"Consolons-nous et accompagnons-nous le Seigneur, abandonné et souffrant, dans les plus petits et les plus délaissés ? ”, s’est interrogé le pape François. | © Gregory Roth
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Le pape dénonce 'l'indifférence satisfaite' de la société

«Consolons-nous et accompagnons-nous le Seigneur, abandonné et souffrant, dans les plus petits et les plus délaissés ? «, s’est interrogé le pape François le 25 janvier 2019 dans sa méditation pour le Chemin de croix organisé dans le cadre des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) au Panama.

Après une liturgie pénitentielle avec des jeunes détenus et un déjeuner en privé à la nonciature, le pape a retrouvé à 17h15 les participants des JMJ le long de la Cinta Costera. Chacune des 14 stations du Chemin de croix était accompagnée d’une méditation et d’une prière prononcées par deux jeunes d’un pays du continent américain, particulièrement concerné par le sujet de cette réflexion. Ainsi des Salvadoriens ont lu les textes sur le martyre, des Vénézuéliens sur les migrants et réfugiés ou encore des Mexicains sur le terrorisme et les attentats.

Pour le pontife, la marche du Christ vers le Calvaire est un «chemin de souffrance et de solitude» dans lequel le Seigneur «rejoint le chemin de croix de chaque jeune». «Et nous, s’est-il interrogé, consolons-nous et accompagnons-nous le Seigneur, abandonné et souffrant, dans les plus petits et les plus délaissés?» Cette souffrance se déroule dans «l’indifférence satisfaite et anesthésiante de notre société qui consomme et se consume». Face aux drames quotidiens, a-t-il repris avec force, le monde reste indifférent et «consomme le drame de sa propre frivolité».

Les réseaux d’exploitation entretenus par ceux qui disent servir le Seigneur

Dans sa méditation, le pape François a dressé une liste des maux de l’époque actuelle, du «cri étouffé des enfants que l’on empêche de naître» aux «femmes maltraitées, exploitées et abandonnées», en passant par le «manque d’éducation et de travail digne» et la «spirale de mort» de la drogue et de la prostitution. Mais aussi, la perte de la «capacité de rêver», «la résignation et le conformisme», la solitude de nombreuses personnes âgées, ou encore le cri de la terre «blessée dans ses entrailles par la pollution». Pour le pape, cette société qui a «perdu la capacité de pleurer et de s’émouvoir» ne fait que renforcer ces souffrances.

Même les chrétiens, a-t-il reconnu, détournent souvent le regard, voire cèdent à la culture du harcèlement. Pire encore, ce sont parfois ceux-là même qui disent servir le Seigneur qui entretiennent les réseaux d’exploitation, de criminalité et d’abus. Une allusion claire aux abus sexuels, de pouvoir et de conscience commis par des membres du clergé. Ces comportements, se nourrissent de la vie de jeunes dont la dignité se retrouve éparpillée et maltraitée. Dans sa longue énumération, le pontife a également mentionné «l’ennui de la résignation et le conformisme, une des drogues les plus consommées de notre temps».

Rester debout à côté de la croix

Les chrétiens doivent se mettre à l’école de Marie, a exhorté le successeur de Pierre, pour «apprendre à rester debout à côté de la croix». «Nous voulons être une Eglise qui soutient et qui accompagne (…) dans les croix de tant de christs» à travers le monde. En Marie, «grande gardienne de l’espérance, nous apprenons à recevoir» les autres et leurs souffrances, avec révérence, délicatesse et compréhension». Cette attitude est celle du coeur qui connaît la tendresse et le dévouement.

L’Eglise est ainsi appelée à accueillir, protéger, promouvoir et intégrer, à ne céder ni à la stigmatisation ni à la généralisation. Et surtout pas à «la condamnation la plus absurde et la plus irresponsable qui identifie tout migrant comme porteur d’un mal social». Une phrase forte là encore, dans une région dont de nombreux habitants émigrent vers le nord et buttent à la frontière mexicano-américaine. En novembre dernier, le président américain Donald Trump avait estimé que nombre d’entre eux étaient des «criminels».

Après son discours, le chef de l’Eglise catholique a donné sa bénédiction aux participants avant de rentrer à la nonciature apostolique. Selon une estimation probablement optimiste des organisateurs, quelque 400’000 fidèles étaient présents. Le 26 janvier, le programme du pontife débutera par une messe célébrée dans la basilique Sainte-Marie La Antigua, cathédrale de Panama, dont il consacrera l’autel au cours de la messe. (cath.ch/imedia/xln/mp)

«Consolons-nous et accompagnons-nous le Seigneur, abandonné et souffrant, dans les plus petits et les plus délaissés ? «, s’est interrogé le pape François. | © Gregory Roth
26 janvier 2019 | 09:55
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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