Le Paraguay est «un pays dévasté» (201291)

Cri d’alarme du président de la Conférence épiscopale paraguayenne

Asuncion, 20décembre(APIC) Le Paraguay est «un pays dévasté», il n’y a

pratiquement plus de forêts, ce «crime contre l’humanité» doit être dénoncé. Mgr Jorge Adolfo Livieres Banks, président de la Conférence épiscopale

du Paraguay, n’y va pas par quatre chemins. Dans une interview accordée le

19 décembre au correspondant de l’agence APIC à Asuncion, capitale du Paraguay, l’évêque d’Encarnacion affirme que le danger écologique est la menace

la plus grave qui pèse actuellement sur son pays.

Mgr Livieres Banks relève que les évêques paraguayens, dans leur dernière lettre pastorale, stigmatisent les atteintes à l’environnement comme le

plus grand danger pour le pays. Le développpement doit se faire pour l’homme et avec l’homme et non pas à son détriment. L’évêque d’Encarnacion

reconnaît que le Paraguay est un pays pauvre qui a certes besoin d’attirer

les investisseurs. «Mais les entreprises ont des intérêts économiques et

non pas écologiques», déplore Mgr Livieres Banks.

Le président de la Conférence épiscopale est satisfait des développements survenus depuis la fin de la dictature du général Stroessner en 1989.

Le pays souffre toujours des suites du régime Stroessner, dont le bilan est

«dans l’ensemble très négatif». Le général Andres Rodriguez, successeur de

Stroessner, «voit bien les problèmes et les difficultés auxquels est confronté le pays et accepte également de collaborer avec ceux qui le contredisent», estime Mgr Livieres Banks. L’évêque appelle cependant le général à

ne pas se représenter pour la présidence en 1993, «le pays ayant fait de

très mauvaises expériences avec des gouvernements qui ont été sans cesse

réélus».

Pas encore une vraie démocratie

Bien que le Paraguay ne soit pas encore une vraie démocratie, la situation s’est toutefois bien améliorée. Aujourd’hui, il s’agit en premier lieu

de faire appliquer le droit. Le pays a beaucoup souffert du fait que le

droit pénal ne fonctionnait pas. Il faut surtout éviter «que la haine et le

désir de vengeance ne prennent le dessus». Sinon les injustices du temps de

Stroessner risquent de se poursuivre.

Les évêques du Paraguay sont unanimement convaincus, affirme Mgr

Livieres Banks, qu’on ne peut séparer l’évangélisation du développement.

C’est pourquoi, il est du devoir de l’Eglise de s’occuper aussi bien des

problèmes religieux que des problèmes de l’homme. Le peuple sait que les 15

évêques du pays sont tout à fait unis sur ce point. Dans les rapports entre

l’Eglise et le gouvernement, il est important de garder une certaine

distance, car c’est seulement ainsi que les évêques «peuvent parler et agir

librement».

Les sectes préoccupent les évêques

La question des sectes – «qui font beaucoup de tort au peuple» – préoccupe aussi les évêques. «Dans les sectes, on vit une foi individuelle et

une pratique religieuse détachées des conditions sociales». Selon le président de la Conférence épiscopale du Paraguay, il n’est pas facile de prouver une thèse répandue affirmant que les sectes sont financées par la CIA,

les services secrets américains. Nombreux pourtant sont les gens qui le

croient. Le «Rapport Rockfeller» considère ainsi comme nécessaire de briser

l’unité catholique de l’Amérique latine, afin de rendre plus facile l’hégémonie nord-américaine sur le sud du continent. Mgr Livieres Banks est confiant pour l’avenir de l’Eglise dans son pays. Le Paraguay est «un pays de

la jeunesse» et cette jeunesse est l’espoir de l’Eglise. (apic/kna/mp)

20 décembre 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!