Le cardinal Oscar Maradiaga coordonne le Conseil des cardinaux (Photo: Christoph Müller-Girod/Flickr/CC BY 2.0)
Vatican

La réforme de la curie est une application de Vatican II

« Sans connaître le Concile Vatican II, il est impossible de comprendre la logique de cette réforme », a expliqué le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa (Honduras) lors d’une conférence au Vatican le 5 mai 2022. Le coordinateur du Conseil des cardinaux a présenté son livre intitulé en espagnol Praedicate Evangelium, una nueva curia para un tempo nuevo, (Une nouvelle curie pour un temps nouveau), publié par les Publicaciones claretianas.

Le cardinal hondurien, qui aura 80 ans en décembre prochain et demeure l’une des figures clés de l’Église catholique en Amérique latine, a expliqué que cette Constitution marque l’aboutissement d’une partie de « la réforme initiée le premier jour du pontificat lorsque le pape a décidé de rester à Sainte-Marthe » et de renoncer aux appartements pontificaux. Cette nouvelle « Loi fondamentale pour la Curie romaine » répond aux demandes exprimées par les cardinaux lors des réunions préalables au conclave, qui avaient fait émerger le besoin d’une relation plus collégiale entre Rome et les conférences épiscopales, a rappelé le cardinal Maradiaga.

Il ne s’agit pas seulement d’un « texte canonique », mais d’un document qui manifeste la « finalité de l’Église »: « évangéliser, annoncer l’Évangile ». La prise en charge par le pape en personne du nouveau Dicastère pour l’évangélisation montre bien l’importance de la dimension missionnaire. Ce choix montre que le pape est « le premier évangélisateur », a insisté le cardinal hondurien.

« La réforme concerne l’ensemble du peuple de Dieu », a-t-il insisté, en précisant que ce travail de neuf années a été mené dans un esprit de « synodalité », ce qui signifie une « écoute mutuelle » et une prise en compte des voix critiques et contradictoires, qui font partie de « la vie normale de l’Église ». Il a rappelé que les verbes « voir, écouter, agir » furent au centre du rassemblement des évêques latino-américains à Medellin en 1968 et constituent une méthode valable pour aujourd’hui.

Cette nouvelle Constitution traduit aussi une réforme « économique et structurelle » qui va dans « le sens de la transparence », avec la présence d’un véritable ministère des finances (le Secrétariat pour l’économie) et l’application des règles de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe sur la traçabilité financière. Cette dimension a pu se développer grâce aux échanges avec Moneyval, le Comité d’experts sur l’évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.  

Une réforme appelée à se poursuivre

Le Père Fernando Prado, religieux clarétain espagnol et co-auteur du livre, a expliqué que cette Constitution apostolique représente un « changement de style » mais manifeste aussi « une herméneutique de la continuité », selon le terme cher à Benoît XVI. Elle traduit la dimension d’une « Église qui chemine et qui sert », dans une dynamique de « réforme permanente qui n’est pas une rupture avec le passé ».

Le cardinal Maradiaga a précisé que le Conseil des cardinaux poursuivra ses travaux même si la nouvelle Constitution ne mentionne pas cet organe, car il ne fait pas partie de la Curie à proprement parler. Ce Conseil est un outil de représentation du Collège des cardinaux, qui sont les conseillers et les électeurs du pape.

Parmi les questions qui demeurent en réflexion figurent notamment le statut du pape émérite, et l’évolution de la mission des nonces apostoliques : une ouverture de cette charge de représentation pontificale à des laïcs, hommes ou femmes, n’est pas exclue. La refonte globale du Code de droit canonique, déjà modifié par petites touches ces dernières années, sera aussi un chantier important dans l’avenir. (cath.ch/imedia/cv/mp)

Le cardinal Oscar Maradiaga coordonne le Conseil des cardinaux
6 mai 2022 | 12:07
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 2 min.
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