Le cardinal de Téhéran déplore les «attaques préventives» d’Israël
L’archevêque de Téhéran-Ispahan des Latins a déclaré à l’agence catholique AsiaNews que les «attaques préventives» d’Israël contre l’Iran n’apportent pas la paix. Le cardinal Dominique Joseph Mathieu, commentant les attaques israéliennes et la riposte de Téhéran, affirme que la paix ne peut être atteinte que si toutes les parties mettent de côté leurs ambitions de suprématie dans la région. Il fait part de sa vive préoccupation face à la dangereuse escalade de ces derniers jours.
«C’est avec regret que nous observons ces dernières heures, une fois de plus, que des personnes pensent obtenir la paix par des attaques préventives au lieu d’engager un dialogue autour de la table des négociations», écrit-il dans un message envoyé à AsiaNews.
Négociations sur le nucléaire iranien suspendues
«Prions pour qu’un dialogue de paix autour d’un ›consensus’ l’emporte. Que l’Esprit Saint guide ce processus» alors que les négociations à Oman entre les Etats-Unis et l’Iran en vue d’un accord nucléaire ont été suspendue après les sanglantes attaques israéliennes. Téhéran a annoncé qu’il ne participerait pas au sixième cycle de négociations sur le nucléaire iranien,
L’inquiétude du cardinal Dominique Joseph Mathieu est forte en ces heures de grande tension régionale et mondiale, alors que se matérialise l’escalade tant redoutée qui menace d’entraîner tout le Moyen-Orient dans un conflit dévastateur.
Un franciscain belge à la tête de 2’000 catholiques
Depuis 2021, ce franciscain conventuel né en Belgique et qui a fêté ses 62 ans le 13 juin dernier, est à la tête de l’archidiocèse de Téhéran-Ispahan, le seul diocèse catholique de rite latin en Iran, qui abrite un petit groupe de 2’000 catholiques au sein d’une population de 82 millions d’habitants, majoritairement musulmane chiite. Le religieux belge est l’un des 21 cardinaux que le pape François a créés lors du consistoire du 7 décembre 2024.
Le cardinal – qui a participé au conclave qui a élu Léon XIV – avait été nommé par le pape François précisément pour maintenir vivante la «présence» chrétienne en Iran avec la tâche «d’intégrer, d’inclure, d’être en contact avec la nation à ses différents niveaux».
Abandonner la quête de suprématie
La clé pour restaurer la paix au Moyen-Orient et dans le monde est que toutes les parties impliquées «abandonnent leur quête de suprématie» et «cessent d’investir du temps, de l’énergie et des ressources dans de nouvelles technologies et stratégies qui nous éloignent de la lumière», a insisté le cardinal Dominique Joseph Mathieu.
Les catholiques comprennent les Eglises chaldéenne et arménienne ainsi que les fidèles de rite latin, auxquels s’ajoutent les étrangers travaillant dans la République islamique. Selon la Constitution iranienne (article 13), les sunnites, les chrétiens, les zoroastriens et les juifs sont libres de pratiquer leur culte «dans le respect» des lois islamiques. De plus, les chrétiens ont trois représentants au Parlement (Majlis), deux pour les Arméniens et un pour les Assyro-chaldéens.
L’archevêque de Téhéran-Ispahan des Latins rappelle l’importance du pontificat du pape François, y compris dans les relations avec le monde musulman et les autorités iraniennes, le qualifiant de pontife qui a «ouvert beaucoup de portes» et maintenant «le temps est venu d’organiser l’espace derrière ces portes». Une période cruciale, dans cette phase de difficultés et de doutes, pour dessiner l’avenir de la petite communauté chrétienne dans ce pays en grande majorité musulman chiite. (cath.ch/asianews/fides/be)