Le patient tétraplégique est en «état de conscience minimale» depuis six ans

France: A Rome, on salue la décision prudente de la CEDH sur le cas de Vincent Lambert

Rome, 26 juin 2014 (Apic) La décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de maintenir provisoirement en vie le Français Vincent Lambert est «prudente et nécessaire», a confié à l’agence I.MEDIA un responsable des questions éthiques au sein de la curie romaine, le 25 juin 2014. Le patient tétraplégique est en «état de conscience minimale» depuis six ans.

Le même jour, «L’Osservatore Romano» a publié une réflexion d’un prêtre français spécialisé en bioéthique rappelant qu’un patient en état de veille ne pouvait être privé du droit à l’alimentation et à l’hydratation. La veille, la CEDH avait formulé cette demande d’urgence, suite à la décision du Conseil d’Etat de suspendre les soins prodigués au patient.

Contrairement à l’épouse de Vincent Lambert, les parents de ce dernier, ainsi qu’un frère et une sœur du patient, se sont toujours opposés à l’arrêt des traitements. Ils ont saisi la CEDH afin de s’opposer, par une mesure provisionnelle et urgente, à un arrêt des soins.

«Contraire à la dignité de l’homme»

Pour le responsable romain, la décision du Conseil d’Etat, qui avait autorisé le 24 juin l’arrêt des traitements de Vincent Lambert dans le cadre prévu par la loi Leonetti, ne semblait pas être la bonne car «contraire à la dignité de l’homme et au droit fondamental à la vie qui en découle». La CEDH a demandé le même jour de façon urgente et provisoire le maintien en vie de Vincent Lambert, en état «pauci-relationnel» (état de conscience minimal) depuis 6 ans, suite à un accident de voiture. Pour le prélat, il s’agit d’une décision «prudente et nécessaire». Le cas doit encore être tranché par la CEDH qui a indiqué qu’elle l’examinerait en priorité.

La famille de Vincent Lambert se déchire entre ceux qui souhaitent un arrêt de l’hydratation et de l’alimentation et ceux qui en demandent le maintien. Les parents du patient avaient ainsi décidé de présenter un recours à la CEDH suite à la décision du Conseil d’Etat. «Souvent, a encore expliqué le responsable du Vatican, la décision d’interrompre l’hydratation et l’alimentation n’est pas finalisée à l’amélioration des conditions du patient».

S’il reconnaît qu’il existe des «situations dans lesquelles il peut être cliniquement indiqué de diminuer l’hydratation», il souligne cependant que dans la «très grande majorité des cas, malheureusement, (sa) suspension (…) mène à la dégradation de la qualité de vie et des conditions de santé du patient, jusqu’à en provoquer la mort».

Acharnement et euthanasie

Cette remarque fait écho à un vaste débat, y compris au sein d’établissements de santé catholique, pour déterminer si le maintien de l’hydratation et de l’alimentation est à considérer comme de l’acharnement thérapeutique ou si leur suspension revient à une euthanasie par omission. En 2007, une note de la Congrégation pour la doctrine de la foi soulignait que l’alimentation et l’hydratation d’un patient, même par voies artificielles, étaient obligatoires.

Selon le Saint-Siège, un patient, même dans un état de conscience minimale, est une personne avec sa dignité fondamentale, «à laquelle sont dus par conséquent les soins ordinaires et proportionnés, qui comprennent, par principe, l’administration d’eau et de nourriture».

«Pas en phase terminale»

C’est ce qu’ont voulu souligner les évêques de France, dans une réflexion publiée par «L’Osservatore Romano» au lendemain de cette décision. Dans ce texte du Père Brice de Malherbe, spécialiste de questions bioéthiques du diocèse de Paris, publié sur le site de la Conférence des évêques de France, il est ainsi précisé que «les personnes en état végétatif ou en état de conscience minimale sont des personnes certes lourdement handicapées et totalement dépendantes, mais non atteintes d’une maladie particulière évolutive ou en phase terminale».

Pour le spécialiste de questions bioéthiques, les personnes dans un état végétatif «appellent une prise en charge spécifique qui ne relève pas des soins palliatifs». Il appelle alors à ne pas classifier l’alimentation et l’hydratation par voies artificielles dans la catégorie des «traitements». Ces dernières «répondent à un besoin de base de tout être humain sans prétendre à une visée thérapeutique», selon le Père de Malherbe. Selon l’expert en bioéthique, «le droit d’accès des patients à l’alimentation ne saurait être conditionné par leur capacité relationnelle». (apic/imedia/mm/mb/be)

26 juin 2014 | 09:56
par webmaster@kath.ch
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