Liban: Les 40 évêques maronites dans le monde vont élire leur nouveau patriarche
La date de l’élection devrait être annoncée mercredi
Beyrouth, 1er mars 2011 (Apic) La date de l’élection du nouveau patriarche maronite devrait être annoncée mercredi, rapporte mardi 1er mars le quotidien beyrouthin «L’Orient-Le Jour». Le cardinal libanais Nasrallah Pierre Sfeir – dont la démission comme patriarche d’Antioche des maronites a été acceptée en fin de semaine par le pape Benoît XVI – a présidé lundi 28 février, au siège de Bkerké, une réunion du synode restreint permanent du patriarcat maronite, portant sur les préparatifs de l’élection de son successeur.
La date du coup d’envoi du processus d’élection du nouveau patriarche devrait être annoncée ce mercredi à la faveur de la réunion mensuelle de l’Assemblée des évêques. Le successeur du chef de l’Eglise maronite sera élu par les 40 évêques maronites en charge des différents diocèses maronites répartis aux quatre coins du monde. Un évêque à la retraite pourrait être élu patriarche, selon le quotidien libanais.
Le cardinal Sfeir, quant à lui, fêtera ses 91 ans le 15 mai prochain. Il a été un «phare» durant les 15 années de guerre civile qui ont ensanglanté le Liban, relèvent ses partisans. Son hostilité à l’ingérence syrienne dans les affaires libanaises lui a valu quelques inimitiés dans les milieux prosyriens, y compris de la part de certaines factions maronites, notamment celle du général Michel Aoun, allié du Hezbollah.
La division des chrétiens libanais et leur exode du Moyen-Orient font partie des problèmes les plus urgents auxquels sera confronté le prochain patriarche maronite. Selon le journaliste à «L’Orient-Le Jour» Fady Noun, le Vatican désire que le prochain patriarche soit un «rassembleur» et puisse résorber, par son action, les divisions profondes qui se sont produites au sein de la communauté maronite, en raison des clivages du temps de guerre.
Hommage du leader des Forces libanaises
Samir Geagea, le leader des Forces libanaises (*), s’est rendu lundi 28 février au siège patriarcal de Bkerké pour rendre un hommage marqué au patriarche démissionnaire Nasrallah Sfeir. Samir Geagea a souligné le rôle historique joué par le patriarche Sfeir, relevant qu’»entre 1990 et 2005, il a été le seul à exprimer tout haut les attentes des chrétiens, et des Libanais en général».
Le synode maronite a un mois pour se réunir et élire un nouveau patriarche, dont le nom sera ensuite communiqué à Rome afin que le pape l’approuve en lui accordant «la communion ecclésiastique», le «pallium», note Fady Noun. Le patriarche Nasrallah Pierre Sfeir a occupé la charge de patriarche d’Antioche des maronites en 1986, «dans la tourmente de la guerre qui a ensanglanté le Liban pendant de trop longues années», a relevé en fin de semaine le pape Benoît XVI.
Le patriarche Sfeir, une personnalité de «dimension historique»
Revenant sur cette démission, le leader des FL a souligné que le cardinal Sfeir était un patriarche «ayant une dimension historique». «Il n’est pas un patriarche ordinaire qui a opéré un simple passage dans l’Eglise. Que nous l’aimions ou non, nous devrions songer à ce qui se serait produit entre 1990 et 2005 si nous n’avions pas un patriarche comme lui. Nous devrions songer à ce qui se serait produit dans le pays lorsque la scène politique n’était occupée que par ceux qui n’étaient pas en mesure de s’exprimer librement. Les libertés se limitaient alors à se rendre simplement au travail».
A une époque où le Liban était sous occupation syrienne, «le patriarche Sfeir était le seul, à partir de Bkerké, à exprimer le point de vue des chrétiens, et des Libanais en général (…) Nous remercions, par conséquent, le patriarche, et tous les remerciements ne seront pas suffisants. Seule l’histoire lui rendra justice».
(*) FL, parti politique issu de l’ancienne coalition de diverses milices chrétiennes, qui se sont notamment illustrées lors des massacres de civils palestiniens, du 16 au 17 septembre 1982, dans les camps de Sabra et Chatila. (apic/orj/be)