Libye: Les fondamentalistes islamiques détruisent des mausolées soufis

La police regarde faire et le ministre de l’Intérieur démissionne

Tripoli, 27 août 2012 (Apic) Au lendemain de la destruction de plusieurs mausolées soufis commise par des extrémistes musulmans le 24 et 25 août 2012, le ministre libyen de l’Intérieur Fawzi Abd al Ali a donné démissionné. Il a essuyé dimanche 26 août les vives critiques de députés au Congrès général national (CGN) pour l’inaction de la police et son impuissance à protéger ces lieux de culte et de sépulture.

Le 25 août, au matin, un groupe de fondamentalistes islamiques a détruit au bulldozer le mausolée d’Al-Chaab al-Dahmani, à Tripoli, sans que les forces de police ne s’y opposent. Des salafistes ont également profané le tombeau du sage musulman, qui est un lieu de pèlerinage notamment pour les soufis.

Les soufis, accusés d’être des «koufars», des mécréants et des infidèles

Bien que les soufis – des mystiques de l’islam – affirment appartenir à l’islam, les musulmans traditionnels, sunnites et chiites, considère le soufisme avec la plus grande méfiance. Vendredi 24 août, à Zliten, ville côtière à 160 km à l’est de Tripoli, des extrémistes d’obédience salafiste ont détruit à l’explosif le mausolée du Cheikh Abdessalem al-Asmar, un théologien soufi du XVIe siècle.

Les fondamentalistes ont également attaqué une bibliothèque et une université portant le nom du cheikh al-Asmar. Ils ont encore détruit le mausolée du Cheikh Ahmed al-Zarrouk, à Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli.

Pratiques contraires au principe de l’unicité de Dieu

Les intégristes musulmans dénoncent le fait que ces saints soufis font l’objet de «vénération», alors que selon les préceptes fondamentaux de l’islam, «il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah et Mohammed est son messager». Ils accusent par conséquent les soufis d’idolâtrie et de pratiques contraires à l’unicité de Dieu. Ces musulmans d’obédience salafiste, qui font sentir leur influence un peu partout en Afrique du Nord et au Moyen-Orient depuis l’éclatement du «printemps arabe», ont mené de telles attaques au Mali et en Egypte. Les salafistes qualifient les soufis de «koufars», mécréants et infidèles.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, la Libye fait face à une vague d’attentats contre les sépultures appartenant à divers courants de l’islam considérés comme non orthodoxes. (apic/com/be)

27 août 2012 | 13:44
par webmaster@kath.ch
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