Le pape encourage les «garde-fous» contre la corruption au Vatican
«Les scandales servent davantage à remplir les pages des journaux qu’à corriger les comportements en profondeur», a déploré le pape François le 11 décembre 2023. Il s’exprimait lors d’une audience accordée aux employés du Bureau du réviseur général, l’organisme en charge de l’audit interne du Saint-Siège.
Le Bureau du réviseur général a été créé le 24 février 2014 avec la publication du Motu Proprio Fidelis dispensator et prudens, «dans la continuité du travail déjà entamé par le pape Benoît XVI». Son périmètre d’action a été précisé par plusieurs deux autres motu proprio, promulgués en février 2015 et janvier 2019, et intégré dans la nouvelle constitution apostolique Praedicate Evangelium entrée en vigueur le 1er juin 2022.
Un organe de détection des «anomalies»
Le Bureau du réviseur général, dirigé depuis mai 2021 par Alessandro Cassinis Righini, est chargé, selon la constitution, de «la révision comptable du bilan consolidé du Saint-Siège». Il transmet chaque année un rapport d’audit annuel sur les anomalies observées – corruption, fraude, attribution de marché ou de ressources inadéquates – au secrétariat pour l’Économie, l’autorité ‘exécutive’ de l’économie du Saint-Siège, et un «programme annuel de révision» au Conseil pour l’Économie, qui supervise l’action de toutes les entités économiques du Saint-Siège.
Alignement nécessaire sur les normes internationales
Dans son discours, le pontife a insisté sur l’indépendance de la structure qui doit être animée par une exigence de «correction fraternelle» et sans céder à la «tentation d’un protagonisme facile». Il invite les membres du Bureau à collaborer avec les autres dicastères de la Curie, notamment les entités économiques en «évitant les compétitions qui peuvent facilement se transformer en rivalité».
Le pape encourage en outre le Bureau à rester attentif aux «pratiques internationales» dans leur domaine de compétence et de «promouvoir l’application des meilleures d’entre elles». Le Saint-Siège a notamment adhéré en 2016 à la Convention de Mérida sur la lutte contre la corruption. Cet alignement sur les normes internationales est souhaitable, sauf quand ces dernières contredisent les enseignements de l’Église, nuance-t-il.
Enfin, le pontife met en avant le professionnalisme des employés du Bureau du Réviseur général. «Il est certain que les personnes qui travaillent au Saint-Siège et dans l’État de la Cité du Vatican le font fidèlement et honnêtement, mais l’attrait de la corruption est si dangereux que nous devons être très vigilants», a-t-il insisté.
Mise en garde contre une «insidieuse corruption»
Tout en reconnaissant les vertus d’une «transparence absolue» dans le domaine économique, le pontife a loué la «discrétion» des membres du Bureau. Il a déploré que les «scandales servent davantage à remplir les pages des journaux qu’à corriger les comportements en profondeur». Il les encourage donc à aider les entités économiques du Saint-Siège à créer des «garde-fous» afin de prévenir le plus possible le développement d’une «insidieuse corruption» au Vatican.
Ces déclarations du pape François interviennent à quelques jours du verdict du grand procès financier de l’affaire dite ‘de l’immeuble de Londres’, qui portent sur plusieurs irrégularités économiques observées au sein de la secrétairerie d’État. Le cardinal Angelo Becciu, ancien substitut, est notamment mis en cause.
De plus, l’ancien réviseur général Libero Milone (2015-2017) poursuit actuellement le Saint-Siège pour licenciement abusif. Ce dernier affirme avoir été la victime d’une machination pour éviter qu’il ne révèle d’importantes irrégularités financières. Le Saint-Siège a également ouvert une procédure à son encontre. (cath.ch/imedia/cd/rz)