Autour de l’évolution du couple et de la famille
La Longeraie: Session des prêtres et agents pastoraux laïcs vaudois
Morges, 7 février 1999 (APIC) L’approfondissement des enjeux théologiques et pastoraux de l’évolution du couple et de la famille dans la société actuelle était cette année le thème central de la Session pastorale de l’Eglise catholique en Pays de Vaud, organisée par le Centre vaudois de formation permanente (CVFP). Pour y réfléchir et dégager quelques pistes concrètes, près de 200 prêtres, diacres et agents pastoraux laïcs se sont rassemblés du 26 au 28 janvier et du 2 au 4 février au Centre de La Longeraie, à Morges, indique lundi le service d’information de l’Eglise catholique en pays de Vaud.
La thématique a été décortiquée en trois temps: approches sociologique et biblique, pratiques d’accueil et d’accompagnement, chemins pastoraux et spirituels. Parmi les principaux intervenants, on relèvera les noms du professeur Jean Kellerhals, du pasteur Daniel Marguerat, des conseillers conjugaux Brigitte de Werra et Jean-Yves Savoy et de l’abbé Claude Ducarroz. Leurs exposés ont séduit par leur réalisme. Ils ne contenaient pas de vérités toutes faites, mais une quantité d’exemples «de la vie de tous les jours», suscitant le dialogue et la réflexion. Si un maître-mot peut résumer cette double session pastorale, c’est bien celui d’échanges. Nombre de travaux de groupe et autres débats en plénum ont en effet révélé une multitude de pistes souvent communes et concrètes à développer, voire à améliorer.
Mieux accueillir
L’une d’elles a été sans conteste l’accueil. Toutes les remontées, chaque groupe confondu, ont mis en exergue cette réalité un peu «négligée» ou difficile à gérer. Par exemple: l’accueil avant le mariage, et toute la préparation que cela implique, l’accueil de l’Eglise ou encore le suivi des couples en difficulté. Force a été de constater qu’il n’existait pas de recettes miracles dans ce domaine. L’Eglise propose néanmoins différentes approches, destinées entre autres à informer ou à aider celles et ceux qui le désirent. Les mouvements, comme les «Equipes Notre-Dame», «Cana» ou «Vivre et aimer», en font notamment partie. Pour la question des consultations conjugales, Caritas-Vaud, le Centre social protestant et la Fondation Profa sont aussi à l’écoute des couples. «Nous sommes liés par le secret professionnel et nous respectons toujours les choix des consultants», a rassuré Brigitte de Werra. Et d’ajouter: «Nous ne manquons pas de travail, mais si vous connaissez un couple en difficulté, transmettez-lui notre adresse. Nous ferons tout pour éviter que ses problèmes ne s’aggravent». Enfin, «le prêtre demeure malgré tout un interlocuteur privilégié, a lancé à peine «agacé», dans les rangs du clergé, l’un des participants. Il est vrai que nous ne sommes pas mariés, mais c’est quand même l’une de nos missions régulières. Et nous avons suivi une formation complète pour cela».
Les divorcés-remariés
Le problème «se corse» en revanche, lorsqu’il s’agit d’accueillir des divorcés qui souhaitent se remarier. Au cours des nombreuses interpellations, il a souvent été répété que l’Eglise n’était pas assez souple, qu’elle n’offrait pas d’alternative, qu’elle devrait au moins faire un signe… Autant d’appels parfaitement entendus par Mgr Pierre Bürcher, évêque auxiliaire à Lausanne, qui a également «plaidé» en faveur d’un meilleur accueil «à l’endroit où les personnes se trouvent et non pas où nous voudrions qu’elles soient». Fortement sollicité, il a encore tenu à rappeler que l’Eglise pouvait tout à fait analyser si un premier mariage n’apparaissait pas comme étant une vraie union sacramentelle. «Dans ce cas, la nullité du mariage peut être prononcée. Ne parlez surtout pas d’annulation», a-t-il précisé.
La pastorale de Cana
Pour sa part, l’abbé Claude Ducarroz a essentiellement évoqué les enjeux théologiques et spirituels. A la lueur des nombreuses réflexions, glanées durant les échanges, il a posé quelques questions. «Quelle image d’Eglise donnons-nous? Est-elle la complice lucide du projet de vie des couples ou apparaît-elle comme moralisatrice, désespérée et désespérante?». S’inspirant de la pastorale de Cana, «qui est un texte matrimonial, eucharistique et ecclésial», il a vivement recommandé de faire réussir l’amour et le bonheur. «Nous devons accueillir chaleureusement les couples avec joie, non avec soupçon et cynisme, a-t-il confié. Nous devons créer un climat de confiance et de sincérité. Poser aussi un regard positif sur l’événement». Et d’ajouter: «Pensons encore aux obstacles nombreux qu’ils ont déjà franchi, avant de venir s’adresser à nous. Sachons donc nous remettre en question. Sachons par ailleurs oeuvrer en collaboration avec les laïcs. Enfin, lors du service après-vente, n’hésitons pas à répondre qu’aux «non» de Rome, il existe énormément de ’oui’».
Suivi de la session
La dernière partie de cette session a été consacrée à un énoncé des pistes découvertes et à une stimulation mutuelle pour inventer des pistes nouvelles. Par décanat, les quelque 200 prêtres, diacres et agents pastoraux laïcs ont ainsi réfléchi ensemble à la manière dont ils voulaient améliorer et coordonner la pastorale de la famille dans leur secteur. Parmi quelques décisions prises: des rendez-vous ont été fixés avec les animateurs du CVFP pour un suivi rapide et concret, des soirées ou journées portes-ouvertes ont été envisagées en vue des préparations au mariage, une meilleure information dans les dépliants réservés à cet effet et entre les décanats a été souhaitée, un développement de la qualité de l’accueil aux couples a souvent été évoqué, ainsi qu’une plus grande écoute lors des visites dans les familles.
Le message de l’évêque
Le message final a été apporté par Mgr Pierre Bürcher, qui a relevé la nécessité de l’esprit de fraternité et de miséricorde. «L’expérience pastorale nous a tous déjà amenés à être convaincus que la permissivité ne rend pas heureux, a-t-il constaté. N’ayons pas peur d’être aussi témoins de la vérité et de présenter en toute transparence les exigences de l’Evangile et des enseignements de l’Eglise qui est notre Mère».
A l’issue de cette session, les participants ont encore appris que, grâce à leur générosité, la collecte interne qu’ils avait effectuée en faveur des sinistrés du récent tremblement de terre en Colombie et d’enfants défavorisés au Brésil avait rapporté au total plus de 1’150 francs. L’argent a d’ores et déjà été transmis aux personnes concernées. (apic/jcz/pr)