Le pape invite des journalistes allemands à être universels
«Une Église qui se préoccupe avant tout d’elle-même devient malade d’autoréférentialité», a mis en garde le pape François lors d’une audience avec des journalistes allemands, le 4 janvier 2024. Évoquant le chemin synodal allemand, il a plaidé pour une synodalité plus spirituelle et plus universelle, soulignant l’importance que joue la papauté dans la défense de la «communion» au sein de l’Église.
Le pape a reçu les membres de la Société des journalistes catholiques allemands à l’occasion du 75e anniversaire de cette association. Lors de l’audience, il leur a remis un discours préparé pour l’occasion dans lequel il évoque la question épineuse du «chemin synodal» allemand.
Entre 2019 et 2023, l’Église catholique allemande a mené son propre chemin synodal, un processus national visant à trouver des réponses aux crises qu’elle traverse: la sécularisation, la baisse des vocations et les abus. Ces assemblées, dont la dernière s’est tenue en mars dernier, ont plébiscité un agenda résolument réformateur, avec notamment la mise en place d’un système de gouvernance partagé (Conseil synodal), l’autorisation des bénédictions pour les couples homosexuels, et demandé une évolution de la doctrine de l’Église sur la sexualité, le célibat sacerdotal ou les ministères des femmes.
Si le pape François avait encouragé ce chemin synodal en 2019 en adressant une lettre aux catholiques allemands, il s’est ensuite montré très souvent critique, tout comme plusieurs hauts responsables de la Curie romaine. Pendant l’audience accordée aux journalistes catholiques allemands, le pontife les a d’ailleurs encouragés à relire sa lettre de 2019. Il insiste notamment sur deux points clés de ce texte: «le soin de la dimension spirituelle» et celui de la «dimension universelle».
Aller à la rencontre des «misères cachées»
La dimension spirituelle de la synodalité, explique-t-il, c’est rechercher «la docilité à l’Esprit saint et non à l’esprit du temps». Le pontife a récemment et à plusieurs reprises accusé le chemin synodal allemand d’être trop intéressé par les questions structurelles.
L’autre dimension, celle de l’universalité, invite à «ne pas concevoir la vie de foi comme quelque chose de relatif à sa propre sphère culturelle et nationale». «Une Église qui se préoccupe avant tout d’elle-même devient malade d’autoréférentialité», a-t-il mis en garde.
Récemment, le pontife s’est inquiété dans un courrier adressé à des opposants au chemin synodal allemand du risque de voir une partie de l’Église en Allemagne «s’éloigner toujours plus du chemin commun de l’Église universelle». Il a rappelé son autorité en matière d’universalité, affirmant que la communion était un élément «essentiel dans l’Église, où le lien avec l’universalité est développé et harmonisé d’une manière particulière par le ministère du successeur de Pierre».
Le pape François a enfin encouragé les journalistes catholiques d’Allemagne, «pays prospère et développé», à aller à la rencontre des misères «parfois cachées» qui se trouvent dans leur pays. Il a notamment cité le problème de la pauvreté qui frappe une partie de la population, notamment les familles et les migrants. (cath.ch/imedia/cd/bh)