«L’Église toute entière est concernée par les abus de quelques-uns», a affirmé le théologien Henry Donneaud au congrès du 4 mai 2024, au Vatican, sur la réparation spirituelle des abus dans l’Église catholique | © Unsplash
Vatican

Le pape rencontre trois victimes d'abus

«Si l’irréparable ne peut être totalement réparé, l’amour peut toujours renaître, rendant la blessure supportable», a déclaré le pape François, le 4 mai 2024. Il recevait au Vatican les 200 participants à un congrès sur la réparation spirituelle des abus dans l’Église catholique, le 4 mai 2024. Pendant cette audience, le pontife a pris le temps de rencontrer individuellement trois victimes présentes à ce colloque.

Le congrès «Réparer l’irréparable», organisé du 1er au 5 mai dans le contexte de la crise des abus que traverse l’Église, était organisé par le sanctuaire de Paray-le-Monial, en France. Une quarantaine d’experts et de témoins sont intervenus devant un public international de participants venus notamment de France, d’Espagne, de Pologne ou encore du continent américain.

Pendant l’audience avec le pape François, une place particulière a été réservée aux victimes, rapporte à l’agence I.MEDIA le frère dominicain Henry Donneaud, intervenant au colloque. «Après avoir lu son discours, le pape a voulu saluer chacun des participants, et la primauté a été donnée à chacune des victimes, qui ont pu rester plusieurs minutes avec le pape, qui a pris du temps pour les écouter», assure-t-il. Parmi elles, une sœur de la congrégation Saint-Jean, et un prêtre français.

La réparation «garantit l’authenticité de la demande de pardon»

«Le mal commis contre le prochain est aussi une offense contre Dieu», a affirmé le pape dans son discours. «Combien de larmes coulent encore sur les joues de Dieu, alors que notre monde connaît tant d’atteintes à la dignité de la personne, même au sein du peuple de Dieu!», s’est-il désolé.

«La réparation complète semble parfois impossible, lorsque […] certaines situations sont devenues irréversibles. Mais l’intention de réparer […] est essentielle au processus de réconciliation et au retour de la paix dans le cœur», a souligné François. C’est d’ailleurs la réparation qui «garantit l’authenticité de la demande de pardon», a-t-il ajouté, invitant aussi à savoir reconnaître «sa culpabilité».

L’Église toute entière est concernée par les abus

Dans son discours, le pontife a aussi encouragé à redécouvrir la «belle pratique de réparation au Sacré Cœur de Jésus», qui «peut être un peu oubliée ou jugée à tort désuète aujourd’hui». Selon l’Église, en apparaissant à la religieuse visitandine Marguerite-Marie Alacoque, y a 350 ans, en 1673, Jésus lui a demandé de s’unir spirituellement à la «réparation» des péchés des hommes.

«Cette réparation que Jésus demande peut nous permettre de comprendre la démarche de réparation spirituelle des abus commis dans l’Église», explique encore le frère Henry Donneaud. Et de préciser: «Cela ne remplace pas du tout la réparation humaine, qui consiste à rendre justice, mais la réparation spirituelle responsabilise tout le corps ecclésial».

«L’Église toute entière est concernée par les abus de quelques-uns», poursuit le théologien. L’Église est en effet «coupable dans ses structures systémiques», et cela exige «une solidarité dans la réparation». Pour le religieux de la province de Toulouse, ce colloque «permet aussi de lutter contre l’indifférence. Grâce à ce genre d’initiatives, l’Église prend conscience de la gravité du problème des abus commis par des clercs».

Le pape rencontre régulièrement des victimes

Durant son pontificat, le pape a rencontré à plusieurs reprises des victimes d’abus. En novembre dernier, il a reçu 21 victimes françaises d’abus sexuels de l’ouest de la France. «Au nom de l’Église, je vous demande pardon», leur avait-il confié. Lors des JMJ de Lisbonne, en août 2023, le pontife argentin a rencontré un groupe de 13 victimes d’abus.

En 2015, il avait également passé du temps avec des personnes abusées sexuellement à Philadelphie, à l’occasion de son voyage aux États-Unis. «Je regrette profondément que certains évêques n’aient pas assumé leur responsabilité de protéger les mineurs», se désolait-il. Lors d’un déplacement en Irlande en 2018, le pape argentin avait longuement reçu 8 victimes à la nonciature de Dublin.

En 2008, le pape Benoît XVI avait lui aussi rencontré des victimes de violences sexuelles perpétrées par des hommes d’Église en marge des JMJ de Sydney, en Australie. (cath.ch/imedia/ak/rz)

«L’Église toute entière est concernée par les abus de quelques-uns», a affirmé le théologien Henry Donneaud au congrès du 4 mai 2024, au Vatican, sur la réparation spirituelle des abus dans l’Église catholique | © Unsplash
4 mai 2024 | 16:31
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
Abus sexuels (1359), Indemnités (11), pardon (69), victimes (44)
Partagez!