Egypte: Indignation après le lynchage de musulmans chiites par une foule enragée

La majorité de la population choquée par la sauvagerie des islamistes

Le Caire, 25 juin 2013 (Apic) Le gouvernement islamiste du président Morsi, émanant des Frères musulmans, est sous le feu de sévères critiques au plan international, accusé de ne pas protéger les minorités religieuses en Egypte. Après les agressions contre les chrétiens, dont les dernières attaques avaient causé la mort de six morts coptes en avril dernier (*), c’est au tour de la minorité chiite d’être la cible des extrémistes salafistes.

Dimanche 23 juin, quatre fidèles chiites ont été lynchés et égorgés et de nombreux autres blessés par une foule hostile dans le village de Zawiyat Abou Moussallam, dans le gouvernorat de Guizeh, près du Caire, selon le site internet «ahramonline» (ahram.org.eg). Excitée par des cheikhs salafistes, la foule, aux cris de «Allah akbar» (Dieu est le plus grand), s’est ruée sur la maison d’un musulman chiite après avoir appris qu’un responsable religieux chiite, Hassan Shehata, s’y trouvait.

L’extrémistes religieux se répand en Egypte

La foule a mis à mort quatre personnes, dont Hassan Shehata et son frère, et ont traîné les corps dans la rue. Les participants au lynchage se sont dits «fiers» de leur acte, encouragés par l’ambiance propagée par les milieux salafistes. Depuis que la guerre a éclaté en Syrie, les extrémistes sunnites mènent une campagne haineuse contre les chiites, taxés par les cheikhs salafistes d’»immondices». Ces personnalités religieuses sunnites, qui appellent au «djihad» contre le régime syrien de Bachar al-Assad et de ses alliés chiites, ont demandé au président Mohamed Morsi de débarrasser l’Egypte de la «vermine chiite».

Des témoins accusent la police de n’avoir rien fait pour empêcher les émeutiers d’attaquer les familles chiites à Zawiyat Abou Moussallam. Les chiites, qui seraient près de 1% de la population, sont taxés d’»infidèles» par les musulmans sunnites.

Le procureur de Gizeh a émis un ordre d’arrestation contre 15 personnes impliquées dans cet acte de barbarie, qui a fait monter la tension entre la majorité sunnite et les minorités religieuses en Egypte.

Les chiites, non reconnus par le gouvernement, vilipendés par les islamistes

Responsable du «Courant chiite égyptien», Mohamed Ghoneim a vivement dénoncé les crimes commis contre sa communauté non reconnue par le gouvernement égyptien et vilipendée par les médias religieux. Il affirme sur «ahramonline» que ces attaques sont tolérées par les Frères musulmans pour plaire aux salafistes dans le but de gagner leur soutien avant la grande manifestation anti-Morsi prévue le 30 juin prochain. Mohamed Ghoneim déclarait en avril dernier sur «Al Ahram Hebdo» qu’il travaillait désormais à rassembler un dossier complet sur la cause chiite en Egypte avant de le présenter aux ambassades européennes dans l’espoir d’être pris en considération.

«Il est temps que les chiites soient respectés en Egypte». Depuis l’éclatement du «printemps arabe», ce courant religieux «est maintenant refusé par les autres courants islamiques, surtout wahhabite et salafiste».

L’ambassade des Etats-Unis au Caire, mais également le gouvernement iranien, ont dénoncé le «crime haineux» commis contre la population chiite et demandé que ses auteurs soient amenés devant la justice. L’association MARED (Egyptiens contre la discrimination religieuse), un groupe indépendant qui lutte contre le sectarisme religieux en Egypte, a dénoncé dans un communiqué le gouvernement Morsi pour avoir «ouvert la porte aux affrontements sectaires entre Egyptiens».

(*) L’attaque des fidèles coptes à la sortie de la cathédrale Saint-Marc d’Abbassia, au Caire, alors qu’ils participaient le 7 avril 2013 à la cérémonie d’adieu de quatre coptes tués la veille à Al-Khossousse, avait fait deux nouveaux morts et 90 blessés, selon un rapport du Ministère égyptien de l’Intérieur du 8 avril 2013. (apic/ahram/be)

25 juin 2013 | 11:17
par webmaster@kath.ch
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