La présidente hongroise démissionne

La présidente de la Hongrie, Katalin Novák, a annoncé sa démission le 10 février 2024. Une crise politique agitait le pays depuis la révélation de la grâce qu’elle avait accordée à un condamné impliqué dans une affaire de pédocriminalité, à l’occasion de la venue du pape François à Budapest en avril 2023.

Parmi plusieurs grâces accordées par la présidente à l’occasion de la visite du pape François figurait celle de l’ancien directeur adjoint d’un foyer pour enfants condamné en 2022 à plus de trois ans de prison pour avoir couvert les agissements pédocriminels de son supérieur, condamné pour des abus sur dix jeunes garçons. Cet adjoint avait forcé l’un des adolescents victimes à rédiger une fausse lettre de rétractation, en le menaçant, dans le cas contraire, de le séparer de son cousin.

Depuis la révélation de l’affaire par un site d’investigation, les critiques de l’opposition avaient fragilisé l’image de la présidente, qui avait fait de la protection de l’enfance un axe central de son action politique. Des milliers de manifestants s’étaient rassemblés le 9 février 2024 à Budapest, au cri de « Non à la pédophilie ». La manifestation avait commencé par une minute de silence pour les victimes, dont l’une s’est suicidée.

Dans ce contexte de crise, le Premier ministre Viktor Orbán a annoncé un projet de révision de la Constitution pour empêcher la grâce de prisonniers condamnés dans des affaires de pédocriminalité. Cette annonce n’a pas empêché les critiques de s’amplifier à l’encontre des personnes impliquées dans cette grâce. Ainsi, l’ancienne ministre de la Justice Judit Varga, qui devait conduire la liste de la droite hongroise aux prochaines élections européennes, a été contrainte d’annoncer son retrait de la vie publique.

Dans une allocution télévisée, la présidente Katalin Novák a formellement renoncé à son poste avec effet immédiat, reconnaissant avoir commis «une erreur». «Je m’excuse auprès de ceux que j’ai blessés et de toutes les victimes qui ont pu avoir l’impression que je ne les soutenais pas. Je suis, j’étais, et je resterai en faveur de la protection des enfants et des familles», a-t-elle ajouté.

La présidente démissionnaire Katalin Novák, dont les prérogatives se limitaient à un rôle de représentation internationale et de pivot institutionnel, est une proche du Premier ministre Viktor Orbán, qui exerce l’essentiel du pouvoir exécutif dans ce pays d’Europe centrale. Après avoir été ministre de la Famille de 2020 et 2021, elle avait été élue à la présidence le 10 mars 2022. Son mandat a notamment été marqué par ses visites en Pologne et en Ukraine, qui avaient permis de nuancer la perception habituelle de la Hongrie comme d’un pays allié de la Russie.

Moins clivante que Viktor Orbán, elle incarnait une ligne pro-vie et pro-famille qui avait contribué au rapprochement opéré entre le Saint-Siège et la Hongrie. Très impliquée dans la visite du pape François en avril 2023, elle l’avait rencontré au Vatican à deux reprises en audience officielle, le 25 août 2022 et le 25 août 2023. Elle était également venue aux obsèques de Benoît XVI, le 5 janvier 2023. (cath.ch/imedia/cd/mp)