Rome: Retour sur les œuvres littéraires de Benoît XVI

Le pape qui écrit

Rome, 27 février 2013 (Apic) «Pape de l’écrit», Benoît XVI a consacré une bonne partie de son temps libre à l’écriture de la trilogie consacrée à Jésus de Nazareth. Les trois volumes publiés entre 2007 et 2012 ont été des best-sellers dans le monde entier, vendus à plusieurs millions d’exemplaires. Le pape théologien a aussi publié un livre-entretien où il ne craint pas de se livrer et de s’exprimer sur des sujets brûlants.

«Lumière du monde – Le pape, l’Eglise et les signes des temps»

Publié le 23 novembre 2010, «Lumière du monde» est le résultat de six heures d’entretiens avec le journaliste allemand Peter Seewald. Ce dernier avait déjà interrogé Joseph Ratzinger quelques années plus tôt. Deux mois seulement après sa sortie, les ventes atteignaient déjà le million d’exemplaires.

C’est la première fois qu’un pape se confiait aussi directement à un journaliste, ouvrant son cœur avec franchise et sagesse sur nombre de questions délicates. Benoît XVI y propose sa vision du monde et de ses problèmes avec une clarté surprenante, racontant aussi des épisodes de sa vie privée. Dans cet ouvrage, on apprend que le pape allemand, avec la poignée de membres de la ’famille pontificale’, apprécie les films de Don Camillo, qu’il a renoncé à monter sur le vélo d’appartement conseillé par son médecin et qu’il passe beaucoup de temps à lire et étudier des dossiers.

Joseph Ratzinger confie aussi qu’il n’avait pas souhaité la «gigantesque responsabilité» d’être pape et qu’il se sent petit à côté de son «géant» de prédécesseur. S’il juge qu’un souverain pontife ne peut démissionner en pleine crise, il explique que, «si un pape se rend compte clairement qu’il n’est plus capable physiquement, psychologiquement ou spirituellement d’accomplir les tâches de sa fonction, il a le droit et, selon certaines circonstances, l’obligation de démissionner». Cette phrase trouvera en février 2013 un écho tout particulier.

Au fil des pages, Benoît XVI confie le «choc inouï» qu’a représenté pour lui l’ampleur des scandales de pédophilie dans l’Eglise. Il reconnaît que Rome n’a pas été à la hauteur pour expliquer le sens de la levée des excommunications des quatre évêques lefebvristes et déplore la «catastrophe Williamson», selon lui, une véritable «erreur». Le pape théologien avoue aussi qu’il n’avait pas mesuré les effets que provoquerait une petite phrase sur la violence de l’islam dans son fameux discours de Ratisbonne, tirée de son contexte.

Benoît XVI, qui se place en clair héritier d’un Concile Vatican II dont «presque personne ne lit les textes», rappelle les fondamentaux de l’Eglise et de ses principes, glissant une ouverture inattendue en vue de la communion des divorcés remariés.

Il évoque longuement les rapports des chrétiens avec leurs «pères dans la foi», les juifs, et souhaite un dialogue large et intense avec l’islam. Tout au long de ce livre, Benoît XVI présente une Eglise pleine de dynamisme, qui «n’impose rien à personne». Il insiste sur l’urgence de développer «le caractère thérapeutique du christianisme».

«Jésus de Nazareth (I)- Du Baptême dans le Jourdain à la Transfiguration»

Publié en avril 2007, le premier tome consacré à la vie du Christ depuis son baptême jusqu’à la Transfiguration est signé Joseph Ratzinger-Benoît XVI, un choix que le pape réitérera pour les deux autres volumes. Ce livre, est l’expression de sa «recherche personnelle du visage du Seigneur» et n’a pas de caractère magistériel, avait-il expliqué.

Au fil des 10 chapitres, Benoît XVI invite le lecteur «à s’approcher de Jésus comme du Christ sauveur, réalisant comme les disciples le tronçon de la vie publique du Nazaréen, à partir du baptême dans le fleuve Jourdain, jusqu’à atteindre la montagne de la Transfiguration».

Dans «Jésus de Nazareth», le théologien allemand donne au lecteur la possibilité de se laisser toucher par le Christ. Benoît XVI a assuré avoir voulu faire la tentative de présenter le Jésus des Evangiles comme le vrai Jésus, comme le Jésus «historique», dans le vrai sens de l’expression.

