Suisse romande: Abus sexuels au sein de l’Eglise catholique

Le Groupe SAPEC demande une commission romande, neutre et indépendante

Fey 22 mai 2012 (Apic) Le groupe de Soutien aux abusé-e-s par des prêtres de l’Eglise catholique (SAPEC) demande la création d’une ’commission romande neutre et indépendante d’enquête et de réparation’. Dans un rapport de quinze pages, adressé le 21 mai 2012 aux évêques romands et à la Conférence des évêques suisses (CES), le groupe exprime ses doutes et sa lassitude. Au-delà des mots, peu d’actes ont été mis en œuvre pour venir en aide aux victimes d’abus sexuels déplorent ses responsable Jacques Nuoffer et Marie-Jo Aeby.

Le SAPEC, qui indique avoir rencontré récemment Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), exprime en particulier ses doutes et ses questions sur la Commission SOS prévention du diocèse de LGF mise en place en 2008 par Mgr Genoud. Selon lui, sa présidente n’a jamais fourni d’informations précises sur l’origine cantonale de victimes qui l’ont consultée, sur le type d’aide apportée, sur la conception de sa collaboration avec les autorités, notamment les supérieurs des congrégations.

Le souci de défendre l’institution plutôt que les victimes

L’association s’interroge en outre sur la composition de cette commission, sur son fonctionnement, les conseils donnés qui ne semblent pas aller dans le sens des directives de la CES. «Les documents dont nous disposons démontrent plutôt un souci de soutenir l’institution au détriment des victimes ou des associations qui veulent les soutenir Quant à savoir ce qu’il en est précisément dans les autres diocèses romands, c’est impossible», relève le rapport.

«On observe une grande diversité dans la manière de traiter les cas, d’un évêché à l’autre, et même, à l’intérieur d’un même diocèse. Il est ainsi permis de douter de la réelle volonté des autorités religieuses de faire la lumière totale sur les abus commis dans le passé.»

«Nous avons relevé des paroles choquantes, d’autres pleines de compréhension», relève le SAPEC. Les directives de la CES et le symposium de Rome sur les abus sexuels, en février 2012, ont suscité des espoirs, «mais les réponses démontrent que la majorité des évêques et supérieurs de congrégation n’ont pas encore réalisé la terrible souffrance des victimes et la nécessité d’un geste de réparation».

«La défense de l’image de l’Eglise, de ses prêtres et de ses biens semble apparaître encore au premier plan. Devant l’absence de prise effective de responsabilité et de volonté de réparation, les victimes restent stupéfaites, surtout quand des autorités ecclésiastiques leur répondent avec des arguments désolants: «Voyons, ne savez-vous pas, il y a plus de cas de pédophiles dans les familles que…».»

L’espoir suscité par les paroles du pape Benoît XVI et de Mgr Charles Scicluna, de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), réaffirmant la nécessité d’une pleine collaboration de l’Eglise catholique avec les autorités civiles dans la lutte contre la pédophilie, a «lui aussi été déçu».

Bâle et Fribourg ouverts à la demande

Pour le SAPEC, cette situation confirme la nécessité de constituer une commission romande indépendante et neutre. Le groupe s’est adressé en novembre 2011 à Mgr Scicluna pour qu’il soutienne sa constitution, mais indique n’avoir obtenu qu’un simple accusé de réception de la nonciature et surtout aucune réaction des quatre évêques qui avaient reçu le message en copie.

Le SAPEC suggère de prendre exemple sur l’Abbé Martin Werlen, d’Einsiedeln, qui a créé une commission indépendante, externe à l’institution, ayant pour mandat d’enquêter sur les abus sexuels commis au sein de l’Abbaye de 1950 à nos jours. Cette commission d’enquête a rendu son rapport final le 20 janvier 2011.

Face à la demande du SAPEC, l’évêché de Bâle a montré une certaine ouverture et a demandé de signaler les situations de victimes insatisfaites, indique le rapport. Par ailleurs, Mgr Morerod s’est montré sensible aux préoccupations du groupe et lui a demandé de présenter ses propositions dans les domaines de la reconnaissance, de la réparation et surtout de la prévention.

L’association souhaite aussi se faire entendre sur la question des réparations financières pour les victimes, y compris pour les abus prescrits. On ne peut pas se baser sur de faux arguments pour les leur refuser quitte à devoir vendre certains biens, insiste-t-elle

L’attitude de l’Eglise et le flou des informations pèsent sur les victimes, déplore le SAPEC. «Dans un premier contact, nous avons perçu l’espoir qu’a fait naître notre association. Mais le fait de recommencer à raconter leur douloureuse histoire et de donner une procuration sans avoir de certitude sur les résultats possibles découragent les victimes.» (apic/com/mp)

22 mai 2012 | 12:57
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
Abus sexuels (1210), Charles Morerod (260), SAPEC (32)
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