Fribourg: Exposition au CO de Marly sur les 5 grandes religions

Le pèlerinage permet aux croyant d’aller vers l’essentiel

Marly, 7 novembre 2014 (Apic) Dans le cadre de la Semaine des Religions en Suisse, le Cycle d’orientation de Marly, près de Fribourg, accueille du 3 au 14 novembre 2014 une exposition présentant les 5 grandes religions. Ouverte à tous, elle a également été présentée à tour de rôle aux classes, sous la conduite de leur professeur de religion ou d’éthique. Une soirée témoignage et conférence ouverte à tous a permis, jeudi soir 6 novembre, de faire connaître le pèlerinage dans trois traditions religieuses.

Durant deux semaines, le hall d’entrée de l’école secondaire ouvre ses portes de 8h à 17h, afin de présenter aux visiteurs des panneaux explicatifs et objets de culte chrétiens, musulmans, juifs, hindouistes et bouddhistes. «Nous avons aussi accueilli quelques classes primaires», indique Jean-Marc Wild, aumônier du CO de Marly et organisateur de la manifestation.

«Les jeunes sont surtout intéressés par les objets. Ils se posent des tas de questions sur leur utilisation», affirme Josiane Pythoud, professeur de religion et auteur d’un questionnaire aidant les élèves à faire le tour des stands. «Leurs connaissances ne sont en général pas très grandes. Beaucoup croient par exemple que Bouddha est un dieu». L’extrémisme religieux que subissent de nombreuses populations dans le monde n’a pas non plus piqué leur curiosité. «Je m’attendais à des questions à ce sujet, mais elles ne sont pas venues», constate Josiane Pythoud. Pas de questions, non plus, sur la diversité religieuses qu’ils connaissent dans leurs classes. «Ca ne peur pose visiblement pas problème. Il faut dire que la plupart ne connaissant pas beaucoup plus sur leur propre religion que sur celle des autres».

Le pèlerinage, un mouvement qui va de la tête au cœur

Durant la soirée du 6 novembre, les visites guidées de l’exposition ont précédé une soirée de conférences et témoignages sur le pèlerinage dans trois traditions religieuses.

L’abbé François-Xavier Amherdt, professeur de théologie pastorale, pédagogie religieuse et homilétique à l’Université de Fribourg, a souligné que «toute la vie est une marche, avec Dieu présent à nos côtés». «Le pèlerinage le plus important est le pèlerinage intérieur, celui qui va de la tête au cœur», a-t-il affirmé. Pour lui, se mettre en marche, c’est «se détacher de ce qui est contraire à la loi de Dieu, pour aller à l’essentiel».

La tradition chrétienne connaît quatre types de pèlerinage:

– Sur les lieux fondateurs du christianisme: Terre sainte et pays environnants, Rome (le plus grand lieu de pèlerinage au monde), …

– Les endroits qui se sont développés au cours du Moyen-Âge, lorsqu’il n’était plus possible de se rendre en Terre sainte: Compostelle, Mont St-Michel, …

– Les grands lieux de dévotion, apparus pour la plupart aux 18e et 19e siècle: Lourdes, La Salette, le Sacré-Cœur, …

– Les lieux récents, aux 20e et 21e siècle, liés à des sainte des temps modernes comme Lisieux, à des lieux de ressourcement naturels comme le Grand-Saint-Bernard, ou à des groupes sociaux comme les gens du voyage à Einsiedeln, …

François-Xavier Amherdt a été marqué en particulier par sa découverte du pèlerinage à Lourdes, «là où les malades se trouvent à la première place». «Le vrai miracle de Lourdes, c’est cette foule formée de gens de toutes provenances et de toutes conditions sociales unie dans une même procession».

Une expérience marquant aux lieux saints de l’islam

Le témoignage du prêtre valaisan a été suivi par celui, très touchant, d’une jeune musulmane franco-algérienne de 29 ans, Docteur, professeur en chimie organique et chimie biologique à l’Université de Fribourg, Dénia Mellal a raconté son pèlerinage aux lieux saints de l’islam qu’elle a effectué l’an dernier en Arabie saoudite. «Des jours de foi intense», a-t-elle affirmé.

