Selon une enquête américaine, la participation à des activités religieuses seraient bénéfique pour le moral | © Comrade King/Flickr/CC BY-SA 2.0
International

La religion rend-elle plus heureux?

Pratiquer une religion rend-il plus heureux? Une vaste étude internationale réalisée par l’institut de sondage américain Pew Research Center tend à répondre ‘oui’.

Si vous chantez le dimanche du gospel au culte, que vous communiez à la messe ou que vous priez chaque vendredi à la mosquée, vous avez plus de chance d’être heureux et engagé civiquement. Pas forcément, par contre, en meilleure santé. C’est, en grossissant le trait, ce qu’affirme le Pew Research Center dans les résultats de son étude publiée le 31 janvier 2019.

35 pays examinés

Le centre de recherche basé à Washington fournit depuis 2004 un grand nombre de statistiques et informations sociales, en particulier en rapport à la religion. Si son travail concerne généralement les Etats-Unis, l’institut a voulu, avec l’enquête «Les relations entre la religion et le bonheur, l’engagement civique, l’état de santé» rendre une vision globale et internationalisée de ces questions. Les recherches ont ainsi été menées dans plus de 35 pays en tout, dont la Suisse. Nation qui n’a cependant été prise en compte que dans les sondages étudiant le lien entre le comportement religieux et l’état de santé.

Pratiquants et «très heureux»

Le premier et sans doute le plus déterminant des neuf sondages s’est efforcé de déterminer la proportion de personnes se déclarant «très heureuses» parmi les trois catégories de répondants identifiés comme «membres actifs d’une communauté religieuse», «membre non actif d’une communauté religieuse» ou «personne non affiliée à une communauté religieuse». Dans 20 des 26 pays couverts par ce sondage, la proportion de personnes «très heureuses» est ainsi la plus forte dans la catégorie des «membres actifs d’une communauté religieuse».

Dans six pays seulement la proportion de personnes à la fois «très heureuses» et religieusement actives est inférieure à l’une des deux autres catégories: l’Equateur, l’Afrique du Sud, Hong Kong, la Slovénie, l’Espagne et la Biélorussie. Dans ces pays, le «taux de bonheur» des pratiquants reste toutefois proche de celui des non-pratiquants et des sans religion. L’écart le plus perceptible concerne l’Equateur, où 62% des sans religion se sont déclarés «très heureux», contre 56% des pratiquants.

«90% des personnes religieusement actives en Suisse sont non-fumeuses»

Le Mexique est le pays où les personnes pratiquantes semblent avoir le meilleur moral. 71% des personnes religieusement actives s’y sont déclarées «très heureuses». L’écart le plus important entre les trois catégories de personnes se trouve en Australie, où 45% des pratiquants sont «très heureux» et respectivement 32 et 33% des inactifs et des sans confession.

Eglise, cigarettes et obésité

Au-delà du sentiment de bonheur, l’étude s’est penchée sur les relations entre pratique religieuse et santé. Elle révèle ainsi que les pratiquants sont moins portés que les autres sur la bouteille et la cigarette. C’est le cas en Suisse, où seulement 4% des religieusement actifs ont déclaré boire de l’alcool plusieurs fois par semaine contre 7% des Helvètes non pratiquants et sans confession. 90% des personnes religieusement actives en Suisse sont en outre non-fumeuses, contre 77% des inactifs et 68% des non affiliés.

Les pratiquants ne seraient néanmoins pas en meilleure santé en termes de fréquence d’activité physique et d’obésité. Dans la plupart des pays, les personnes actives religieusement ne se déclarent pas non plus en meilleure santé que les autres. Des données globalement insuffisantes, selon le Pew Research Center, pour constater un lien de cause à effet entre santé et pratique religieuse.

Le vote après la prière

S’agissant de la participation civique, les résultats sont plus significatifs: dans l’ensemble, les personnes pratiquantes sont également plus susceptibles d’être actives au sein de groupes bénévoles et communautaires. Le Pew Research Center note que cela concorde avec des études antérieures menées aux États-Unis.

Dans ce pays, 58% des adultes pratiquants affirment être également actifs dans au moins un autre type d’organisation bénévole (non religieuse), dont des organisations caritatives, des clubs sportifs ou des syndicats. 51% des non pratiquants et 39 % des sans religion utilisent leur temps libre pour de telles activités.

Dans la moitié des pays étudiés, les personnes religieusement actives sont également plus susceptibles que les sans confession de voter aux élections nationales. Les écarts sont significatifs dans certains pays, comme en Espagne, où 83% des pratiquants votent régulièrement, contre 53% des non affiliés.

Pas de conclusion hâtive

Le Pew Research Center reste finalement prudent sur l’interprétation des données de cette enquête. «La nature exacte des liens entre la participation religieuse, le bonheur, l’engagement civique et la santé n’est pas claire et doit être encore étudiée», note l’institut de sondage. Bien que les statistiques montrent des liens entre l’activité religieuse et certaines mesures du bien-être, cela ne prouve pas qu’elle est directement responsable de l’amélioration de la vie des gens. «Il est probable que certaines personnes aient tendance à être actives dans de multiples formes d’activités (laïques et religieuses), dont beaucoup peuvent apporter des avantages physiques ou psychologiques», indiquent les chercheurs. Avant de crier sur tous les toits que la religion fait le bonheur, il y a donc encore un pas. (cath.ch/com/ag/rz)

 

 

Selon une enquête américaine, la participation à des activités religieuses seraient bénéfique pour le moral | © Comrade King/Flickr/CC BY-SA 2.0
25 février 2019 | 16:58
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
psychologie (7), Religion (31), Science (46)
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