Suisse : Les Eglises demandent pardon aux victimes de mesures de coercition à des fins d’assistance

La vérité des souffrances doit être exprimée

Berne, 12 avril 2013 (Apic) Pour Mgr Markus Büchel, président de la Conférence des évêques suisses, la vérité sur la souffrance des ‘enfants placés à fin d’assistance’ en Suisse jusque dans les années 1970 doit être exprimée. L’évêque de St-Gall a pris la parole au nom des Eglises suisses le 11 avril 2013 à Berne lors de la commémoration pour les victimes organisée par le Département fédéral de Justice et Police. Il a demandé pardon pour les injustices les délits et parfois même les crimes commis par les Eglises et leurs représentants.

Des centaines d’anciens enfants placés de force et d’autres victimes de mesures de coercition à des fins d’assistance ont pris part à la commémoration à Berne. La Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a demandé pardon, au nom du Conseil fédéral, pour les souffrances infligées. Selon elle, la cérémonie de commémoration doit marquer le point de départ d’un travail historique approfondi sur cette page difficile de l’histoire du pays.

Jusque dans les années 1970, des enfants et des jeunes ont été placés d’office, sans leur consentement, dans des foyers, souvent tenus par des congrégations religieuses, ou dans des exploitations agricoles. Parce qu’ils étaient pauvres, qu’ils étaient nés hors mariage, qu’ils connaissaient des situations familiales difficiles, parce qu’ils étaient turbulents ou récalcitrants. Ces enfants placés de force ont été exploités dans des fermes ou maltraités physiquement et psychiquement dans des foyers et des centres de redressement.

Dans les cas les plus graves d’autres ont été internés dans des établissements psychiatriques ou des prisons, sans possibilité de s’opposer juridiquement à ces mesures. Des cas de stérilisation forcée et d’avortements sont aussi avérés. Parfois des enfants ont été retirés de force à leurs parents pour être donnés à l’adoption. Pour un grand nombre de personnes le traumatisme occasionné par ces placements continue de les marquer aujourd’hui.

Une situation qui fait honte

«Le motif de la manifestation d’aujourd’hui est douloureux et me fait honte, a relevé Mgr Büchel. Il ne m’est pas facile de vous parler, face aux actes de violence et aux abus sexuels dont nous avons maintenant connaissance et qui concernent aussi des foyers et écoles relevant des Églises. Les injustices et les délits commis – et jusqu’à des crimes – sont un lourd fardeau pour les Églises.»

Le président de la Conférence des évêques a tenu à saluer en particulier les victimes présentes. «Il vous a fallu beaucoup de force et de courage pour venir jusqu’ici. Nous n’aurions pas pu nous rencontrer si des personnes concernées n’avaient pas brisé le silence dissimulateur. Beaucoup trop longtemps, les victimes n’ont trouvé qu’une écoute trop faible.»

Les abus commis ne sauraient être couverts par des arguments comme «autrefois, tout était différent» ou «un peu de fermeté n’a jamais nui à personne», a souligné le représentant des Eglises. «Nous devons nous demander avec franchise comment ces injustices et ces crimes ont pu avoir lieu dans des institutions relevant des Églises ou d’autres responsables. Pourquoi tant de gens ont-ils détourné les yeux ? Pourquoi la charité et l’engagement en faveur des plus faibles n’ont-ils que trop rarement joué un rôle, resté le plus souvent secondaire, de surcroît ?»

Il n’est pas bon qu’un tort subi reste tu

«Il n’est pas bon qu’un tort subi reste tu, qu’il ne soit pas assumé et pèse sur notre société par absence de réconciliation. Surtout quand «nous les Églises ne cessons de nous référer à la parole de Jésus : ‘Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait’», a expliqué Mgr Büchel avant de demander pardon aux victimes pour le tort causé.

Il a enfin assuré que «plus jamais nous ne devons, nous, Églises, permettre que des auteurs de crimes n’en répondent pas devant la loi.» (apic/com/mp)

12 avril 2013 | 17:23
par webmaster@kath.ch
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