En filigrane, Benoît XVI critique l’oubli de Dieu dans la société occidentale. Il croise l’histoire de Jésus avec l’actualité, proposant une vision du pouvoir, de la souffrance, de la religion et de la famille, à la lumière de l’histoire du Christ.

Dans le chapitre 7, centré sur le message des paraboles, il développe celle du Bon Samaritain et en souligne toute l’actualité dans la société mondialisée d’aujourd’hui. «Les populations de l’Afrique ont été volées et saccagées», écrit-il. Il déplore aussi que l’Occident y ait apporté «le cynisme d’un monde sans Dieu, dans lequel seul le pouvoir et le profit comptent».

Ce premier tome a été un succès mondial, avec notamment 500’000 exemplaires écoulés en Allemagne, 600’000 en Italie et 180’000 en France. Le pape a été salué pour cet ouvrage tant par de nombreux hommes d’Eglise que par des laïcs.

«Jésus de Nazareth (II)- De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection»

Publié le 10 mars 2011 à travers le monde, ce deuxième tome porte aussi la double signature Joseph Ratzinger-Benoît XVI. Une grande partie du livre a été rédigée pendant l’été 2010, lorsque le pape s’est retiré de longs mois dans sa résidence de Castel Gandolfo. Comme dans le premier tome, Joseph Ratzinger n’a pas voulu dispenser «un enseignement officiel» mais «participer aux confrontations théologiques».

Le pape théologien se consacre ici aux dernières heures de la vie terrestre du Christ, de son entrée dans la ville de Jérusalem pour sa dernière Cène avec ses disciples, jusqu’à sa mort sur la croix, sa résurrection et son ascension au ciel. Comme il l’indique dans un avant-propos, il tente de «développer un regard sur le Jésus des Evangiles et une écoute de ce qu’il nous dit susceptible de devenir rencontre et… de parvenir aussi à la certitude de la figure vraiment historique de Jésus».

En ouverture du livre, Benoît XVI confie qu’il souhaite, avec son travail, être «utile» à tous ceux qui désirent rencontrer Jésus et croire en Lui. Mais son avant-propos, dans lequel il ne cite pas moins de huit théologiens allemands, catholiques ou protestants, traduit aussi la motivation personnelle d’un tel ouvrage.

De ce livre écrit avant tout par un théologien pour d’autres théologiens, le grand public retiendra surtout des passages relayés par les médias. Il y a notamment celui où Benoît XVI fustige la violence au nom de Dieu et celui où il réaffirme que le peuple juif n’est pas responsable de la mort de Jésus. D’autres retiendront que le Christ n’est pas venu sur terre comme «un révolutionnaire» ou que, s’il est ressuscité, il n’est pas pour autant «un fantôme».

«Jésus de Nazareth(III) – L’Enfance de Jésus»

«Porte d’entrée» des deux tomes précédents, plus court et plus abordable, cet ouvrage d’exégèse publié en novembre 2012 décortique les Evangiles de Matthieu et de Luc pour répondre à une série de questions sur l’enfance de Jésus : «Qu’ont voulu dire, à leur époque, les auteurs de ces textes», ou encore, ce que disent ces textes «est-il vrai»?

Le livre se découpe en quatre chapitres : «D’où es-tu ?», «L’annonce de la naissance de Jean-Baptiste et de la naissance de Jésus», «La naissance de Jésus à Bethléem», et «Les Mages d’Orient et la fuite en Egypte». L’épilogue est consacré aux trois jours au cours desquels Jésus, âgé de 12 ans, se rend au Temple de Jérusalem.

Dans L’enfance de Jésus, Benoît XVI intervient parfois à la première personne du singulier pour prendre position. C’est le cas dans la controverse sur «la messianité de Jésus», sur le lieu de sa naissance ou, de façon plus anecdotique, sur le fait que les bergers sont les premiers à avoir vu Jésus, et sur sa signification. D’autres fois, il préfère laisser des questions en suspend, comme dans l’énigme que représente la réponse de la Vierge Marie à l’ange qui lui annonce qu’elle va devenir la mère du Messie : «Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ?»

Avec ce troisième tome, Joseph Ratzinger a complété un opus qu’il avait déjà entamé il y a une décennie, deux ans avant de monter sur le trône de Pierre. (apic/imedia/cp/lbk/rz)

27 février 2013 | 11:09
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 6  min.
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