L'ancien réviseur général Libero Milone condamné
Le tribunal de la Cité du Vatican rejette toutes les demandes de l’ancien réviseur général Libero Milone et de son associé Ferruccio Panicco, aujourd’hui décédé, qui poursuivaient le Saint-Siège pour « licenciement abusif », annonce le Bureau de presse du Saint-Siège le 24 janvier 2024. Il condamne les deux hommes à rembourser respectivement 49.336 euros et 64.140 euros à la secrétairerie d’État et au Bureau du réviseur général.
En 2017, les deux plaignants avaient démissionné de la tête de l’organe anticorruption du Saint-Siège après avoir été accusés d’avoir mandaté une société externe – PWC – pour enquêter sur la vie privée de membres du Saint-Siège. Cependant, Libero Milone, ex-président de Deloitte Italie, avait par la suite affirmé que ces démissions avaient été forcées au prix de « violences psychologiques » subies par lui et son adjoint lors d’interrogatoires menés par la gendarmerie vaticane.
L’ex-auditeur avait notamment mis en cause l’ex-substitut de la secrétairerie d’État Angelo Becciu, condamné à cinq ans et demi de prison en décembre dernier dans le cadre d’une autre affaire.
En janvier 2022, le pape François avait décidé de lever le secret pontifical sur le licenciement de l’ancien réviseur général (2015-2017) et de son associé, ouvrant la porte au lancement, en janvier 2023 d’un procès par la justice vaticane. Outre leur licenciement abusif, les deux hommes reprochaient aux autorités vaticanes d’avoir atteint à leur image professionnelle et d’avoir nui à leur carrière. Enfin, Ferruccio Panicco accusait la gendarmerie vaticane d’être responsable de la perte de son dossier médical, perte qui aurait entrainé la suspension de son traitement. Il est décédé in fine en juin dernier.
Les plaignants avaient alors réclamé une indemnisation totale de 9.2 millions d’euros à la secrétairerie d’État et au Bureau du Réviseur général, aujourd’hui dirigé par Alessandro Cassinis Righini. Lors de la première audience en janvier dernier, la défense avait dénoncé la falsification des preuves apportées par les plaignants et avait affirmé que les faits étaient prescrits.
Un an plus tard, le juge Giuseppe Pignatone rejette toutes les demandes de Libero Milone et de son associé, estimant que les faits décrits par les plaignants ne peuvent pas être imputés au Saint-Siège. Libero Milone est donc condamné à payer à la défense leurs frais relatifs à la procédure – pour un total de 49’336 euros. Les ayants droit de Ferruccio Panicco sont pour leur part condamnés à rembourser 64’140 euros.
La justice vaticane a ouvert une enquête au printemps 2022 sur d’éventuels détournements de fonds par Libero Milone. Ce dernier accuse le Saint-Siège de vouloir faire pression sur lui pour qu’il ne dévoile pas des informations dont il dispose sur certaines personnalités de la Curie romaine. (cath.ch/imedia/cd/mp)