C’est dans la ville de Médine, qui abrite le tombeau de Mahomet et de ses compagnons, qu’a débuté son périple. «Je m’y suis sentie comme une invitée privilégiée du prophète», a-t-elle lancé. Elle a pu pénétrer dans le «jardin du prophète», où un tapis vert est considéré dans la tradition musulmane comme une parcelle du paradis.

Mais le plus grand pèlerinage s’effectue à La Mecque, avec sa mosquée sacrée et sa porte principale appelée «porte de la paix». «Le musulman prie 5 fois par jour vers La Mecque, et là, je m’y trouvais!», raconte avec émotion Dénia Mellal, tout en décrivant les mouvements de la foule tentant d’approcher de la Kaaba, dont le nom signifie «le cube», et qui est dans la tradition islamique la maison sacrée de Dieu, reconstruite par Ibrahim (Abraham) et son fils Ismaël.

Toucher la pierre noire posée par Mahomet

«Un simple cube, mais majestueux», assure la jeune musulmane. Les pèlerins font 7 fois le tour de la Kaaba tout en priant, et tentent de toucher la pierre noire, placée à un coin de l’édifice par Mahomet lui-même.

La ville de La Mecque attire chaque année entre 3 et 5 millions de pèlerins. «J’y ai vu une mosaïque de personnes issues du monde entier. J’ai senti sur place la fraternité de la famille musulmane», affirme Dénia Mellal, qui s’est également rendue à Zamzam, là où l’ange Gabriel a fait jaillir une source pour sauver Agar, la femme d’Abraham, et leur fils Ismaël. Son pèlerinage sur les lieux saints s’est terminé au Mont Arafat, à l’est de La Mecque, où Adam et Eve se sont retrouvés et ont été pardonnés par Dieu, selon la tradition musulmane. «Un lieu de prière et de foi intenses», témoigne la jeune franco-algérienne. «Ce pèlerinage m’a fait voir la vie autrement. Je prends les choses avec davantage de philosophie et de patience», affirme-t-elle, tout en promettant qu’elle retournera un jour sur place: «On n’effectue pas le même pèlerinage à 28 ans, 40 ans, 60 ans ou 80 ans».

Atteindre un bonheur durable et éviter les causes de souffrance

Sylvie Zimmermann, archéologue, est collaboratrice au Centre tibétain du Mont Pèlerin, dans le canton de Vaud. Elle a défini les bases du bouddhisme comme une tentative d’atteindre un bonheur durable et d’éviter les causes de souffrance. Le Karma (là où s’accumulent les expériences heureuses ou malheureuses) et les perturbations mentales peuvent empêcher la sérénité de l’esprit et l’accès de l’être humain au bonheur. Le pèlerinage est un moyen parmi d’autres de se détacher de ces perturbations. Dans la tradition bouddhiste, les principaux lieux de pèlerinage sont des «endroits sacrés» liés à la vie des grands maîtres spirituels. Le croyant s’y rend pour prier, méditer et accomplir des offrandes «avec un esprit focalisé sur le bien».

«Le soleil brille, mais pour recevoir ses rayons, je dois ouvrir les volets de la maison. Ainsi en est-il de l’ouverture de l’esprit, afin de recevoir les bénédictions des lieux sacrés», image Sylvie Zimmermann. Les principaux lieux de pèlerinage de la tradition bouddhiste se trouvent en Inde et dans les pays environnants, notamment sur les pas du Bouddha historique. Or, a-t-elle constaté, se rendre sur place peut s’avérer éprouvant pour une Européenne, en raison des difficultés d’adaptation à la culture indienne et des contextes politiques parfois tendus et défavorables. Mais à défaut de lieux saints propres à leur religion, les bouddhistes peuvent également se rendre dans les temples des hindouistes, avec lesquels ils partagent de nombreuses pratiques et traditions rituelles.

Note aux rédactions: Des photos peuvent ête commandées à l’Apic: apic@kipa-apic.ch. Prix pour diffusion: 80 frs la première, 60 frs les suivantes.

(apic/bb)

7 novembre 2014 | 16:01
par webmaster@kath.ch
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