Lucerne: Anne-Marie Holenstein reçoit le doctorat d’honneur de la Faculté de théologie
La justice envers le Sud ne doit pas rester pas une formule vide
Lucerne, 30 septembre 2009 (Apic) «L’activité de Anne-Marie Holenstein est une raison d’espérer que la justice à l’égard des pays du Sud ne reste pas une formule vide». C’est ainsi que la Faculté de théologie de l’Université de Lucerne explique pourquoi elle va remettre le 1er octobre le doctorat d’honneur à cette spécialiste des questions de développement.
Agée de 71 ans, Anne-Marie Holenstein a grandi à Rorschach (SG) dans un milieu catholique. Elle vit actuellement à Zürich. Elle a accompli des études à l’école normale des enseignants, puis a étudié la germanistique et la romanistique. Elle a ensuite cherché un esprit d’ouverture dans l’Eglise en étudiant la théologie.
En 1969, après la fondation de la Déclaration de Berne, Anne-Marie Holenstein a été chargée d’en former le secrétariat central. Cette activité est tombée dans une phase où beaucoup de nouvelles idées se mettaient en place dans le domaine du développement, se rappelle-t-elle, interviewée par l’Apic: café issu du commerce équitable, jute à la place du plastique, liens entre famine et politique des pays industrialisés, alimentation et écologie. Aujourd’hui, beaucoup de consommatrices et consommateurs sont sensibilisés par ces thèmes, souligne-t-elle.
Cet éveil ne trouve pas ses origines dans les facultés de théologie, mais ce sont pourtant des théologiens qui ont participé à la fondation de la Déclaration de Berne. Ils ont exigé des changements dans les relations commerciales, l’arrêt de la course à l’armement et des changements politiques fondamentaux dans les relations entre la Suisse et les pays en voie de développement. En 1970, les responsables des Eglises ont lancé la Conférence Suisse – Tiers monde, qui s’est déroulée dans la salle du Conseil national à Berne, avec la participation de politiciens et de représentants des milieux économiques. «Des idées ouvrant des perspectives en matière de politique et de collaboration au développement sont apparues dans les discussions», se rappelle Anne-Marie Holenstein.
Directrice de l’Action de Carême
Celle-ci a également œuvré comme rédactrice de la première revue œcuménique «Schritte ins Offene». En plus, elle a abordé en tant que journaliste des thèmes en lien avec la collaboration au développement, l’éthique sociale et la justice en politique dans la presse écrite, à la radio et à la télévision. De 1995 à 2000, elle a été directrice de l’Action de Carême, puis présidente du conseil d’administration chez Claro Fairtrade AG. Anne-Marie Holenstein a également été responsable de projet à la Direction du Développement et de la Coopération (DDC), fonction qu’elle a quitté récemment.
«Le travail de collaboration au développement ne peut se permettre de faire disparaître la religion et la spiritualité», affirme-t-elle. Car «la religion et la spiritualité sont les sources de l’image du monde et de la vie. C’est pourquoi elles constituent d’importantes forces de construction politique et sociale. Elles peuvent développer la cohésion sociale, motiver des personnes et mettre en place d’importantes ressources sociales pour le développement». Elle reconnaît toutefois que «la religion et la spiritualité sont aussi des facteurs à risque lorsqu’elles sont utilisées en vue du pouvoir ou lorsque leurs représentants pratiquent eux-mêmes une politique du pouvoir».
La laudatio de l’Université de Lucerne présente Anne-Marie Holenstein comme «une précurseur originale et innovatrice» qui «ouvre de nouvelles possibilités de collaboration entre des institutions étatiques et privées dans la promotion de la collaboration au développement». Pour elle, le thème du développement est bien davantage qu’un job. «Le développement signifie libération. Car la religion libère, mais peut aussi réprimer. Le thème ’Développement et religion me fascine, justement en raison de sa contradiction».
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(apic/pem/bb)