Ouïghours aux Etats-Unis | © Malcolm Brown/Flickr/CC BY-SA 2.0
International

La Chine critique le pape sur sa déclaration concernant les Ouïghours

Le gouvernement chinois a déploré, le 24 novembre 2020, la déclaration du pape François faisant de la minorité ouïghoure un peuple persécuté. Jusque-là le pontife avait évité de critiquer frontalement la politique chinoise.

«Je pense souvent aux peuples persécutés: les Rohingyas, les pauvres Ouïghours, les Yazidis […]», affirme le pape dans son dernier livre Un temps pour changer (Flamarion, novembre 2020), écrit avec le journaliste britannique Austen Ivereigh.

Le passage n’a pas été du goût des autorités de Pékin. Le 24 novembre, Zhao Lijian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, a déclaré que les remarques de François ne reposaient sur «aucune base factuelle», rapporte Associated Press. «Tous les groupes ethniques de Chine bénéficient de leurs pleins droits de survie, de développement, de liberté religieuse et de croyance», a assuré l’officiel chinois.

Des camps de «rééducation»?

Le pouvoir chinois est accusé depuis des années d’opprimer les Ouïghours, une minorité musulmane et turcophone de l’ouest du pays. Selon certains rapports, plus d’un million de représentants de ce peuple seraient détenus dans des camps. Le gouvernement américain et des groupes de défense des droits humains ont rapporté que ces structures fonctionnant comme des prisons ont pour but de séparer les Ouïghours de leur héritage culturel et religieux. L’objectif final serait de les forcer à déclarer leur loyauté au Parti communiste chinois et à son leader, Xi Jinping.

Le silence brisé?

La Chine a initialement nié l’existence de ces camps. Elle admet aujourd’hui la présence de «centres» destinés à la formation professionnelle et à la prévention du terrorisme et de l’extrémisme religieux, «sur une base volontaire».

Jusqu’à maintenant, le pape François avait évité de condamner la politique de Pékin, que ce soit en rapport à l’oppression des minorités religieuses, notamment des chrétiens, ou de ses actions contre la démocratie, comme à Hongkong. Certains observateurs se demandent donc si l’attitude du Vatican est en train de changer à cet égard. Ceci alors que les relations entre Rome et Pékin se sont plutôt améliorées ces dernières années, avec notamment le renouvellement d’un accord, en octobre 2020, concernant la nomination des évêques. (cath.ch/ap/ag/rz)

Manifestation pro-Ouïghours aux Etats-Unis | © Malcolm Brown/Flickr/CC BY-SA 2.0
25 novembre 2020 | 17:28
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 1 min.
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