Le pape a envoyé une lettre à tous les prêtres du diocèse de Rome leur demandant de "se faire serviteur du peuple" | © Pixabay
Vatican

Le pape demande aux prêtres de Rome de lutter contre les mondanités

«Retroussons nos manches et plions les genoux!», demande le pape François aux prêtres du diocèse de Rome dans une lettre publiée le 7 août 2023. Dans la continuité de sa réforme du diocèse, entamée cette année, le pontife demande aux près de 3’700 prêtres de la capitale italienne d’être un «exemple» pour le monde, en revenant «aux sources de l’Évangile».

Le 6 janvier dernier, le pape François avait publié In Ecclesiarum Communione, une constitution apostolique réformant le Vicariat de Rome – sur lequel il a autorité en tant qu’évêque de Rome – pour en faire un diocèse «modèle», plus synodal et missionnaire. Cet aggiornamento avait été suivi d’une reprise en main des structures économiques et financières du diocèse le 15 février.

Près de six mois plus tard, l’évêque de Rome décide d’envoyer une lettre aux prêtres de son diocèse à l’occasion de la fête de la dédicace de la basilique romaine de Sainte-Marie-Majeure à la mère de Dieu, célébrée chaque 5 août. La tradition veut que la Vierge ait indiqué le lieu où devait être bâti cette église au pape Libère en 366 en faisant tomber de la neige en plein mois d’août sur la colline de l’Esquilin. Le pape François est attaché à cet édifice et se rend très souvent dans cette basilique pour vénérer une icône de Marie, Salus Populi Romani – encore ce matin, en remerciement pour son voyage à Lisbonne à l’occasion des JMJ.

Le pontife, qui sait que nombre de prêtres sont en vacances pendant ces jours, en profite pour leur offrir une réflexion de quatre pages sur ces «moments de recharge» dont ils ont besoin. Et s’il a rompu avec la tradition qui veut que les papes sortent du Vatican pendant l’été pour se reposer – notamment dans la résidence de Castel Gandolfo –, il reconnaît qu’un repos physique et spirituel est nécessaire.

Cependant, le pape demande aussi à ses prêtres de trouver du repos dans «la fraternité», parce que celle-ci «réconforte, offre des espaces de liberté intérieure et ne nous fait pas nous sentir seuls face aux défis du ministère». Pour cela, il les invite à «cultiver le don précieux de la communion» et à être «toujours, vraiment toujours, prêts et disposés à accorder le pardon de Dieu» à ceux qui leur sont confiés.

Les dangers de la mondanité spirituelle

François les met une nouvelle fois en garde contre le «formalisme hypocrite» dans lequel le prêtre peut se fermer à cette relation fraternelle et miséricordieuse: la «mondanité spirituelle». Il s’agit, prévient-il, d’un «mode de vie qui réduit la spiritualité aux apparences» et fait des prêtres des «marchands d’esprit». Ils sont alors «revêtus de formes sacrées» mais «continuent de penser et d’agir selon les modes du monde».

Cette «tentation douce» et «insidieuse» naît, selon le pape, d’une forme de «narcissisme» et se manifeste notamment par «l’intransigeance doctrinale et l’esthétisme liturgique». Citant à plusieurs reprises les théologiens Henri de Lubac et Yves Congar, il demande à ses prêtres une grande «vigilance intérieure» pour combattre cette tendance néfaste.

L’évêque de Rome se dit particulièrement inquiet face à une expression de la mondanité spirituelle, le cléricalisme, qui touche les prêtres et «même les laïcs et les agents pastoraux». Il en rappelle la définition: «quand, peut-être sans nous en rendre compte, nous montrons aux gens que nous sommes supérieurs, privilégiés, placés ›au-dessus’ et donc séparés du reste du peuple saint de Dieu».

L’antidote au cléricalisme

Mais, rassure le pape, il existe un «antidote quotidien» à la mondanité et au cléricalisme: «regarder Jésus crucifié». Il demande aux prêtres de fixer «chaque jour nos yeux sur Celui qui s’est dépouillé et s’est humilié pour nous jusqu’à la mort». «Tel est l’esprit sacerdotal: se faire serviteurs du peuple de Dieu et non maîtres, laver les pieds de nos frères et sœurs et non les écraser sous nos pieds», insiste-t-il.

Pour cela, François incite les prêtres à initier «des parcours synodaux» dans leur ministère. Ceux-ci, affirme-t-il, aident à se «dépouiller» des «certitudes mondaines et cléricales».

Une lettre personnelle

Si les thèmes que le pape aborde – le cléricalisme, la synodalité ou la mondanité spirituelle – sont des fils rouges du pontificat et ont fait déjà l’objet de très nombreuses déclarations et enseignements, la forme adoptée dans cette lettre est plus pastorale et plus personnelle qu’habituellement. Le pape remercie notamment les prêtres de son diocèse pour leur travail et leur engagement quotidien, se disant proche de leurs «joies», mais aussi de leur «amertume», et de leurs «souffrances».

«Je me sens en chemin avec vous», déclare le pontife, qui prend soin d’expliquer qu’il leur dispense ces conseils «en tant que vieil homme et du fond du cœur». «Dans la prière, il me revient que Dieu nous demande d’aller en profondeur dans la lutte contre la mondanité spirituelle», déclare-t-il notamment.

«Notre ministère sacerdotal ne se mesure pas à l’aune des succès pastoraux», affirme enfin le pape François. Dieu, explique-t-il, n’exige pas des prêtres «un emploi du temps dicté par le critère de l’efficacité», mais leur offre «de l’attention et du réconfort». (cath.ch/imedia/cd/bh)

Le pape a envoyé une lettre à tous les prêtres du diocèse de Rome leur demandant de «se faire serviteur du peuple» | © Pixabay
7 août 2023 | 16:18
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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