Le pape met en garde contre les dangers de «certains principes trompeurs» de la théologie de la libération

Rome: Le pape Benoît XVI reçoit les évêques du Brésil en visite «ad limina»

Rome, 6 décembre 2009 (Apic) En recevant une trentaine d’évêques brésiliens au terme de leur traditionnelle visite «ad limina» (*), le 5 décembre 2009, Benoît XVI a particulièrement mis en garde la communauté ecclésiale devant les dangers de «certains principes trompeurs» de la théologie de la libération. Déplorant que certains se laissent encore séduire par ces principes, le pape a relevé qu’il pouvait entraîner la «rébellion» ou «l’anarchie» au sein des diocèses.

En présence d’un nouveau groupe d’évêques brésiliens, venus des régions du sud du pays, le pape a particulièrement salué le rôle des écoles et des universités catholiques dans le pays, notant cependant que les universités n’étaient pas «la propriété» de ceux qui les avaient fondées ou les fréquentent, mais «l’expression de l’Eglise et de son patrimoine de foi».

Quelques aspects de la théologie de la libération…

Benoît XVI a aussitôt évoqué l’Instruction Libertatis nuntius «sur quelques aspects de la théologie de la libération» publiée en août 1984. Le pape, lui-même signataire de ce document alors qu’il était à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a rappelé devant les prélats brésiliens que ce texte doctrinal avait souligné «le danger que comportait l’adoption dénuée de critiques, par certains théologiens, de thèses et de méthodologies issues du marxisme».

Les «conséquences plus ou moins visibles» de cette théologie, a ensuite regretté le pape devant les évêques, «faites de rébellion, de division, de dissension, d’offense et d’anarchie, se font encore sentir et créent dans vos communautés diocésaines de grandes souffrances et de graves pertes de forces vives».

Certains principes trompeurs de la théologie de la libération

«Je prie, a alors demandé Benoît XVI, tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, se sont senti attirés, entraînés et touchés personnellement par certains principes trompeurs de la théologie de la libération, de se confronter de nouveau à la déclaration citée précédemment».

Née à la fin des années 1950 en Amérique latine de la profonde injustice sociale frappant une majorité de la population du continent, c’est dans les années 1970-1980 que la théologie de la libération, qui défendait «l’option préférentielle pour les pauvres», a connu son plein épanouissement. Ce courant théologique, qui prenait ses distances avec un catholicisme conservateur fortement lié aux secteurs fortunés de la société, rappelle, sous certains aspects, l’Action catholique française pendant l’entre-deux-guerres.

Au milieu des années 1980, deux documents importants avaient été publiés par la Congrégation romaine pour la doctrine de la foi, présidée alors par le cardinal Ratzinger, l’actuel pape Benoît XVI, pour apprécier, valoriser ou condamner différents aspects de cette théologie. Prenant partiellement à leur compte la grille d’analyse marxiste, de nombreux théologiens avaient alors été accusés de présenter «un marxisme déguisé ayant pour objectif de faire du christianisme un facteur de mobilisation au service de la révolution». Ce courant théologique est devenu influent surtout au Brésil, au Pérou, au Chili et en Amérique centrale autour des figures de Gustavo Gutierrez, Leonardo Boff et Jon Sobrino. Il avait très tôt été pris pour cible par les milieux conservateurs américains, notamment depuis le rapport Rockefeller de 1969, jusqu’aux deux documents dits de Santa Fe.

Selon Jean Paul II, la théologie de la libération peut être «bonne, utile et même nécessaire»

Notons que le pape Jean Paul II, après avoir dénoncé la théologie de la libération, avait cependant admis que cette théologie, débarrassée de ses emprunts marxistes, pouvait être «bonne, utile et même nécessaire», en s’adressant aux évêques du Brésil. Quant au théologien péruvien Gustavo Gutierrez, entre-temps réhabilité, il estime que la théologie de la libération n’est rien d’autre qu’un courant de pensée «justement présent au sein de l’Eglise». Et de relever que le magistère de l’Eglise en a tenu compte à Puebla, à Saint-Domingue, dans l’encyclique «Populorum Progressio», dans tant d’enseignements de Jean Paul II, où il affirme que la pauvreté n’est point «le fruit de la volonté de Dieu, mais le fruit de systèmes économiques humains qui produisent des conditions de vie sous-humaines pour tant de personnes». (apic/imedia/com/ami/be)

6 décembre 2009 | 12:06
par webmaster@kath.ch
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