Prix Nobel de la Paix au Dalaï Lama, chef spirituel du bouddhisme tibétain
La communauté tibétaine de Suisse dans la joie (051089)
Mont-Pèlerin, 5octobre(APIC) Les quelque 1500 membres de la communauté
tibétaine de Suisse ont accueilli jeudi avec une grande joie la nouvelle de
la désignation de leur chef spirituel, le Dalaï Lama, comme Prix Nobel de
la Paix 1989. C’est un grand honneur pour la communauté tibétaine du monde
entier, souligne le moine Gonsar Tulku, directeur du Centre d’Etudes tibétaines Tharpa Choeling au Mont-Pèlerin, au-dessus du Lac Léman. Après Mère
Teresa et Desmond Tutu, c’est la troisième grande personnalité religieuse
qui reçoit le Prix Nobel de la Paix ces dernières années.
Sa Sainteté le Dalaï Lama mérite vraiment ce prix, car c’est un homme de
paix, déclare Gonsar Tulku, qui connaît bien le chef spirituel de la tradition du bouddhisme tibétain, qui s’étend du Tibet au Nord de l’Inde, sans
oublier le Népal, le Ladakh, le Sikkim, le Bouthan, la Mongolie… Le 14ème
Dalaï Lama, Tentsin Gyatso, âgé de 54 ans, est en même temps le chef politique de tous les Tibétains, et il vit en exil à Dharamsala en Inde depuis
l’échec de l’insurrection anti-chinoise de 1959. Il a visité à plusieurs
reprises le Centre Tharpa Choeling du Mont-Pèlerin où vivent dix moines et
laïcs tibétains.
Le chef légitime du Tibet
Le Dalaï Lama, relève Gonsar Tulku, est considéré comme le vrai chef légitime du Tibet, tant par les Tibétains qui vivent en exil que par ceux qui
vivent dans leur pays sous souveraineté chinoise. Il mérite ce Prix Nobel
de la Paix parce qu’il a consacré toute sa vie, son énergie, son travail
pour la paix du monde, poursuit-il, et il ne s’est pas seulement engagé
pour le bouddhisme ou pour le Tibet, mais bien pour la paix universelle. Il
cherche également l’unité entre toutes les religions du monde : «il est oecuménique non par diplomatie, mais sincèrement, complètement, du fond de
son coeur».
«A mon avis, c’est le personnage le plus ouvert à l’oecuménisme dans le
monde, affirme le moine tibétain, et il a participé à la Rencontre des
grandes religions du monde à Assise au soir du 27 octobre 1986 à l’invitation du pape Jean Paul II, qu’il a rencontré à plusieurs reprises et avec
lequel il s’entend bien».
Un nationaliste modéré
Pas toujours compris par l’aile la plus radicale du nationalisme tibétain, le Dalaï Lama est plutôt un nationaliste modéré. «Nous avons beaucoup
souffert sous l’occupation chinoise, relève Gonsar Tulku, mais le Dalaï Lama nous dit toujours que nous ne devons pas considérer le peuple chinois
comme notre ennemi; ce que nous dénonçons ce n’est pas les Chinois, mais
cette fausse idéologie et cette fausse politique mise en pratique au Tibet
par les autorités chinoises, cette oppression qui méprise les droits de
l’homme». Il s’est toujours exprimé contre ceux des Tibétains qui veulent
chasser les Chinois par la lutte armée, et c’est grâce à ses appels à la
paix que le peuple tibétain n’a pas choisi le chemin de la violence. Le Dalaï Lama, estime-t-il, a une vue très universelle et s’est même déclaré
d’accord de vivre au sein de la République populaire de Chine si les Tibétains peuvent exercer leur droit à l’autodétermination. (apic/be)