L'armée birmane est engagée dans des actions violentes dans plusieurs régions du pays | Photo d'illustration © Allyson Neville-Morgan/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
International

Le cardinal Bo dénonce la brutalité de l’armée birmane contre les minorités

L’armée birmane continue de persécuter l’ethnie Kachin, majoritairement chrétienne, ainsi que les Rohingyas musulmans, a affirmé Mgr Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun. Le cardinal s’exprimait à l’occasion du Forum pour la paix qui a débuté à Séoul le 1er septembre 2018, à l’Université catholique de Corée.

L’archevêque de Rangoun a évoqué de nombreuses situations de crise dans son pays. Il a dénoncé les conflits ethniques qui se poursuivent dans le nord de la Birmanie, les atteintes à la liberté religieuse, ou encore la traite des personnes. Pour le cardinal, malgré les réformes de ces huit dernières années et une fragile transition démocratique, l’influence de l’armée est toujours problématique. Il a évoqué la souffrance des Rohingyas, «une blessure terrible pour la conscience de mon pays».

Viols, destructions d’églises et boucliers humains

Il a cependant rappelé que d’autres groupes victimes étaient oubliés, notamment les minorités ethniques du nord de la Birmanie. Des milliers de personnes y ont été blessées, tuées ou déplacées. «Des villages ont été bombardés ou incendiés, des femmes violées, des églises détruites, des villageois transformés en démineurs et boucliers humains», a affirmé le cardinal Bo. Il a rappelé les frappes aériennes de février 2018 dans l’État Kachin ainsi que l’attaque militaire importante lancée en avril. Les deux événements ont entraîné la fuite de plus de 7’000 personnes. Il a ajouté que plusieurs conflits se poursuivaient en Birmanie contre les minorités qui demandent la liberté religieuse. Il a également déploré une série de conflits violents liés à des litiges fonciers et d’autres problématiques comme la traite des personnes, la dégradation de l’environnement, la toxicomanie chez les jeunes, la pauvreté ou encore le manque de protection des droits fondamentaux.

L’armée toujours au pouvoir

Des violences surviennent régulièrement dans l’État Kachin, depuis l’indépendance du pays en 1948. La situation a empiré en 2011 quand près de 100’000 personnes ont dû fuir les combats. La majorité des 1,7 million d’habitants de l’État Kachin sont chrétiens, dont 116’000 catholiques. Le cardinal Bo affirme que l’armée est, en pratique, toujours au pouvoir dans le pays. Cette situation, ajoutée au nationalisme et au militantisme bouddhiste, forme un cocktail de haine et de répression contre les non bouddhistes.

Pour la paix dans la péninsule coréenne

Le cardinal Bo a défendu la conseillère d’État Aung San Suu Kyi dans ses efforts pour instaurer la démocratie aux côtés des militaires, malgré les appels qui demandent que le prix Nobel lui soit retiré à cause de son silence sur les Rohingyas. La Birmanie fait face aux vives critiques de la communauté internationale suite au rapport des Nations Unies qui dénonce les graves violations des droits de l’Homme par l’armée dans l’État de Rakhine (nord-ouest).

L’archevêque birman a également soutenu, à Séoul, l’instauration d’une paix durable dans la péninsule coréenne. (cath.ch/eda/ucan/rz)

L'armée birmane est engagée dans des actions violentes dans plusieurs régions du pays | Photo d'illustration © Allyson Neville-Morgan/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
6 septembre 2018 | 10:46
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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