Le pape reçoit les présidents du Kazakhstan et de la Colombie

Le pape François a reçu Kassym-Jomart Tokaïev, président du Kazakhstan et Gustavo Petro, président de la Colombie, dans la matinée du 19 janvier 2024. La coopération interreligieuse a été au cœur de la rencontre avec le chef d’État kazakh, tandis que la situation des migrants et la réconciliation entre les différentes factions colombienne ont occupé la venue du président sud-américain.

Ce matin, les agents de sécurité étaient particulièrement en alerte aux alentours de la Cité du Vatican: les berlines sombres des délégations du Kazakhstan et de la Colombie se pressaient pour venir rencontrer le pontife. Ce dernier, qui a confié dans la matinée que son rhume ne voulait «pas disparaître», a maintenu ces rencontres, intercalées entre des audiences avec la nouvelle ambassadrice du Timor oriental, avec le nonce en Éthiopie, avec le pénitencier majeur et avec trois autres groupes.

Le président kazakh, reçu en premier, a pu échanger en privé avec le responsable de l’Église catholique pendant vingt minutes. Le pape a ensuite accordé trente-cinq minutes au président colombien, élu en 2022.

Dans le sillage du voyage de 2022

Lors de l’audience, le président Tokaïev a offert au pontife lors un globe artisanal, réalisé notamment avec l’aide d’une imprimante 3D, sur lequel est enchâssé un aigle de métal, emblème de son pays. Il lui a aussi remis une mosaïque représentant un paysage au bord du lac Karakol au Kazakhstan. Le pontife lui a pour sa part remis plusieurs documents de son pontificat et un carreau de faïence représentant une statue de saint Pierre bénissant avec le dôme de la basilique Saint-Pierre en arrière-plan.

Après son audience avec le pontife, le président kazakh a échangé avec Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États. Les deux hommes ont salué les bonnes relations bilatérales et ont abordé la question des conflits internationaux, en particulier sur le plan humanitaire.

Le président Tokaïev et la «cheville ouvrière» de la diplomatie vaticane ont en particulier souligné leur coopération dans le domaine du dialogue interreligieux, affirme le Bureau de presse du Saint-Siège dans un communiqué. Ils ont en outre plaidé pour un «rôle de plus en plus actif des croyants» au Kazakhstan.

Le pape François s’est rendu au Kazakhstan du 13 au 15 septembre 2022, voyage lors duquel il a participé à une rencontre interreligieuse parrainée par le gouvernement kazakh. Lors de cette visite, un accord a été signé entre les deux pays qui facilite l’acquisition de visas et de permis de séjour pour le personnel ecclésiastique et religieux catholique venant de l’étranger pour des missions pastorales dans le pays d’Asie centrale. L’accord est entré en vigueur en 2023 après l’échange des instruments de ratification.

Migrants, enlèvements et réconciliation

Lors de son audience avec le président colombien, le pape a reçu de son invité deux cadeaux typiques de l’économie et de la culture du pays d’Amérique latine: du café et un poncho artisanal. Le pape lui a offert plusieurs messages et lettres de son pontificat ainsi qu’un moulage en bronze représentant deux mains se serrant, sur fond de colonnade de Saint-Pierre, avec une femme portant un enfant, et un bateau de migrants avec l’inscription «Remplissons nos mains avec d’autres mains».

Lors du discours au corps diplomatique le 8 janvier dernier, le pape avait alerté ses hôtes sur le sort de migrants qui se trouvent dans la forêt du Darién, à la frontière entre la Colombie et le Panama. Il est aussi régulièrement intervenu ces dernières années pour soutenir les réfugiés en provenance du Venezuela, venus fuir la crise politique, économique et sociale qui touche leur pays.

Le président Petro a d’ailleurs abordé la question migratoire lors de ses échanges avec Mgr Gallagher, qu’il a rencontré après l’audience papale. Les deux hommes ont aussi évoqué l’importance de la question environnementale dans la région – le sud de la Colombie étant occupé par la forêt amazonienne. Le pape a montré une attention particulière à la situation du bassin amazonien dans sa lettre apostolique Querida Amazonia en 2020.

A aussi été évoquée la situation sociopolitique du pays. Le gouvernement colombien de Gustavo Petro tente de négocier avec des guérillas insurrectionnelles telles que les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), ou l’Armée de libération nationale (ELN).

Le pape, qui avait plaidé pour la réconciliation lors de son voyage en Colombie en 2017, a demandé lors de l’Angélus du 7 janvier dernier la «libération sans condition» de toutes les personnes enlevées en Colombie – le plus souvent par les FARC, et l’ELN, mais aussi par des mouvements d’extrême-droite. «Ce geste, qui est un devoir devant Dieu, favorisera également un climat de réconciliation et de paix dans le pays», avait assuré le pontife. (cath.ch/imedia/cd/gr)