L'ONU a notamment l'ambition d'éliminer la faim dans le monde d'ici 2030 | © UN Photos/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
Suisse

La faim, un scandale politique et économique

À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre 2025, Action de Carême (AdC) appelle la Suisse à agir enfin avec détermination pour mettre fin au scandale de la faim.

L’Oeuvre d’entraide catholique demande entre autres des réglementations plus strictes pour les entreprises transnationales, le respect des droits des paysans et la promotion de l’agroécologie comme voie durable vers la souveraineté alimentaire.

Aujourd’hui encore, beaucoup trop de personnes dans les pays du Sud s’endorment le ventre vide, déplore l’Action de Carême dans un communiqué. Qu’un tiers de la population mondiale souffre d’insécurité alimentaire est d’autant plus révoltant qu’il existe en réalité suffisamment de nourriture pour tout le monde, mais que son accès reste profondément inégal en raison de choix politiques et économiques ou des conditions climatiques.

Quelques progrès

La Journée mondiale de l’alimentation du 16 octobre rappelle que le droit à une alimentation suffisante et saine reste loin d’être une réalité pour des millions de personnes. Selon le dernier rapport de la FAO, 673 millions d’êtres humains souffrent toujours de la faim chronique et 2,6 milliards – soit 28 % de la population mondiale – connaissent une insécurité alimentaire modérée ou grave. Si certains progrès ont été enregistrés en Asie et en Amérique latine en 2024, la situation continue de se détériorer au Moyen-Orient et en Afrique, rendant l’objectif « Faim zéro » fixé par l’ONU pour 2030 de plus en plus difficile à atteindre.

La souveraineté alimentaire grâce à l’agroécologie

La faim n’est pas une fatalité, estime l’AdC. Elle résulte de choix politiques, économiques et sociaux qui favorisent un système alimentaire mondialisé, dépendant des marchés et vulnérable aux crises. Conflits armés, dérèglements climatiques, accaparement des terres, spéculation sur les prix et expansion de l’agro-industrie et de l’extractivisme privent des millions de personnes de leur droit fondamental à une alimentation adéquate.

Les populations les plus vulnérables, petits paysans, communautés autochtones, femmes et enfants, subissent de plein fouet ces injustices systémiques. Leur accès à la terre, aux semences, aux ressources naturelles et aux services de base est trop souvent limité. L’agriculture agroécologique constitue un remède efficace. Elle permet d’obtenir des aliments plus sains et en plus grande quantité, renforce la résilience face aux crises et favorise la souveraineté alimentaire.

La Suisse face à ses responsabilités

Du 20 au 24 octobre 2025, Genève accueillera une nouvelle session de négociations sur le Traité contraignant des Nations Unies relatif aux entreprises et aux droits humains. Ce processus, soutenu par de nombreux pays du Sud mais auquel la Suisse demeure, pour l’heure, cantonnée au rôle d’observatrice, est essentiel pour combler les vides juridiques existants et garantir l’accès à la justice aux victimes de violations des droits humains commises par des entreprises transnationales.

La Suisse a une responsabilité particulière, car elle accueille de nombreuses multinationales actives dans les domaines agroalimentaire et des matières premières. Pour l’AdC, un soutien plus clair aux négociations du traité serait à la fois urgent et bienvenu: il renforcerait la crédibilité de la politique étrangère suisse et montrerait son engagement en faveur des droits humains et du développement durable. La Suisse doit aussi veiller à ce que sa position soit conforme à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), à l’adoption de laquelle elle a contribué.

L’engagement d’Action de Carême: du local au global

Depuis plus de 60 ans, Action de Carême collabore avec des communautés rurales dans de nombreux pays du Sud pour promouvoir une agriculture qui respecte les personnes et l’environnement, et pour lutter contre la faim. L’organisation défend aussi les intérêts de ces communautés dans les instances internationales et plaide pour l’adoption de règles contraignantes garantissant que les entreprises transnationales respectent les droits humains, en particulier le droit à l’alimentation. (cath.ch/com/mp)

L'ONU a notamment l'ambition d'éliminer la faim dans le monde d'ici 2030 | © UN Photos/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
16 octobre 2025 | 13:57
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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