L'Afrique contre l'extrémisme religieux

Les Etats d’Afrique au Sud du Sahara pays ont réaffirmé leur préoccupation face à l’extrémisme religieux violent et ses conséquences. Ils ont dénoncé, le 13 novembre 2017, l’usage de la religion à des fins de propagande lors du Forum annuel de Dakar, au Sénégal, sur la paix et la sécurité.

Quelque 750 délégués de pays africains de l’Union africaine, ainsi que des experts militaires, des diplomates, des chefs religieux, des membres de la société civile ont assisté au Forum de Dakar sur le thème: «Défis sécuritaires actuels en Afrique: pour des solutions intégrées». L’événement était coprésidé par les présidents Macky Sall du Sénégal, Ibrahim Boubacar Keïta du mali, et Paul Kagame du Rwanda,

L’éducation contre l’extrémisme

Macky Sall, président hôte a déclaré qu’il faut poursuivre «sans relâche, la bataille contre les défis sécuritaires par l’éducation, la formation, l’emploi et le développement inclusif». «C’est un impératif de premier ordre, parce que la pauvreté, l’ignorance et l’absence de perspectives d’une vie meilleure font le lit de la marginalisation et alimentent l’extrémisme religieux violent», a-t-il souligné. La réponse à ces facteurs sont l’éducation, la formation, les activités génératrices de revenus, en particulier pour les jeunes.

«Nous ne sommes pas des barbares. Nous ne sommes pas des gens à islamiser», a souligné Ibrahim Boubacar Keita, chef d’Etat du Mali. Le pays est secoué depuis 2012, par les activités des groupes radicaux musulmans. Le Malien  les  a qualifiés de «huns», tout en soulignant la capacité de résilience du pays. Selon lui, l’objectif des terroristes religieux est de faire peur à la population. Il a promis de tout faire pour doter le Mali des moyens nécessaires à la lutte contre le terrorisme.

Lutte contre les inégalités sociales

Mohammed Diané, ministre de la Défense de la guinée-Conakry a estimé que pour lutter contre les terroristes religieux, il faut agir à la racine du mal. «La première bataille à mener consiste à s’attaquer, entre autres, aux inégalités sociales, aux défis d’emploi des jeunes, et à l’exclusion sociale». Il a souligné qu’on ne peut lutter contre la terreur violente que de façon globale et intégrée».

Le ministre de la Défense guinéen a évoqué les mesures prises par le gouvernement pour faire face au fléau. Il a annoncé la formation 500 imams «modérés», grâce à la coopération marocaine. Un système surveillance du discours religieux, de construction des mosquées et des prestations de santé, a également été mis en place. Parallèlement à cette mesure, les questions sociales, telles que le chômage et le désœuvrement  des jeunes sont prises en compte.
«Dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme violent, le Secrétariat général du ministère des Affaires religieuses identifie les organisations religieuses évoluant en Guinée, notamment dans la construction d’écoles et de mosquées», a-t-il dévoilé.

Distribution équitable des richesses

Selon Diané, si les gouvernements africains réussissent à distribuer équitablement les richesses produites dans leurs pays, ils sortiront ‘victorieux’  de de la bataille contre le terrorisme religieux. Il est désormais établi que pour empêcher la multiplication des organisations terroristes, il faudra endiguer les conditions qui favorisent à leur développement», a-t-il encore soulligné. De ce fait, at-t-il proposé, il faudrait travailler sur l’assèchement de leurs sources de financement.

Le dialogue contre le terrorisme

De son côté, Cheikhna Nenni Moulaye Zeine, Ambassadeur de Mauritanie au Sénégal, a rappelé le dialogue que le gouvernement de son pays a instauré en 2011 avec des terroristes emprisonnés. «Nous avons délégué des Oulémas pour engager cette discussion avec ces fanatiques musulmans, a-t-il précisé, et leur faire comprendre que le chemin qu’ils empruntent n’a rien à voir avec l’Islam». Sur les  64 prisonniers concernés,  seuls deux ont repris sont retournés dans les camps de guerre. Les autres ont réussi à se réinsérer dans le tissu social, a-t-il dit. (cath.ch/ibc/bh)

15 novembre 2017 | 17:51
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 3 min.
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