Les fêtes religieuses durant l’année liturgique 2 Noël, une fête riche en éléments symboliques

Le Christ est-il vraiment né le 25 décembre?

Fribourg, 5 décembre 2012 (Apic) L’immense popularité de Noël repose en grande partie sur la multiplicité de ses symboles, qui parlent au cœur des petits comme des grands: sapin, crèche, cadeaux, dîner de famille, … Plongée dans la plus longue nuit de l’année, la Nativité, fête de la lumière, évoque aussi le combat du Christ contre les ténèbres.

Depuis quand les chrétiens ont-ils adopté la crèche et le sapin de Noël? La date du 25 décembre correspond-elle à quelques certitudes historiques? Jésus est-il vraiment né à minuit à Bethléem? Le point sur ces questions et les différents symboles qui marquent la Fête de Noël en compagnie du professeur Martin Klöckener, directeur de l’Institut de Sciences liturgiques de l’Université de Fribourg.

La date du 25 décembre

La date de Noël ne repose pas sur des éléments historiques. Mais comment a-t-elle été choisie? Le professeur Klöckener évoque deux hypothèses.

D’abord celle de «computation». Le 25 mars, équinoxe de printemps, est traditionnellement la date de la Création, de la chute d’Adam, de l’Annonciation (donc de la conception de Jésus par l’Esprit-Saint) et de la Crucifixion. Selon cette logique, le 25 décembre correspond à la naissance du Christ.

L’hypothèse liée à l’histoire de la religion est plus connue. Dès le 4e siècle, les chrétiens ont repris la date du «Sol invictus» (soleil invaincu) des Romains pour donner un sens chrétien à cette fête païenne. La symbolique du soleil est ainsi transférée au Christ, «soleil de justice» illuminant le monde.

Ce n’est pas un hasard si le 25 décembre correspond au moment où les jours commencent à se rallonger. Noël symbolise la victoire du Christ sur les ténèbres. Notons que si le solstice d’hiver est fixé au 21 décembre, la durée de la nuit stagne durant quelques jours avant de diminuer, justement à partir du 25 décembre.

Le Christ est-il né à minuit?

La croyance en la naissance du Christ à minuit ne repose sur aucun texte biblique, ni tradition dans l’Eglise, selon Martin Klöckener. La messe de minuit tire ses origines d’un office de nuit de la Liturgie des heures. L’évangile de Luc fait référence à la nuit lors de la naissance du Christ, mais il n’est jamais question de «minuit».

A noter que dans la liturgie, tous les dimanches et d’autres fêtes chrétiennes importantes sont aussi célébrées la veille au soir. Noël, fêté déjà le soir du 24 décembre, n’échappe pas à cette règle.

La crèche

Une crèche en bois est apparue pour la première fois au 7e siècle à la Basilique de Sainte Marie Majeure à Rome.

François d’Assise a fait revivre cette tradition en 1223 sous la forme d’une crèche vivante à Greccio. «Les gens sur place étaient tellement surpris qu’ils ont d’abord cru que c’était la véritable scène de la naissance du Christ», affirme le professeur Klöckener. Les franciscains ont repris cette pratique. Elle s’est développée parallèlement avec la rapide extension de cet ordre religieux en Europe.

«Les gens appréciaient de se raccrocher à des éléments concrets. Le Moyen Age, central et tardif, est une période marquée par les narrations illustratives. Des scènes se jouaient dans les églises afin de transmettre les messages à la population», indique Martin Klöckener.

Les crèches étaient d’abord installées dans les églises, en Europe centrale. A la fin du 19e siècle, sous Joseph II d’Autriche (qui a donné son nom au «joséphisme»), elles sont interdites dans les églises et prennent place dans les maisons.

Le sapin

La tradition du sapin de Noël apparaît pour la première fois en 1509, dans une peinture de Lucas Cranach l’Ancien. Elle s’enracine d’abord dans les cercles protestants, entre autres en Alsace et au nord de la Bavière, avant d’atteindre les régions catholiques aux 18e et 19e siècles.

Des liens avec la naissance du Christ sont établis, comme l’arbre de vie, la persistance des aiguilles, la couleur verte symbole de l’espérance ou la possibilité d’installer des lumières sur ses branches. Mais il s’agit là de «tentatives de récupération». «Si le sapin n’est pas présent, ce n’est pas du tout grave … Il n’a aucune importance pour le sens de la Fête de Noël», sourit Martin Klöckener.

La ville de Bethléem

La naissance de Jésus à Bethléem repose-t-elle sur des certitudes historiques? «Disons qu’il s’agit d’une certitude davantage théologique qu’historique», nuance Martin Klöckener. Selon les prédictions des prophètes de l’Ancien Testament, le Messie proviendra de la famille de David, issue de Bethléem.

Après avoir compris que Jésus était le Messie, les évangélistes Matthieu et Luc ont fait correspondre sa naissance avec les prédictions de l’Ancien Testament. Mais aucune certitude historique n’étaie la tenue de cet événement à Bethléem.

Les cadeaux

La pratique des cadeaux de Noël tire ses origines dans la fête de St Nicolas. D’ailleurs, aux Pays-Bas la tradition des cadeaux distribués le 6 décembre se perpétue encore aujourd’hui, même si une bonne partie de population le fait désormais le 24 décembre au soir.

Il y a encore 70 ans, le cadeau de Noël se limitait à quelques friandises ou à une orange. Il symbolisait le cadeau de Dieu aux hommes par la naissance humaine de son fils. On peut y voir également une représentation des cadeaux des mages à l’enfant Jésus. Dans les années 1950, les présents ont pris de l’importance et ont été placés en plus grand nombre sous le sapin. Bien sûr, les cadeaux permettent de renforcer les liens familiaux, mais tout comme pour le sapin, il ne s’agit pas d’un élément constitutif de la Fête de Noël, selon le professeur Klöckener.

Le Père Noël

«Le Père Noël n’a aucun lien avec la foi chrétienne», tranche Martin Klöckener. Sa tradition semble avoir ses origines au 19e siècle dans les pays anglophones. Mais elle a été surtout répandue par la firme «Coca Cola».

Le personnage en habits rouges se déplaçant en traîneau pour apporter les cadeaux par la cheminée est en réalité une transformation de Saint Nicolas. «Il dévalorise malheureusement l’importance de ce saint», affirme le professeur Klöckener. L’évêque de Myre en Lycie, qui a probablement vécu de 270 à 345, a très rapidement été adopté comme le saint patron des enfants. Cela en raison des légendes qui ont ponctué sa vie, et notamment le sauvetage de trois jeunes filles privées de dot et promises à la traite humaine. L’évêque Nicolas leur aurait fait parvenir des bourses d’argent jetées depuis le toit dans leurs bas qui séchaient au pied de la cheminée.

Mais des traditions différentes sont adoptées selon les pays. Ainsi beaucoup d’enfants des régions germanophones attribuent l’origine des cadeaux au «Christkind», soit à l’enfant Jésus lui-même.

Note aux médias abonnés: Des photos en lien avec les symboles de Noël peuvent être commandées à apic@kipa-apic.ch. Prix pour diffusion: 80 frs la première, 60 frs les suivantes.

(apic/bb)

5 décembre 2012 | 11:55
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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