Elle est à ce jour la 3e personne à bénéficier d’une telle dispense

Le pape accélère l’ouverture de la cause de béatification et de canonisation de soeur Lucie

Rome, 14 février 2008 (Apic) Le pape Benoît XVI a décidé d’accélérer l’ouverture de la cause de béatification et de canonisation de soeur Lucie (1907-2005), l’une des trois témoins des apparitions de la Vierge à Fatima (Portugal) en 1917.

Dans un communiqué publié le 13 février 2008 en fin d’après-midi, la Congrégation pour les causes des saints a ainsi annoncé que le pape avait choisi de suspendre le délai obligatoire de cinq ans habituellement requis après la mort d’un serviteur de Dieu pour l’ouverture de sa cause. La voyante portugaise est décédée le 13 février 2005 à l’âge de 97 ans.

Trois ans jour pour jour après la mort de la dernière « voyante » de Fatima, le cardinal José Saraiva Martins a célébré la messe à Coimbra (Portugal) où a vécu soeur Lucie de 1948 à sa mort en 2005. Au terme de la messe, le cardinal portugais a ainsi annoncé que Benoît XVI avait décidé «la dispense des deux années manquantes pour ouvrir la cause de soeur Lucia dos Santos». Le procès de béatification pourra ainsi être ouvert immédiatement, a encore indiqué la note officielle.

Seul le pape a la possibilité de lever le délai de cinq ans avant l’ouverture d’une cause, un délai voulu par Jean Paul II dans la Constitution apostolique Divinus perfectionis Magister publiée en 1983. A ce jour, deux autres cas ont bénéficié d’une telle dispense : Mère Teresa de Calcutta (1910-1997) en décembre 1998 (14 mois après sa mort) et Jean Paul II en mai 2005 (un mois seulement après sa mort).

Lucie dos Santos est née le 22 mars 1907 à Fatima dans un lieu appelé Aljustrel. A l’âge de dix ans, du 13 mai au 13 octobre 1917, accompagnée de ses cousins Jacinta et Francisco Marto, âgés eux de 7 et 9 ans, elle aurait assisté à six apparitions de la Vierge Marie. C’est elle qui avait ensuite rendu publics les trois « secrets » de Fatima.

Après les apparitions, et d’autres visions personnelles de la Vierge en 1923 et 1929, Lucie était rentrée à 18 ans chez les soeurs Dorothée, à Tuy en Espagne. Elle avait ensuite rejoint les carmélites en 1948. Le 13 mai 2000, elle avait assisté à Fatima à la béatification par Jean Paul II des petits bergers Jacinta et Francisco, ses cousins, morts respectivement en 1919 et 1920.

Les secrets de Fatima

Soeur Lucie avait consigné les apparitions et les paroles de la Vierge à Fatima dans quatre mémoire successifs : un premier en 1935 (sur la vie et les vertus de la cousine Jacinthe), un second en 1937 (histoire de sa propre vie et des apparitions), un troisième en août 1941 (aspects particuliers de la vie de Jacinthe) et un dernier en décembre de la même année (des précisions sur les apparitions de 1917).

Dans ces textes, la religieuse faisait état des trois secrets que la Vierge aurait confié aux trois enfants au cours de ses six apparitions. Les deux premiers, révélés en 1917 et publiés en 1937, évoquaient la fin de la Première Guerre mondiale, en annonçaient une seconde, ainsi que l’avènement de la Russie communiste. Le troisième secret avait été rédigé par soeur Lucie en janvier 1944 puis consigné à l’évêque de Leira au Portugal, afin qu’il le transmette à Rome. La religieuse avait stipulé qu’il ne pouvait être révélé qu’à partir de 1960, sur décision du pape.

Jean Paul II se fit porter le document conservé dans les archives de la Congrégation pour la doctrine de la foi alors qu’il était hospitalisé à la polyclinique Gemelli de Rome suite à l’attentat du 13 mai 1981. Attentat qui faillit lui coûter la vie et dont il a toujours attribué la fin heureuse à la protection de la Vierge de Fatima, fêtée le 13 mai. C’est à l’occasion de son voyage à Fatima, en 1982, pour la remercier qu’il a fait sertir dans la couronne de la statue du sanctuaire la balle qui l’avait touché.

Le texte de ce troisième secret parlait d’un «évêque vêtu de blanc» marchant péniblement vers la Croix parmi les cadavres de personnes martyrisées et tombant sous les balles de soldats. Après en avoir pris connaissance, Jean Paul II lui-même se serait reconnu dans cette évocation. Il décida de ne pas publier le document, sur recommandation du cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

C’est le 23 mai 2000, après son deuxième voyage à Fatima, que Jean Paul II jugea venu le temps de la publication du texte. Le secret fut lu en direct et en mondovision le 26 juin de la même année accompagné d’une longue note d’interprétation de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le cardinal Tarcisio Bertone avait été particulièrement en charge de la révélation du 3e secret lorsqu’il était secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, sous la responsabilité du préfet de l’époque, le cardinal Ratzinger.

Interrogé depuis à de multiples reprises sur l’éventualité d’une partie encore cachée des révélations de la Vierge en 1917 et auteur d’un ouvrage sur le sujet – La dernière voyante de Fatima – Mes entretiens avec soeur Lucie – le cardinal Bertone a précisé qu’il n’y avait jamais eu de 4e secret de Fatima. (apic/imedia/ami/pr)

14 février 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!