Le pape appelle à soutenir les réfugiés arméniens du Haut-Karabagh
Le pape François a reçu les membres du Synode des évêques de l’Église catholique arménienne, le 28 février 2024. Déplorant le sort de «tous ceux qui fuient le Haut-Karabagh», il a encouragé les responsables de cette petite Église orientale à se rapprocher de l’Église orthodoxe arménienne et à cultiver la transparence dans le domaine économique.
L’Église catholique arménienne est issue de l’Église apostolique arménienne qui a rejoint l’Église catholique au 18e siècle. Malgré une santé fragile (qui l’a forcé l’après-midi à se rendre en consultation dans un hôpital romain), le pontife a reçu ce même jour les membres du Synode de cette Église orientale. Ces derniers étaient en pèlerinage à Rome sur les tombes de Pierre et Paul à l’occasion de la fête de saint Grégoire de Narek, moine et mystique arménien proclamé docteur de l’Église par le pape François en 2015.
Soutenir les réfugiés et la diaspora arménienne
Dans le discours du pape – qui a été lu, en raison de ses problèmes de santé, par un employé de la secrétairerie d’État – est déploré le sort des réfugiés arméniens ayant dû fuir la région de l’Artsakh, aussi appelé Haut-Karabagh, après son annexion par les forces armées azéries en septembre 2023. «Que de guerres, que de souffrances», écrit-il sans jamais nommer l’Azerbaïdjan.
Le pontife demande à ses visiteurs de venir en aide aux réfugiés et de soutenir la diaspora là où elle se trouve. Il affirme qu’il prie pour eux et pour l’Arménie, et encourage les responsables de l’Église catholique arménienne à faire «résonner le cri de la paix» dans cette région du monde.
Contre l’arrivisme dans l’Église
Le pape François a aussi profité de la présence de l’ensemble du Synode de l’Église catholique arménienne pour lui dispenser des conseils en matière de nomination des évêques, dont le Synode est responsable. Il leur demande de privilégier les prêtres «dévoués au troupeau, fidèles à la pastorale» et d’écarter les profils «arrivistes». «Un évêque qui voit son éparchie [diocèse, NDLR] comme un lieu de passage vers une autre plus ›prestigieuse’ oublie qu’il est marié à l’Église», insiste le pape. Une telle situation, souligne-t-il, est semblable à un «adultère pastoral».
Le pontife met en garde contre les profils de prêtres ambitieux qui ont «le nez dans les affaires» ou qui «ont toujours leur valise à la main». Insistant sur la dimension économique, il demande aux responsables d’agir en «pleine transparence, y compris dans le domaine économique».
François plaide de plus pour une meilleure formation à la vie religieuse pour les séminaristes, exhortant à ne pas leur inculquer une «psychologie princière» ou à en faire des «bureaucrates».
Se rapprocher de l’Église arménienne catholique
Le pape souligne enfin auprès des représentants de l’Église arménienne catholique, aujourd’hui basés au Liban, «l’indispensable collaboration» avec l’Église apostolique arménienne. Il exprime en outre le désir de pouvoir un jour prier avec ses «frères» de cette Église orthodoxe.
Fondée par Jude et Barthélemy dès le Ier siècle selon la tradition, l’Église apostolique arménienne est aujourd’hui composée de plus de 10 millions de membres – contre seulement 750’000 personnes dans l’Église arménienne catholique. Ces deux Églises sont caractérisées par une très importante diaspora.
«Ils sont nombreux à être dispersés dans le monde et parfois dans de vastes territoires, où il est difficile de leur rendre visite», souligne le pape, qui encourage ses hôtes à trouver des moyens pour les atteindre, insistant sur le fait que l’essentiel n’est pas à chercher dans les «structures», mais dans la «charité pastorale».(cath.ch/imedia/cd/lb)