La Mission Intérieure soutient aussi des projets pastoraux

La quête du Jeûne fédéral de la Mission Intérieure (MI) destinée à financer des projets pastoraux – cette année le dimanche 18 septembre – est moins bien connue en Suisse romande que la traditionnelle quête de l’Epiphanie du mois de janvier. Elle est pourtant importante pour soutenir l’activité de paroisses, mouvements et diocèses.

 Jacques Berset pour cath.ch

Les montants collectés lors de la quête du Jeune fédéral sont reversés à des institutions ecclésiales à tous les niveaux en Suisse et à des communautés locales dans le besoin, afin qu’elles puissent développer leurs projets pastoraux, souligne Urban Fink-Wagner, directeur de la MI, basée à Zofingue (AG). 

«La foi chrétienne est rendue plus visible»

Ce sont 50 projets pastoraux qui peuvent être soutenus dans toute la Suisse. «Grâce à ces projets innovants et créatifs, la foi chrétienne est rendue plus visible et proposée aux gens dans de nombreux endroits de notre pays», lance le directeur de la MI.

La Fête fédérale d’action de grâce, (plus communément appelée Jeûne fédéral) invite les fidèles à rendre grâce, à prier et à réfléchir, mais aussi à faire preuve de solidarité en faveur des personnes et des institutions dans le besoin. Cette solidarité trouve son expression au sein de l’Église catholique de Suisse dans la quête promue par la Mission Intérieure. La MI consacre ainsi 600’000 francs en 2022 à des projets pastoraux d’institutions ecclésiales en Suisse. 

Des situations financières très différentes

Les paroisses et institutions ecclésiales de Suisse ont des situations financières très différentes, selon les cantons et les régions, si bien que les plus pauvres d’entre elles n’ont pas les moyens de réaliser tous leurs projets pastoraux. Divers mouvements ecclésiaux ont également besoin de soutien.

La MI soutient aussi le travail de Thévenaz Gygax, la nouvelle représentante pour l’écologie du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). Le service d’écoute et de délivrance spirituelle (SEDES) du diocèse de LGF, qui a pour mission spécifique de travailler «à la délivrance des personnes devenues victimes des puissances du mal» reçoit un subside. La «Permanence-accueil» à la paroisse de Payerne, un partenariat entre Caritas Vaud et le Département solidarités de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud, bénéficie également de la collecte du Jeûne fédéral, ainsi que l’émission religieuse de Radio Fribourg, «Coin de Ciel». 

Cette année, à titre d’exemple, la MI accorde un soutien financier pour le Festival Metanoia qui s’est tenu du 11 au 17 juillet sur les terres de St-Maurice. Metanoia proposait une semaine de spectacles, concerts, conférences, ateliers sportifs ou artistiques, messes et veillées de prière.

Elle accorde également un subside à la CECAR, la Commission Ecoute-Conciliation-Arbitrage-Réparation (CECAR) qui, outre l’accompagnement auprès des victimes d’abus sexuels en contexte ecclésial, effectue un travail de sensibilisation et de communication sur les abus sexuels commis en Eglise.

Genève et Neuchâtel: séparation stricte de l’Eglise et de l’Etat

Dans les cantons de Neuchâtel et Genève, en raison de la séparation Eglise-Etat, le paiement de l’impôt ecclésiastique est facultatif. Ce qui restreint certaines activités. Globalement, le financement des Eglises est relativement homogène en Suisse alémanique, où les cantons connaissent l’impôt ecclésiastique obligatoire, alors qu’il est très hétérogène en Suisse romande, relève le directeur de la MI.

Le «pèlerinage à pied» 2022 des jeunes de Genève, en juillet dernier, a bénéficié d’un soutien. Toujours à Genève, la MI attribue un subside à la Pastorale familiale de Genève pour le «Parcours Revivre» après une séparation ou un divorce. Dans le même canton, des projets de «retraites spirituelles dans le quotidien» sont cofinancés, ainsi que la Pastorale des Milieux Ouverts pour un projet d’accès à la justice.

