Le pape souhaite faire avancer le dialogue entre chrétiens
Le pape François a souhaité un approfondissement du rôle spécifique de l’évêque de Rome parmi les responsables chrétiens, en recevant au Vatican les chefs de l’Église anglicane, le 2 mai 2024. La tradition qui veut que le successeur de l’apôtre Pierre ait la «primauté» sur les autres évêques, est en effet objet de discorde dans le dialogue entre les diverses confessions chrétiennes.
Durant cette rencontre avec les évêques anglicans réunis en assemblée dans la Ville éternelle, le pape a reconnu que le rôle de l’évêque de Rome «représente entre les chrétiens une question encore controversée et source de division». Il a invité à «un dialogue fraternel, patient […] en abandonnant les controverses inutiles» à ce sujet.
Un «don à partager»
Le chef de l’Église catholique a souligné que l’orientation du rôle spécifique de l’évêque de Rome a été rappelée par son prédécesseur Grégoire le Grand: «L’évêque de Rome est servus servorum Dei – serviteur des serviteurs de Dieu». Ce pape du VIe siècle fut celui qui envoya Augustin de Cantorbéry comme missionnaire en Angleterre où il devint le premier archevêque de Cantorbéry. L’évêque de Rome est donc d’abord un «service d’amour pour tous», a argué François, défendant sa «primauté» comme un «don à partager».
Il a aussi souhaité que la prochaine session du Synode sur l’avenir de l’Église catholique – grand chantier ouvert en 2021 pour rendre l’Église plus participative et moins cléricale –, en octobre prochain, soit l’occasion de parvenir à «une meilleure compréhension du rôle de l’évêque de Rome». Plusieurs représentants d’autres confessions chrétiennes y participeront aux côtés des fidèles catholiques.
Récemment, dans la même veine, le pape François a décidé de rétablir la mention de «patriarche d’Occident» parmi les titres historiques du pape, dans l’édition 2024 de l’Annuaire pontifical. Un choix vu par les observateurs comme un signal envoyé à l’orthodoxie. Restaurer le titre de patriarche d’Occident, expliquait ainsi le Père Patrice Mahieu, spécialiste de l’œcuménisme, à I.MEDIA, permet de mettre l’évêque de Rome dans un rang égal aux autres patriarcats orientaux, tout en conservant sa première place reconnue par l’antique tradition.
L’amitié avec Justin Welby
«Nous ne devons pas avoir peur des discussions», a lancé par ailleurs le pape François, invitant à donner la priorité «au frère» et non pas «au système religieux», ni aux «opinions personnelles ou de groupe». Et de glisser: «La perspective divine ne sera jamais celle de la division, jamais celle de la séparation, de l’interruption du dialogue, jamais».
Au fil de son discours, le pape a particulièrement rendu hommage à l’archevêque de Cantorbéry Justin Welby, chef de l’Église anglicane, présent à l’audience. Les deux hommes ont participé à de nombreuses rencontres communes. Le pape a fait mémoire en particulier de leur voyage ensemble au Soudan du Sud en février 2023. «C’était merveilleux; avec votre femme, qui travaille là-bas. C’était très beau», s’est félicité François.
En janvier dernier, côte à côte durant une célébration œcuménique à Rome, le primat anglican et l’évêque de Rome ont envoyé en mission des binômes d’évêques catholique et anglican. (cath.ch/imedia/ak/bh)
Primauté romaine
On parle de «primauté romaine», ou de «primauté pétrinienne». Elle désigne la prééminence du successeur de l’Apôtre Pierre. En effet, dans les Évangiles et les Actes des apôtres, Simon, dénommé Pierre par Jésus, occupe une place spéciale parmi les douze Apôtres. Quand il énumère leur nom, l’évangéliste Marc (10, 12) indique: «Le premier, Simon, nommé Pierre» (Mc 10, 2). C’est à lui seul que Jésus déclare: «Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église; et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle.» (Mt 16, 18). Pardonné par le Christ après sa trahison, il reçoit de celui-ci la mission d’«affermir» ses frères.





