Espagne: La collaboration de l’Eglise avec Franco refait surface au Pays basque

La collaboration de l’Eglise avec Franco refait surface au Pays basque

San Sebastian, 12 juillet 2009 Des évêques basques ont présenté des excuses samedi pour le silence observé par l’Eglise catholique au sujet de l’exécution de 14 prêtres pendant la guerre civile en Espagne (1936-39) par les forces du général Francisco Franco.

Ce n’est pas la première fois que des évêques du Pays basque brisent le silence, contrairement à l’épiscopat espagnol sur cette douloureuse page de l’histoire de l’époque fasciste du dictateur franco, alors soutenu par l’Eglise catholique.

En novembre 2007, Mgr Ricardo Blazquez, alors président de la Conférence des évêques d’Espagne et évêque de Bilbao, avait en effet rompu le silence de l’Eglise catholique d’Espagne sur son passé aux côtés du régime franquisme, en demandant pardon. Ce qui avait valu les foudres de certains prélats de la hiérarchie de l’épiscopat espagnol, dont le cardinal Rouco Varela.

«Le silence des responsables de notre Eglise autour de la mort de ces prêtres n’est pas justifiable ni acceptable plus longtemps», a déclaré l’évêque de Vitoria, Miguel Asurmendi, au cours d’un service à la mémoire de ces prêtres, samedi. «Ce si long silence a non seulement été une erreur, mais aussi un manque de vérité et un acte contre la justice et la charité», a-t-il ajouté.

Des propos tenus en 2007 déjà par son homologue de Bilbao, qui avait demandé pardon pour l’Eglise catholique pour le «rôle concret» de ses membres durant la guerre civile, de 1931 à 1939, «la décennie des années trente», pour reprendre le terme de l’évêque.

Les propos de celui qui n’allait pas voir prolongé son mandant de président de l’épiscopat, avaient engendré l’irritation de nombreux évêques espagnols, dont l’archevêque de Madrid, Mgr Rouco Varela.

L’Eglise catholique espagnole a toujours considéré avoir été victime de la guerre civile. «L’Eglise a été une victime», proclamait le 7 avril 2000 le porte-parole de l’épiscopat, Mgr Juan José Asenjo, aujourd’hui évêque de Cordoba.

«C’est vrai que l’Eglise d’Espagne a mal à son passé. Et qu’elle n’a pas encore été capable de dénoncer la dictature franquiste, avec laquelle elle a fait croisade durant la guerre civile», confiait à l’Apic il y a quelque temps le prêtre basque José Luis Aperribal. Qui donnait en exemple les 14 – 18 selon lui – prêtres fusillés au Pays basque pour leurs sympathies républicaines. «Aujourd’hui encore, l’Eglise leur nie une sépulture chrétienne».

Selon l’historien espagnol Julián Casanova, professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Saragosse et à New York, «la mémoire des vainqueurs, maîtres absolus pendant la dictature de Franco, occupe encore une place prééminente si on la compare à celle des vaincus». J. Casanova est l’auteur de nombreux ouvrages, dont «l’Eglise de Franco». Santos Juliá, autre historien de renom de l’Université espagnole à distance (UNED), abonde dans ce sens. Pour lui, «sortir du discours ’vainqueurs’ et ’vaincus’ implique de se retrouver en terrain commun». Mais constate-il, «parler à nouveau d’une Eglise persécutée, comme le fait actuellement la hiérarchie de cette même Eglise, nous ramène dans le tunnel du temps». (apic/ag/arch/pr)

12 juillet 2009 | 14:12
par webmaster@kath.ch
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