A Neuchâtel, le Festival des Familles, les 25 et 26 juin derniers, organisé par la Pastorale de la famille sur le thème «L’amour familial: vocation et chemin de sainteté», reçoit une contribution remarquable.

La Mission Intérieure soutient divers projets pastoraux dans le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg à hauteur de près de 150’000 francs. 

Pastorale des paroisses de montagne

Au Tessin, la MI intervient en faveur de la pastorale des paroisses de montagne, pour un montant de 100’000 francs, tandis qu’elle subsidie la chapellenie Rigi Klösterli, lieu de pèlerinage dans le canton de Schwyz, qui est une fondation.

A Saint-Gall, la MI soutient la Fazenda da Esperanza, installé dans une maison de l’ancien couvent de capucines de Sainte Marie des Anges à Wattwil, dans le Toggenburg. La communauté, un centre de réhabilitation d’anciens toxicomanes s’inspirant du charisme de saint François et de la spiritualité du Mouvement des Focolari, leur permet un «retour à la vie» et s’occupe d’un centre spirituel ouvert dans le monastère historique.

Dans ce même canton, la MI subsidie un projet du Service «mariage et famille», ainsi que la fondation de la chapelle de la Visitation de Marie, au Plattenbödeli, dans l’Alpstein, et la chapelle de Schwägalp. La Mission Intérieure soutient quatre prêtres dont la pension est trop faible ou qui sont atteints dans leur santé. 

Situation critique dans le diocèse de Sion

Pour le diocèse de Sion, la Mission Intérieure est devenue plus réticente à financer les services pastoraux du diocèse parce que le produit de la collecte du Jeûne fédéral a diminué et les paroisses valaisannes ne donnent rien à l’évêché. Les demandes sont multiples, qui vont de la pastorale de la jeunesse du Haut-Valais et du Bas-Valais, au bureau spécialisé de catéchèse à Viège, au Service diocésain de catéchèse.

Urban Fink-Wagner relève qu’en Valais, faute d’impôt ecclésiastique – les corporations ecclésiastiques n’existent pas -, l’évêché dépend beaucoup de la Quête diocésaine de la Toussaint et des subsides versés par l’Etat du Valais, mais cela ne couvre pas les frais engagés par l’évêché en faveur des paroisses et de l’aumônerie régionale et diocésaine.

Alors que dans d’autres diocèses, chaque paroisse ou corporation ecclésiastique verse une contribution par catholique au diocèse, en Valais, aucun argent n’est versé par les paroisses au diocèse de Sion. Il est donc nécessaire que les paroisses valaisannes soutiennent financièrement l’évêché de Sion à l’avenir.

La Mission Intérieure soutient cette année des projets pastoraux régionaux et suprarégionaux dans le diocèse de Sion à hauteur de 180’000 francs. 

«Suites du COVID 19»

En 2021, les dons privés ont partiellement compensé le mauvais résultat des quêtes, durement affectés par la pandémie du COVID 19 ainsi que le versement des collectivités ecclésiastiques. Mais il a fallu encore puiser dans la fortune de l’association pour assurer les versements de tous les projets approuvés. «Jusqu’à quand pourra-t-on le faire?», se demande Urban Fink-Wagner, qui veut mettre davantage l’accent sur les dons de particuliers, les collectes paroissiales étant en net recul. La MI vise dans ce but le label de qualité Zewo, mais qui requiert une certification exigeante. (cath.ch/be)

La Mission Intérieure
L’œuvre d’entraide catholique de la Mission Intérieure a été fondée en 1863 dans le but de collecter des fonds dans les cantons restés catholiques après la Réforme afin de soutenir la diaspora catholique vivant dans les régions protestantes de Suisse. Depuis une bonne cinquantaine d’années, le centre de gravité du soutien s’est déplacé vers la Suisse romande, le Tessin et les régions de montagne, car les communautés catholiques la diaspora suisse alémanique, autrefois pauvres, sont aujourd’hui financièrement autonomes grâce aux communes ecclésiastiques et aux corporations ecclésiastiques cantonales qui perçoivent un impôt ecclésiastique. JB