Fribourg : Remise de la Rose d’argent de Saint Nicolas à l’archevêque Antonio Mennini
Le nonce apostolique à Londres défend un œcuménisme de la rencontre
Fribourg, 10 mai 2012 (Apic) A l’occasion de la remise de la Rose d’argent de Saint Nicolas le 9 mai 2012, à Fribourg, Mgr Antonio Mennini a plaidé pour un oecuménisme de la rencontre. Pour le nonce apostolique à Londres, l’œcuménisme n’avance pas principalement grâce aux documents, mais grâce aux amitiés qui dépassent les barrières confessionnelles.
Dans sa carrière de nonce, notamment en Bulgarie et à Moscou, Mgr Mennini a pu expérimenter combien l’amitié crée un climat de confiance et d’attention réciproque qui permet au dialogue théologique de réaliser des progrès substantiels. S’exprimant devant un parterre de prélats orthodoxes et catholiques réunis à l’Université de Fribourg, mercredi, Mgr Mennini a relevé la «nostalgie profonde» qui ne peut être comblée pour l’unité et qui persiste dans les différentes Eglises. Cette vocation des Eglises doit être alimentée soutenue et encouragé non seulement par des discours, mais aussi par des gestes concrets et symboliques pour montrer une lumière de paix et de justice.
L’ancien nonce à Moscou se garde néanmoins de tout irénisme. Il parle de la nuit obscure «du poids dans la mémoire collective des vexations de tout genre, des répressions les plus violentes, des persécutions sanglantes». A ses yeux, les nombreuses difficultés et incompréhensions du dialogue entre catholiques et orthodoxes sont liées «aux graves blessures qui ont frappé l’Eglise et la structure même de la personne aux cours des années de forte pression idéologique».
Secouer la philosophie de son aridité
C’est pourquoi le dialogue interconfessionnel «ne peut pas être réduit aux rencontres entre ’experts en la matière’». «Je ne crois pas non plus que le but de ce dialogue soit seulement la résolution des disputes doctrinales. J’aime plutôt à penser à un rapport entre organismes vivants qui se développe dans un tissu de relations personnelles et institutionnelles.»
Pour Mgr Mennini, l’œcuménisme est ainsi une dimension inséparable de la vie ecclésiale. Parmi les moments les plus saillants dans l’évolution de ces relations fraternelles, le nonce ne manque pas de citer la nouvelle rencontre d’Assise en octobre 2011.
L’objectif de l’œcuménisme est aussi le témoignage commun face au monde contemporain, de l’unité de la foi et de la raison (fides et ratio) pour «secouer la philosophie et la vie intellectuelle de leur aridité […] pour offrir une alternative authentique au matérialisme sans âme, agressif, indifférent et nihiliste auquel ont abouti les idéaux de la modernité». Ce qui est en jeu, c’est «l’Eglise comme espace créée par Dieu pour l’accomplissement de l’humanité». «Il est donc nécessaire de trouver de nouvelles formes de coexistence, de respect réciproque et de défense de toutes les cultures et traditions, celles qui nous sont propres et celles des autres. Le problème de la dignité et du droit est un défi lancé à chacun d’entre nous, croyants ou non-croyants.»
Cette démarche passe notamment, aux yeux de Mgr Mennini, par l’éducation des nouvelles générations: «Une éducation entendue comme introduction à la connaissance de la réalité dans la multiplicité de ses facteurs, y compris le mystère de l’Etre.»
La Rose d’argent de Saint Nicolas
La remise proprement dite de la Rose d’argent de Saint Nicolas s’est déroulée lors de la messe solennelle à la cathédrale St-Nicolas de Fribourg animée par «credo» un chœur ukrainien venu de Kiev pour l’occasion. Le Père Guido Vergauwen, recteur de l’Université et directeur de l’Institut d’études œcuméniques (ISO) a relevé notamment les capacités de Mgr Mennini à créer une bonne entente avec les responsables politiques en vue d’une collaboration constructive entre les instances ecclésiales, sociales, étatiques et internationales pour le plus grand bien commun de l’Eglise et de la société humaine dans son ensemble.»
La «Rose d’argent de Saint Nicolas» est décernée depuis 2006, par l’Institut d’études oecuménique de Fribourg et l’Institut des Eglises orientales de l’université de Ratisbonne, en Allemagne, à des personnes qui laissent transparaître dans leur vie l’amour de Dieu pour les hommes. La Rose d’argent est un prix, à la fois académique et ecclésial, qui souligne que la réflexion théologique porte ses fruits en lien avec le témoignage personnel de la vie pour la communauté de l’Eglise.
Antonio Mennini est né le 2 septembre 1947 à Rome. Son père Luigi était un haut fonctionnaire des finances du jeune État du Vatican. Ordonné prêtre en 1974, il a consacré aux fondements de la liberté de conscience chez le théologien réformé suisse Alexandre Vinet (1797–1847). En 1981 il fut appelé au service diplomatique du Saint-Siège et envoyé dans les nonciatures en Ouganda et en Turquie, plus tard au Secrétariat pour les affaires publiques au Vatican.
En 2000, Mgr Mennini commença son service de nonce apostolique en Bulgarie où il organisa en 2002 la visite du pape Jean Paul II en Bulgarie. Il contribua ainsi à restaurer la confiance mutuelle entre catholiques et orthodoxes.
Suite à ce succès, Mgr Mennini fut muté à Moscou, où les relations entre la Fédération de Russie et le Saint-Siège ainsi qu’entre l’Eglise orthodoxe russe et l’Eglise catholique romaine étaient très tendues. Il sut gagner la confiance des évêques et des prêtres orthodoxes. Il put résoudre de nombreux conflits locaux entre les paroisses catholiques et orthodoxes. Ses talents de pacificateur ont rendu possible l’établissement de relations diplomatiques complètes entre la Fédération de Russie et le Saint-Siège en 2010.
Depuis décembre 2010, Mgr Mennini est nonce apostolique à Londres. Il doit gérer notamment les relations parfois délicates avec l’Eglise anglicane après la réception de groupes anglicans dans l’Eglise catholique.
Des photos de la célébration sont disponibles à l’Apic au prix de 80.– francs la première et de 60.– francs les suivantes. apic@kipa-apic.ch
(apic/mp)
