Le pape, ici en mars 2021, à son arrivée à la cathédrale syro-catholique de Bagdad | © I.Média
Vatican

Le pape exhorte les fidèles syro-malabars à rester dans l'Église

De façon inhabituelle, le pape François s’est adressé directement aux fidèles de l’Église indienne syro-malabare, aux prises avec une grave querelle liturgique, pour les supplier de ne pas créer un schisme, dans un message vidéo diffusé le 7 décembre 2023. «Rétablissez la communion, restez dans l’Église catholique!», supplie le pontife, qui donne aux réfractaires jusqu’à Noël pour appliquer la réforme de leur rite votée par leurs responsables.

Le 266e pape met en garde les prêtres de cette Église, principaux initiateurs de la contestation dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamly, dans le Kerala, contre le danger de devenir «une secte». En cas de non-application du nouveau rite de la messe – appelée Qurbana, ou «saint sacrifice» dans cette liturgie orientale –, «les sanctions appropriées devront être prises», écrit le ›numéro 1’ de l’Église catholique qui ne souhaite pas «en arriver là».

Le pape, qui vient d’accepter la démission du chef de cette Église, le cardinal George Alencherry, condamne les épisodes de violence de ces dernières années. Les réfractaires ont notamment organisé des manifestations agitées, brûlant des effigies de hauts-dignitaires ecclésiastiques. En août dernier, le mouvement séditieux avait essayé d’empêcher l’accès de l’envoyé du pape, Mgr Cyril Vasil, à la cathédrale d’Ernakulam-Angamly, siège de leur Église qui compte 4,5 millions de fidèles en Inde. (cath.ch/imedia/ak/gr)

Le message du pape François:

«Frères et sœurs de l’archiéparchie d’Ernakulam-Angamaly, je suis proche de vous!

Je vous suis depuis des années, je connais la foi et l’engagement apostolique de la bien-aimée Église syro-malabare, qui est une source de joie et de fierté pour l’Église universelle, et c’est pourquoi mon cœur est triste aujourd’hui en vous parlant.

Votre Synode, après un travail long et ardu, est parvenu à un accord sur la manière de célébrer le saint Qurbana. La charité et l’amour de la communion ont poussé ses membres à faire ce pas, même si certains d’entre eux ne considèrent pas cette forme de célébration comme idéale. Ce sont les sacrifices que la communion exige!

Mais l’Église est communion. S’il n’y a pas de communion, il n’y a pas d’Église. C’est une secte.

Je sais que, depuis des années, certains, qui devraient être des exemples et de véritables maîtres de la communion, en particulier des prêtres, vous poussent à désobéir et à vous opposer aux décisions du Synode. Frères et sœurs, ne les suivez pas!

La discussion, lorsqu’elle n’est pas sereine, engendre la violence. Et il y a eu et il y a de la violence parmi vous, en particulier contre ceux qui souhaitent rester en communion et célébrer comme votre Église l’a établi.

Moi aussi, je vous ai exhortés à maintes reprises à être dociles à l’égard de votre Église. Comment peut-on parler d’Eucharistie si la communion est rompue, si le Saint-Sacrement n’est pas respecté, s’il y a des combats et des bagarres?

Je sais qu’il y a des raisons d’opposition qui n’ont rien à voir avec la célébration de l’Eucharistie ou même avec la liturgie. Ce sont des raisons mondaines. Elles ne viennent pas de l’Esprit Saint. Si elles ne viennent pas de l’Esprit Saint, elles viennent d’ailleurs.

C’est pourquoi j’ai étudié avec soin et en prenant le temps les raisons que l’on donne depuis des années pour vous convaincre. Je vous ai déjà écrit plusieurs fois dans le passé, mais je sais que mes lettres n’ont pas été lues à tout le monde.

Maintenant, j’ai décidé de m’adresser à vous, le saint peuple fidèle de Dieu, le clergé, les religieux et les religieuses, et surtout à vous, chers fidèles laïcs, qui avez tant de foi dans le Seigneur et qui aimez l’Église. Et je le fais de cette manière un peu inhabituelle, afin que personne n’ait de doutes sur ce que pense le pape.

Au nom du Seigneur, pour le bien spirituel de votre Église, de notre Église, je vous demande de réparer cette rupture. C’est votre Église, c’est notre Église. Rétablissez la communion, restez dans l’Église catholique!

Et vous, prêtres, souvenez-vous de votre ordination et des engagements que vous avez pris. Ne vous séparez pas du chemin de votre Église, mais marchez avec le Synode, vos évêques, l’archevêque majeur. Acceptez de mettre en pratique ce que votre Synode a établi.

Je vous ai envoyé mon délégué en la personne de l’archevêque Cyril Vasil. Il est venu parmi vous et lui aussi, en mon nom, vous a demandé de mettre fin à la lutte, de mettre fin à l’opposition et, parfois, à la violence – il y a de la violence!

Ne voyez-vous pas qu’ainsi l’Église se bloque et que tant d’initiatives de bien ne peuvent plus être exercées au service du peuple saint de Dieu, au service de la sanctification du peuple de Dieu?

Faites en sorte que, d’ici Noël 2023, votre Archidiocèse accepte humblement et fidèlement de rattraper le reste de votre Église, en respectant toutes les indications de votre Synode.

Je vous prie d’être attentifs ! Veillez à ce que le diable ne vous incite pas à devenir une secte. Vous êtes des Églises, ne devenez pas une secte. Ne forcez pas l’autorité ecclésiastique compétente à prendre acte que vous avez quitté l’Église, parce que vous n’êtes plus en communion avec vos pasteurs et avec le successeur de l’apôtre Pierre, appelé à confirmer tous les frères et sœurs dans la foi et à les préserver dans l’unité de l’Église. C’est donc avec une grande tristesse que les sanctions appropriées devront être prises. Je ne veux pas en arriver là.

Par conséquent, pour le prochain Noël, dans l’archiéparchie d’Ernakulam-Angamaly, comme dans toute l’Église syro-malabare, que le Qurbana soit célébré en communion, en suivant les directives du Synode. Souvenez-vous de votre archevêque majeur dans la liturgie et priez pour lui. Cela a toujours été un signe important que vous vous reconnaissez dans l’unité de l’Église. Ce sera alors Noël pour tout votre peuple, pour tous.

S’il vous plaît, ne continuez pas à blesser le corps du Christ ! Ne vous en séparez plus ! Et même s’il y a eu des torts envers vous, pardonnez-les généreusement. Que l’Eucharistie soit le modèle de votre unité. Ne brisez pas le Corps du Christ qu’est l’Église, de peur de manger et de boire votre condamnation (cf. 1 Co 11, 29). Que le Seigneur vous bénisse et que l’Esprit Saint vous éclaire. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Je vous remercie.» (trad I.MEDIA)

Le pape, ici en mars 2021, à son arrivée à la cathédrale syro-catholique de Bagdad | © I.Média
8 décembre 2023 | 11:50
par I.MEDIA
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