Affaire dite de l'immeuble de Londres, le procès dure depuis juillet 2021 © Timitrius/Flickr/CC BY-SA 2.0
Vatican

La défense de Cecilia Marogna rejette la faute sur Mgr Becciu

«Il n’y a pas l’ombre d’une preuve» pour condamner Cecilia Marogna, ont affirmé ses avocats lors de la 72e audience au Vatican du procès de l’affaire dite ‘de l’immeuble de Londres’, le 6 octobre 2023. Ils ont demandé l’acquittement de leur cliente, accusée de détournement de fonds, et ont chargé le cardinal Becciu.

Entre 2018 et 2019, le cardinal Angelo Becciu a demandé à la Secrétairerie d’État de verser 575’000 euros à Cecilia Marogna, une Italienne qui s’est présentée comme une experte en «diplomatie parallèle» et qu’il a engagée pour aider à la libération d’une religieuse colombienne enlevée au Mali en 2017. Le promoteur de justice du Vatican reproche à cette femme d’origine sarde – comme le cardinal – d’avoir utilisé ces fonds pour des dépenses luxueuses sans rapport avec cette mission, notamment des séjours dans des hôtels, des vêtements et des cosmétiques.

Le promoteur a requis quatre ans et huit mois de réclusion et une amende de 10’329 euros contre elle. La société, basée en Slovénie, via laquelle Cecilia Marogna recevait l’argent, Logsic Humanitarne Dejavnosti, est aussi accusée de détournement de fonds. Le promoteur réclame 150’000 euros et trois ans d’interdiction de contrats avec l’administration publique du Vatican pour cette structure.

Un manque de preuves

Dans leur plaidoirie (qui n’a duré que 35 minutes), les avocats de Cecilia Marogna ont démontré qu’aucune preuve montrant que leur cliente a utilisé frauduleusement les fonds qui lui ont été alloués n’a été versée au dossier. Durant leur intervention, les deux juristes n’ont jamais fait mention de l’opération pour libérer la religieuse, ni apporté de preuve permettant de prouver qu’elle a bien été effectuée par leur cliente.

La défense de Cecilia Marogna a aussi affirmé qu’étant donné que sa cliente n’était pas fonctionnaire du Vatican, l’argent du Saint-Siège ne peut avoir été détourné par l’Italienne et est donc arrivé «légitimement» sur son compte. «Si Cecilia Marogna, comme l’a dit le promoteur de justice dans son réquisitoire, était ›entretenue’ par le cardinal Becciu […] et s’il a fait en sorte que ces fonds aillent à sa société, si tout cela est vrai, où est le détournement de fonds?» a ainsi questionné l’avocat.

Les avocats de Cecilia Marogna ont également critiqué certains aspects judiciaires du procès tels que des omissions dans certains documents, le refus d’entendre certains témoins ou encore le fait que leur cliente serait toujours placée sous le secret professionnel et donc sans réelle liberté de témoigner.

«Le pape ne pouvait pas ne pas savoir»

La défense a enfin affirmé que «le pape ne pouvait pas ne pas savoir, car dans un État absolu comme celui-ci, le pape, roi, sait tout», sans spécifier à quoi elle se référait. Elle a enfin dénoncé la «mise au pilori» de cette mère célibataire, arrêtée et placée en détention par les autorités italiennes à la demande du Vatican le 13 octobre 2020 et libérée le 30 octobre suivant.

La prochaine audience a lieu le 19 octobre, avec la plaidoirie des défenseurs de Fabrizio Tirabassi, ancien officiel de la Secrétairerie d’État. (cath.ch/i-media/lb)

Affaire dite de l'immeuble de Londres, le procès dure depuis juillet 2021 © Timitrius/Flickr/CC BY-SA 2.0
7 octobre 2023 | 18:32
par I.MEDIA
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