Le nouvel an musulman célébré le 7 janvier avec l’Achoura
Un jour qui «devrait rapprocher juifs et musulmans»
Dakar, 7 janvier 2008 (Apic) Les musulmans ont célébré mercredi 7 janvier «l’Achoura», le nouvel an musulman 1430 de l’Hégire. Il correspond au 10e jour du premier mois du calendrier lunaire, «Muharram». Les imams, dans leur sermon du vendredi 2 janvier dernier, ont invité les fidèles à jeûner ce mercredi pour imiter en cela le prophète Mohamed, rapporte le quotidien ivoirien, «Nord-Sud».
Selon de nombreux exégètes, le prophète Mohamed a recommandé cette journée de jeûne spécial aux musulmans. C’est «le meilleur jeûne après celui, obligatoire, du mois de ramadan», du fait qu’il «expie les péchés de l’année écoulée».
Pour l’islamologue sénégalais, Abdoul Aziz Kébé, enseignant à l’université de Dakar, le prophète Mohamed avait institué l’Achoura à son retour à Médine en 622. «Il a trouvé les juifs qui habitaient cette ville appelée (à l’époque) Yathrib, en train de jeûner. Les interrogeant sur le sens de leur jeûne, ils lui ont répondu que c’était pour rendre grâce à Allah qui a permis, ce jour-là, à Moïse, de traverser les eaux et d’échapper à la furie du Pharaon. Le prophète Mohamed leur a alors dit qu’il était beaucoup plus proche de Moïse, et a décidé de jeûner, demandant aux musulmans d’en faire autant».
Selon lui, c’est là une célébration spirituelle, un pont aussi entre les juifs et les musulmans qui avait été établi ce jour-là. On en est loin. Surtout avec les événements de Gaza.
«L’Achoura est un moment de célébration, de grâce, et aussi une action spirituelle», a poursuivi le professeur Kébé, ajoutant qu’en plus de la spiritualité, elle avait un «sens de dialogue» entre les cultures et les religions. «Si le prophète Mohamed célèbre un jour du jeûne observé par les juifs, cela veut dire qu’il les retrouve dans une pratique spirituelle pour montrer que le tronc est le même, que la sève est la même, qu’Allah qui est le Dieu de Moïse est également le Dieu des musulmans», a fait encore remarquer Kébé.
De leurs côtés, les musulmans chiites donnent une autre interprétation à l’Achoura. Pour eux, c’est un jour de deuil et de tristesse. Ils invoquent à ce sujet, les évènements de Karbala, 60 ans après le décès du prophète Mohamed en 658, au cours desquels l’un de ses petits fils, l’imam Hussein qu’ils considèrent comme leur guide, a été assassiné.
«Ce n’est pas parce que l’imam Hussein est mort le jour d’Achoura que cela doit devenir un jour de deuil», estime pour sa part le professeur Kébé pour qui, «si les musulmans veulent répondre à la pratique du prophète, se conformer à sa Sunna, ils doivent jeûner le jour de l’Achoura». «C’est un jour où nous devons nous rappeler de nos morts, de la mort d’Al Hussein non pas par dolorisme, mais en tirant les leçons ou les facteurs qui ont entraîné cela. C’est-à-dire les dissensions politiques en terre d’Islam», a-t-il souligné. (apic/ibc/pr)