Le pape prie pour les victimes d’une frappe au Kurdistan irakien
«J’exprime ma proximité et ma solidarité aux victimes de l’attaque de missile qui a frappé une zone urbaine d’Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien», a déclaré le pape au terme de l’audience générale du 17 janvier 2024, en soulignant que les victimes étaient des civils.
Quatre personnes ont péri, dans la nuit du 15 au 16 janvier, lors d’une frappe iranienne sur un immeuble de la périphérie d’Erbil, provoquant une crise diplomatique entre l’Iran et l’Irak. «Les bonnes relations entre voisins ne se construisent pas avec de telles actions mais avec le dialogue et la collaboration», a prévenu le pape François, qui s’était rendu à Erbil en mars 2021, dans le cadre de son voyage historique en Irak. «Je demande à tous d’éviter tout geste qui augmente la tension au Moyen-Orient, et sur les autres terrains de guerre», a exhorté le pontife, sans mentionner la responsabilité de l’Iran.
L’Iran en soutien des milices
Les Gardiens de la révolution iraniens ont assuré avoir visé un «quartier général» des renseignements israéliens, mais cette version a été récusée par Bagdad, qui a dénoncé une «agression» contre sa souveraineté. Le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani, pourtant soutenu par des milices chiites, a déploré «un développement dangereux qui sape la relation solide entre l’Irak et l’Iran», deux pays qui se sont affrontés lors d’une longue guerre entre 1980 et 1988.
La République islamique d’Iran, qui soutient le Hamas dans la Bande de Gaza et le Hezbollah au Liban et en Syrie, est également mise en cause pour son soutien aux Houthis du Yémen, qui ont multiplié les attaques contre les navires occidentaux en mer Rouge ces dernières semaines, en représailles à l’offensive israélienne dans la Bande de Gaza.
Le Saint-Siège, rare point de contact entre l’Iran et l’Occident
Dans le contexte de cette guerre et de son risque d’extension au Moyen-Orient, les canaux de communication entre le Saint-Siège et l’Iran demeurent actifs. Ainsi, le 5 novembre 2023, le pape s’est entretenu par téléphone avec le président iranien Ebrahim Raïssi. Attentif à maintenir de bonnes relations avec Téhéran, le pape François a été critiqué pour sa discrétion face à la répression du mouvement de contestation qui a suivi la mort de la jeune Mahsa Amini, en septembre 2022.
Depuis la Révolution islamique de 1979, le Saint-Siège constitue l’un des rares points de contact du régime iranien en Occident. La nonciature apostolique à Téhéran est restée active après la chute du Chah, conformément à la tradition de la diplomatie pontificale de maintenir une continuité tant que possible, y compris en cas de changement de régime. Le représentant du Saint-Siège fut ainsi l’une des rares personnalités extérieures à pouvoir rendre visite aux otages de l’ambassade américaine durant leur longue captivité, jusqu’à leur libération en janvier 1981, lors de l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan.
La guerre «sème de la haine»
«N’oublions pas les pays qui sont en guerre. N’oublions pas l’Ukraine, n’oublions pas la Palestine, Israël. N’oublions pas les habitants de la Bande de Gaza, qui souffrent tellement», a par ailleurs demandé le pape au terme de l’audience générale de ce 17 janvier.
«Prions pour les si nombreuses victimes de la guerre», a exhorté François, en rappelant que «la guerre détruit toujours». «La guerre ne sème pas de l’amour, elle sème de la haine», a conclu le pontife argentin, en martelant que «la guerre est une vraie défaite humaine». (cath.ch/imedia/cv/rz)