L’Ascension du Christ vue par le maître Rembrandt, tout en ombres et en lumière
La fête de l’Ascension du Christ marque la dernière rencontre, sur terre, de Jésus avec ses disciples et son élévation au ciel, 40 jours après sa Résurrection. Cet événement à grande portée spirituel, relaté de façon visuel, a inspiré de nombreux peintres, dont Rembrandt van Rijn.
S’appuyant sur les textes du Nouveau Testament, sur les Actes des apôtres notamment où il est écrit: «tandis que les Apôtres le regardaient, il [Jésus] s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux» (AC 1), les artistes représentent souvent Jésus-Christ montant au ciel, habillé de blanc et irradiant de lumière. Avec, à ses pieds, ses disciples, les yeux levés vers lui, qui le contemplent pour la dernière fois.
Ainsi, par exemple, de Rembrandt van Rijn. Dans son Ascension, une toile peinte à l’huile en 1636, le grand maître néerlandais du clair-obscur découpe l’espace en trois étages, dans une composition invitant à la méditation sur les liens entre le Ciel et la Terre, le don du Christ qui a revêtu notre humanité avant de retrouver sa place au Ciel, et sur le projet eschatologique de Dieu pour l’humanité.
Au centre, le Christ, déjà uni son Père
Dans la partie centrale supérieure de la toile, un Christ de lumière, vêtu de blanc, est dressé sur un nuage. Son visage extatique tourné vers le Père – invisible dans l’œuvre -, il ouvre grand les bras, dans une attitude d’accueil total. Il est entouré d’angelots virevoltant, qui confèrent au tableau son style baroque.
L’Esprit saint, pour sa part, est représenté tout en haut du tableau, sous la forme classique d’une colombe nimbée de ce halo lumineux.
Plongée dans les émotions des apôtres
En bas, sur terre, espace démarqué par la présence d’un seul palmier, les onze apôtres, dans l’ombre, assistent à son enlèvement au Ciel. Leurs visages éclairés par la lumière provenant de Jésus lui-même expriment toute une gamme d’émotions entremêlées. On peut y lire la tristesse de devoir dire au revoir à leur cher ‘rabbi’ (maître), l’émerveillement de le voir s’élever vers Dieu, son père, la crainte de devoir poursuivre leur chemin sur terre sans Jésus, et l’espérance. Car Jésus leur a promis de ne pas les abandonner et de leur envoyer l’Esprit saint pour les soutenir dans leur mission.
Le livre des Actes des Apôtres rapporte en effet que, quarante jours après Pâques, Jésus apparaît une dernière fois à ses disciples et leur annonce, juste avant de s’élever vers son Père: «Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins (…) jusqu’aux extrémités de la terre.» Promesse tenue dix jours plus tard, et que l’on célèbre encore le dimanche de la Pentecôte. Fête juive des récoltes, celle-ci avait lieu 50 jours après la Pâque juive et rassemblait à Jérusalem les juifs pieux.
Cinq œuvres pour une Passion
L’Ascension de Rembrandt fait partie d’un cycle d’œuvres sur la Passion réalisées pour Frédéric-Henri d’Orange, gouverneur alors des Pays-Bas. Vers 1628, Rembrandt a reçu une commande de la cour pour cinq tableaux de la Passion du Christ.
La série commence avec la Montée de la Croix et la Descente de la Croix, achevés en 1633 et inspirés des versions de Rubens sur les mêmes thèmes. Une nouvelle commande s’en est suivie pour trois autres tableaux de scènes de la Passion du Christ: La Mise au tombeau, La Résurrection et L’Ascension. Ce dernier, de fait, fut le premier de ces trois tableaux à être livré, en 1636, sans respect donc de la chronologie des événements.
La série de Rembrandt fut finalement achevée en 1646, avec la commande de deux autres toiles représentant l’Adoration des bergers et la Circoncision, des scènes de la vie du Christ enfant. (cath.ch/lb)