La situation actuelle est «une bombe à retardement»

Caritas Fribourg tire la sonnette d’alarme sur la crise du logement

Fribourg, 19 avril 2013 (Apic) «Situation préoccupante», «Bombe à retardement», «Parcours du combattant», «Pas de logement, même après 40 demandes»: dans son numéro d’avril 2013, le magazine Caritas.mag tire un constat alarmant sur la crise du logement dans le canton de Fribourg. Dans les centres, il reste essentiellement des appartements de haut standing, presque plus rien pour les revenus modestes et encore moins pour les personnes qui ont des poursuites, relève Nicolas von Muhlenen Carrel, assistant social à Caritas Fribourg.

Même si la crise du logement n’atteint pas les mêmes proportions que sur l’Arc lémanique, il arrive fréquemment que des personnes recherchent un appartement depuis plusieurs mois. «Elles ont déposé leur dossier auprès des régies sans obtenir aucune réponse positive, restant ainsi en situation de précarité», affirme Nicolas von Muhlenen Carrel.

Joëlle Renevey, responsable du Service de gestion de dettes et désendettement, dénonce les bureaux d’encaissement qui font pression sur les personnes endettées. «Apeurées, elles changent de priorité de paiement pour pouvoir rembourser les créanciers les plus menaçants. Les loyers ne sont alors plus payés, sans qu’elles se rendent compte des conséquences», souligne-t-elle, en prévenant que dans nos régions, on expulse hiver comme été, «même si c’est une famille!»

Dans ce contexte, Caritas Fribourg fait tout pour éviter la perte de l’appartement. «Caritas prend contact avec le propriétaire ou la régie pour suspendre la procédure de résiliation ou d’expulsion, si possible l’annuler, et proposer un arrangement de paiement réaliste pour le locataire», indique dans Caritas.mag Caroline Vannay, assistante sociale. Mais parfois, les propositions d’arrangement arrivent trop tard, quand les négociations ne sont plus possibles ou parce que certains propriétaires ou régies refusent de discuter.

Manque de logements à loyer modéré

Le Service social régional de la Gruyère, sis à Bulle, a traité quelque 1’200 dossiers, dont 800 financiers, en 2012. Dans un district dynamique qui approche les 50’000 habitants, la cherté des loyers devient problématique, relève André Sallin, responsable de ce service qui emploie neuf assistants sociaux. «Outre les prix élevés, il y a le manque de logements à loyer modéré de 2 ou 3 pièces. Sans parler du refus de certaines régies de louer à des personnes à l’aide sociale», relève-t-il dans Caritas.mag. Très présente en Gruyère, la régie Foncia propose le «Passe location», qui offre des garanties aux propriétaires d’immeubles. «Malgré toutes ces précautions, il y a des cas où l’on ne trouve pas de logement, même après 40 demandes. Et même s’il y a des appartements vides», déplore André Sallin. Parfois, pour décrocher un contrat de bail, il ne reste au locataire que la solution de signer un «Contrat Privilège», avec à la clef une somme de quelques centaines de francs à débourser, en plus des frais d’établissement du dossier.

En raison de la pénurie de logement, le Service social régional de la Gruyère a dû augmenter les normes pour les personnes assistées de 100 francs par mois pour 2013. Il est même parfois contraint d’accepter des exceptions aux normes, notamment pour pouvoir loger des femmes seules ou divorcées avec enfants. «On n’a pas le choix», affirme le responsable du service.

Rapport sur la pauvreté dans le canton de Fribourg

François Mollard, chef du Service de l’action sociale du canton de Fribourg salue le travail des oeuvres d’entraide comme Caritas et l’apport de la solidarité familiale et de proximité. Il reconnaît cependant que la situation actuelle du logement constitue «une bombe à retardement». Il compte sur le Rapport sur la pauvreté dans le canton de Fribourg, attendu dans un ou deux ans, pour «envisager des solutions».

Selon lui, l’accès au logement est «un problème plus que jamais d’actualité dans notre canton, qui touche chaque famille, chaque citoyen et citoyenne, et pas seulement les personnes aidées par les services sociaux». Il constate aussi que «la pénurie fait logiquement augmenter le coût de l’aide sociale dans le canton». (apic/caritas/bb)

19 avril 2013 | 16:39
par webmaster@kath.ch
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