Le «grand vagabond apostolique»
Roumanie: Le prêtre martyrisé par les communistes, Vladimir Ghika, a été béatifié
Bucarest, 2 septembre 2013 (Apic) Le prêtre roumain Vladimir Ghika, mort dans les geôles communistes en 1954, a été béatifié le 31 août 2013 à Bucarest, la capitale du pays. Retour sur l’histoire singulière de ce prêtre, descendant princier, diplomate, militant de l’oecuménisme et infatigable soutien aux déshérités.
Vladimir Ghika est mort en 1954 sous la torture, à Jilava, la plus sinistre des prisons politiques roumaines, rapporte le 31 août 2013 Radio France internationale (RFI). Il avait 80 ans. Né à Constantinople dans une famille princière orthodoxe, il a fait ses études en France, où il s’est converti au catholicisme romain. Il a été ordonné prêtre à Paris en 1923, à l’âge de 50 ans. Il appartenait à la dynastie des princes Ghica, qui régnèrent sur la Moldavie et la Valachie du XVIIe au XIXe siècle.
Le pape lui accorda l’autorisation de célébrer la messe selon les deux rites, romain et byzantin. En ce sens, l’abbé Ghika se situait à la croisée des mondes oriental et latin, en précurseur d’un œcuménisme moderne.
Grand voyageur, diplomate du Vatican, il parcourt le monde, fondant notamment le premier dispensaire gratuit en Roumanie. Il sera également reçu par l’empereur du Japon. Le pape Pie XI l’appelait le «grand vagabond apostolique».
Une béatification qui se veut un signe de paix
Il se lie d’amitié avec l’écrivain Paul Claudel et s’installe en 1927 dans une baraque de fortune à Villejuif, dans la banlieue parisienne, pour créer un petit dispensaire. Quand éclate la Seconde guerre mondiale, il est en Roumanie pour fonder une léproserie. Il y restera pendant la durée de la guerre et jusqu’à son arrestation après la guerre. «À l’époque, si on ouvrait un hospice catholique, il était réservé aux catholiques. Mais l’hôpital de Mgr Ghika, lui, était ouvert à tous. Toute sa vie, il a cherché à unir amour de Dieu et amour du prochain», souligne Monica Brosteanu, l’une des rédactrices de la positio, l’enquête qui a mené à la béatification du prêtre, peut-on lire sur le site «L’œuvre d’Orient».
Arrêté et torturé, il s’éteint, veillé par un juif, un musulman et un orthodoxe. Il a essayé jusqu’à son dernier souffle de réunir les Eglises. Sa béatification doit être vue, selon l’Eglise catholique romaine, comme un signe de paix et de réconciliation. 8’000 personnes ont assisté à la cérémonie à Bucarest, dont de nombreux prélats français qui avaient fait le déplacement. Son procès en béatification avait été ouvert en 2002. Le pape François a reconnu son martyre le 28 mars dernier. (apic/arch/rfi/rz)