Rome: A Istanbul, «le pape n’est pas devenu musulman!», assure le directeur général de L’Oeuvre d’Orient
«Le chrétien est partout amené à prier», rappelle Mgr Gollnisch
Rome, 1er décembre 2014 (Apic) Le temps «d’adoration silencieuse» pris par le pape François dans la Mosquée bleue d’Istanbul le 29 novembre 2014 ne fait pas pour autant de lui un musulman. «Prier à côté des musulmans n’en fait pas une prière musulmane», a confié à l’agence I.MEDIA Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de L’Oeuvre d’Orient, alors que certains catholiques s’en sont offusqués. «Le chrétien est partout amené à prier», a rappelé celui qui est également vicaire général de l’Ordinariat des catholiques orientaux en France.
En novembre 2006, Benoît XVI s’était déjà rendu dans la Mosquée bleue d’Istanbul. Aux côtés du grand mufti, il avait prié, une main posée sur l’autre, les yeux mi-clos, murmurant quelques mots. Pour certains, huit ans plus tard, la posture du pape François – les yeux fermés, la tête baissée et les mains jointes – marquerait une différence gênante. Mais c’est le pape Jean Paul II qui, le premier, s’était rendu dans une mosquée à Damas, en Syrie, en 2001. Il avait déjà souhaité prier avec le mufti général de Syrie, mais celui-ci s’y était opposé pour répondre aux attentes des musulmans conservateurs, hostiles à cette idée.
Interpellé par l’agence I.MEDIA, le directeur de l’association humanitaire chrétienne L’Oeuvre d’Orient affirme que le pape François a bel et bien effectué, dans la Mosquée bleue d’Istanbul, une «prière d’adoration silencieuse», comme l’a défini le Vatican. «Il y a donc bien un chrétien qui priait dans une mosquée», souligne Mgr Gollnisch, mais «c’est peu comprendre la prière chrétienne» que d’y voir un acte choquant, car la prière chrétienne ne se laisse pas enfermer dans des formes ou des lieux. «Le chrétien est partout amené à prier», rappelle-t-il.
«Le pape n’est pas devenu musulman !»
En outre, cette prière a revêtu un sens particulier, explique le directeur de L’Oeuvre d’Orient: «il est important de remettre devant Dieu la question des relations entre chrétiens et musulmans. Je ne vois pas en quoi cela serait gênant que le pape prie pour les musulmans, par exemple!». Par ailleurs, souligne Mgr Gollnisch, la prière du pape représente un plus grand danger pour le grand mufti: «De nombreux musulmans ne comprendront pas qu’un chrétien soit venu prier dans une mosquée».
Et le prélat français de lancer, non sans humour: «Rassurons-nous, le pape n’est pas devenu musulman! Il a fait une prière chrétienne». En aucun cas cette prière ne peut être vue comme «un compromis ou une hésitation sur son identité chrétienne», souligne Mgr Gollnisch, avant de poser cette question de rhétorique: «Peut-on penser que Jean Paul II et Benoît XVI en faisant cet acte avaient une hésitation sur leur identité chrétienne?» (apic/imedia/ammi/bl/rz)