Vue de la ville de Mascate, la capitale du Sultanat d'Oman | © Petra/Pixabay
International

Le premier ambassadeur d’Oman près le Saint-Siège est reçu par le pape

En raison du caractère historique de son entrée en fonction, le premier ambassadeur du Sultanat d’Oman près le Saint-Siège a été reçu par le pape François le 30 décembre 2023. Ce diplomate exerce aussi en tant qu’ambassadeur depuis plus d’une année en Suisse.

Bien que basé à Berne, et donc non résident à Rome, Mahmood Hamed Nasser Al Hasani a pu bénéficier d’un entretien personnel avec le pape François en raison du caractère historique de son entrée en fonction. Des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le Sultana d’Oman ont en effet été établies pour la première fois le 23 février dernier. Le Sultanat d’Oman est ainsi devenu le 184e État à formaliser ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège.

Marié et père de cinq enfants, Mahmood Hamed Nasser Al Hasani, 54 ans, a notamment travaillé au sein du département de l’information, de l’administration et des finances du Ministère des affaires étrangères de son pays. Il y a dirigé le département chargé des organisations internationales entre mars et novembre 2022. Sur le plan des missions extérieures, il a notamment été vice-chef de mission en Iran de 2000 à 2005 et en Autriche de 2013 à 2016.

Un spectaculaire développement économique

Le Sultanat d’Oman est un pays situé au sud-ouest de la péninsule arabique, frontalier des Émirats arabes unis, de l’Arabie Saoudite et du Yémen. Il s’étend sur près de 310’000 km2 et compte environ 4,5 millions d’habitants, avec un pourcentage significatif de travailleurs provenant d’autres pays du Moyen-Orient, des Philippines, de l’Inde et du Pakistan.

Le chef de l’État actuel est le sultan Haitham Ben Tariq. Il a succédé le 11 janvier 2020 à son cousin, le sultan Qabus ibn Said, qui avait régné durant près de 50 ans et s’est éteint sans descendance.

Le pays a pris son indépendance du Royaume-Uni en 1971, après avoir été un protectorat britannique durant 80 ans. Oman a connu ensuite un spectaculaire développement économique, notamment en investissant sur l’exploitation des hydrocarbures et sur le tourisme.

Une approche relativement libérale de l’islam

La Loi fondamentale du Sultanat d’Oman déclare l’islam religion de l’État, et la sharia comme principale source de la législation nationale. Le pays est néanmoins réputé pour son approche relativement libérale, et le droit prévoit la liberté de religion et l’interdiction des discriminations sur une base confessionnelle.

Près de 86% de la population omanaise est musulmane, avec 45% de membres de la branche ibadite de l’islam (présente presque exclusivement dans ce royaume ), 35% de sunnites et 5% de chiites. Le sultanat comporte aussi une petite communauté évangélique (1%) ainsi qu’une importante communauté hindoue (5%), et une communauté bouddhiste (1%).

La présence catholique

Quant à la communauté catholique locale, elle comptait en 2020 près de 140’000 membres. Elle se répartit dans quatre paroisses dans lesquelles douze prêtres exercent leur ministère. L’Église catholique locale est rattachée au vicariat apostolique d’Arabie du Sud, conduit par Mgr Paolo Martinelli, dont la juridiction s’étend aussi sur le Yémen et les Émirats arabes unis.

La note du mois de février précisait que le Saint-Siège espérait que l’établissement de ces pleines relations diplomatiques permettrait à l’Église catholique à Oman, «à travers des prêtres et des religieuses», de «continuer à contribuer au bien-être social du Sultanat».

Une position médiane dans les conflits régionaux

Le projet d’établir des relations diplomatiques avait été annoncé le 4 novembre 2022, au lendemain d’un échange téléphonique entre le ministre omanais des Affaires étrangères Sayyid Badr Hamad Al Busaidi et Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États de la Secrétairerie d’État.

Le sultanat d’Oman et le Saint-Siège ont établi des relations diplomatiques | © Ministère des Affaires étrangères d’Oman

Le Saint-Siège et Oman s’étaient rapprochés en septembre 2017 lors de la libération du Père Tom Uzhunnalil, un salésien indien enlevé en mars 2016 au Yémen. Permise grâce à l’aide apportée par le Sultanat d’Oman, l’opération avait été saluée par le Saint-Siège, qui, avec le gouvernement indien, tentait depuis 18 mois de libérer le prêtre, enlevé lors d’une attaque meurtrière à Aden contre un dispensaire tenu par des religieuses des Missionnaires de la Charité.

Oman, par sa position médiane entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, est devenu un lieu stratégique de contacts diplomatiques concernant la guerre du Yémen. Bien qu’il n’ait pas établi de relations diplomatiques formelles avec Israël, le Sultanat d’Oman a assumé plusieurs contacts avec les responsables de l’État hébreu, notamment le Premier ministre Benjamin Netanyahou, venu en 2018.

Extension du réseau diplomatique du Saint-Siège

Le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec 184 États, contre 84 en 1978 et 25 en 1950. Le Sultanat d’Oman est donc exactement le 100e État à établir des relations diplomatiques avec le Saint-Siège depuis l’élection de Jean-Paul II en 1978.

Les pays qui n’ont pas de relations diplomatiques avec le Saint-Siège à l’heure actuelle sont l’Arabie saoudite, le Bhoutan, le Brunei, la République populaire de Chine, les Comores, la Corée du Nord, le Laos, les Maldives, la Somalie, Tuvalu et le Vietnam. Au Brunei, aux Comores, au Laos et en Somalie, le Saint-Siège dispose cependant de délégués apostoliques, et au Vietnam, d’un «représentant pontifical» désormais résident.

Certains de ces pays ont par ailleurs des contacts avec le Vatican sous différentes formes, notamment pour les nominations d’évêques en Chine depuis l’accord controversé de septembre 2018, ou, dans le cas de l’Arabie saoudite, par le biais du dialogue interreligieux. (cath.ch/imedia/lb)

Vue de la ville de Mascate, la capitale du Sultanat d'Oman | © Petra/Pixabay
1 janvier 2024 | 13:01
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 4  min.
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