La sauvegarde de la création, «une question éminemment théologique»
«Un pouvoir incontrôlé engendre des monstres et se retourne contre nous-mêmes», affirme le pape François dans son message pour la Journée de prière pour la sauvegarde de la Création, présenté ce 27 juin 2024. Le pontife met en garde contre «l’idolâtrie» dont témoigne l’idée de toute-puissance de l’homme sur la nature.
La Journée de prière pour la sauvegarde de la Création est célébrée le 1er septembre. Elle a été instituée par le patriarcat de Constantinople en 1989, et adoptée par l’Église catholique en 2015, quelques semaines seulement après la publication de Laudato si’, l’encyclique du pape François sur l’écologie intégrale.
Dans un texte plus récent, Laudate Deum (2023), le pape François a vivement déploré l’opposition de certains chrétiens au message de l’Église sur l’environnement. Dans son message qu’il a choisi d’adresser pour l’année 2024, le pape François insiste sur le fait que la question de la sauvegarde de la création n’est pas seulement éthique, mais en premier lieu «une question éminemment théologique».
Les créatures non humaines «solidaires de la condition humaine»
La protection de la nature, affirme-t-il, trouve ses fondations dans l’espérance chrétienne, celle de la résurrection, qui nourrit la foi du chrétien. Cette dernière est un don, mais aussi une «mission», qui doit pousser le chrétien à voir les «profondeurs de la douleur du monde». Cette souffrance, insiste le pape, ne concerne pas seulement les humains, mais «l’univers entier, la nature même, l’oikos de l’homme, son milieu de vie». Le monde «devrait être un lieu de joie et une promesse de bonheur pour tous», souligne-t-il. Mais il se retrouve au contraire uni dans un même «gémissement», un cri de douleur adressé à Dieu pour lui demander une «libération», celle du Salut promis par le Christ.
Cette unité dans la souffrance comme dans l’espérance, poursuit le pape, fait que toutes les créatures non humaines se retrouvent «solidaires de la condition humaine». Ces forces de la nature sont soumises à la «dissolution et à la mort», des conditions qui sont en plus «aggravées par les abus de l’homme sur la nature».
Le Salut, espérance pour la Création
Dans l’attente de la «parousie», c’est-à-dire de la révélation du divin lors de la fin des temps, les chrétiens sont appelés «à la conversion des styles de vie, à résister à la dégradation de l’environnement par l’homme, et à manifester cette critique sociale qui est avant tout un témoignage de la possibilité de changer». Il s’agit, insiste le pontife, de passer de «l’arrogance» de ceux qui veulent dominer une nature «réduite à un objet à manipuler» à «l’humilité» de celui qui prend soin des autres et de la création. «Le salut de l’homme dans le Christ est une espérance sûre pour la création», affirme-t-il.
L’anthropocentrisme chrétien, souligne le pape François, considère que la «terre est confiée à l’homme, mais appartient à Dieu». «Par conséquent, prétendre posséder et dominer la nature, la manipuler à volonté est une forme d’idolâtrie», prévient-il. «C’est l’homme prométhéen, ivre de son pouvoir technocratique qui, avec arrogance, met la terre en état de ›dis-grâce’, c’est-à-dire privée de la grâce de Dieu.»
«Un pouvoir incontrôlé engendre des monstres et se retourne contre nous-mêmes», affirme enfin le pape. Il milite à cette occasion une nouvelle fois pour l’établissement de limites éthiques à l’intelligence artificielle, qui risque de devenir un instrument de «domination sur l’homme et sur la nature».
Le pape pourra jouer à ‘La Fresque du Climat’
En marge de l’audience générale du 26 juin 2024, deux Français engagés dans la préservation de l’environnement ont remis au pape François le jeu de cartes de ‘La Fresque du Climat‘. Sur la place Saint-Pierre, Cédric Ringenbach et Boutaïna Araki ont rencontré brièvement le pape François pour lui délivrer un message et un jeu de cartes, à l’issue de l’audience générale qui a lieu devant plusieurs milliers de personnes. «L’objectif était de proposer notre aide à l’Église pour sensibiliser les fidèles aux questions du changement climatique», explique Cédric Ringenbach à l’agence IMEDIA. Le Français a eu le temps de glisser quelques mots au pape François en italien. «C’était important d’entendre son encouragement. Il nous a répondu: ‘Avanti!’.»
Lancés en 2015, ces ateliers de ‘La Fresque du Climat’ ont déjà touché près de 1,7 million de personnes. Quelque 70’000 animateurs portent ce projet dans plus de 100 pays. «Le pape avait l’air de connaître», raconte Cédric Ringenbach. Il veut profiter de son passage à Rome pour nouer des relations avec des entités de la Curie et essaimer au maximum le message des ‘fresqueurs’.
Le fondateur de l’association reconnaît volontiers la force du réseau de l’Église catholique, à travers ses paroisses et diocèses. «Un de nos objectifs serait que les évêques de France puissent participer à un atelier.» (cath.ch/imedia/





