Les vertus héroïques de Camille Costa de Beauregard ont été reconnues par Jean Paul II en 1991 | © Fondation du Bocage
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Le prêtre français Camille Costa de Beauregard bientôt béatifié

Camille Costa de Beauregard (1841-1910), un prêtre de Chambéry, sera prochainement béatifié, a fait savoir le Bureau de presse du Saint-Siège le 14 mars 2024. Le patriarche maronite Étienne Douaihy (1630-1704) figure également parmi les 11 autres causes inscrites dans la liste publiée ce même jour.

La liste a été publiée après une audience accordée par le pape au cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des saints.

Né à Chambéry le 17 février 1841, Camille Costa de Beauregard est le fils d’un homme politique de Turin et d’une aristocrate française. Entré au séminaire français de Rome en 1863 après avoir traversé une période de détachement de la foi, il reçoit l’ordination sacerdotale le 26 mai 1866 en la basilique Saint-Jean de Latran, mais refuse d’entrer à l’Académie des Nobles Ecclésiastiques comme il y était destiné, préférant revenir dans son diocèse d’origine, où il devient vicaire de la cathédrale en 1867.

La population de la ville savoyarde est alors décimée par une épidémie de choléra qui laisse de nombreux orphelins. Le jeune vicaire de la cathédrale les prend en charge, et crée l’orphelinat du Bocage, qui accueillera jusqu’à 175 pensionnaires. En lien avec les salésiens de Don Bosco, cet ami du saint piémontais se dédiera intégralement à cet accompagnement des orphelins, au point de refuser l’épiscopat à deux reprises.

Peu après son décès en 1910, sa réputation de sainteté se répand, avec la guérison d’un enfant atteint d’un grave traumatisme à l’œil après un accident survenu lors d’un jeu. Alors qu’un médecin avait déclaré que son œil serait irrémédiablement perdu, une infirmière prend l’initiative de l’essuyer avec un mouchoir ayant appartenu à l’abbé Costa de Beauregard. Il sera guéri, mais ce n’est qu’en 2015 que la documentation relative à cet épisode a été retrouvée. Cette découverte a permis de relancer la cause de béatification de ce prêtre, ouverte en 1961 au niveau diocésain. 

Les vertus héroïques de Camille Costa de Beauregard ont été reconnues par Jean Paul II en 1991, et il dispose donc depuis du titre de «vénérable serviteur de Dieu». Confiée aux salésiens de Don Bosco, la Fondation du Bocage perpétue son œuvre, avec une maison d’enfants à caractère social et un lycée agricole portant son nom. La béatification du prêtre savoyard devrait se tenir dans les prochains mois.

Le vénérable Étienne Douaihy, patriarche maronite

La liste des décrets du 14 mars 2024 inclut également un miracle attribué au vénérable serviteur de Dieu Étienne Douaihy, qui fut le patriarche d’Antioche des maronites de 1670 à 1704. Cette figure importante au Liban fut aussi un écrivain prolifique. 

Né le 2 août 1630 au nord du Liban, Étienne Douaihy étudie longuement à Rome, de 1641 à 1655, une période durant laquelle il attribue à la sainte Vierge sa guérison d’une maladie qui aurait pu le rendre aveugle. Ordonné prêtre au Liban en 1656, il exerce de nombreuses missions de prédicateur, notamment à Alep, où il fonde la prestigieuse École maronite. Tout en écrivant de nombreux livres, il se fait aussi connaître pour sa générosité dans le service des pauvres. En 1668, il devient l’évêque maronite de Chypre, recevant la consécration épiscopale à seulement 38 ans.

En 1670, il devient à 40 ans le nouveau patriarche maronite, mais son élection sera contestée par une partie des notables locaux. Il ne recevra le pallium que trois ans plus tard, en 1673. Malgré le harcèlement fiscal subi de la part des autorités ottomanes, il sera un patriarche bâtisseur, faisant construire de nombreuses églises et des monastères. C’est notamment sous son autorité que seront canoniquement reconnus l’Ordre mariamite et l’Ordre antonin maronite. Il œuvra également au retour des chrétiens melkites dans la communion avec Rome.

Après son décès le 3 mai 1704, le patriarche Étienne Douaihy demeurera entouré d’une réputation de sainteté, mais ce n’est que l’an 2000 que sa cause a été formellement ouverte par l’Église maronite. Le 3 juillet 2008, Benoît XVI lui avait attribué le titre de vénérable. 

Le miracle attribué à son intercession, et qui ouvre donc la voie à sa béatification prochaine, concerne la guérison d’une femme libanaise née en 1958 et atteinte d’une grave polyarthrite portant atteinte à sa locomotion. Elle a subitement retrouvé toutes ses facultés en 2013 après avoir bu, à l’invitation d’une amie profondément croyante, un café dans lequel était mêlée de la terre récoltée au pied de la statue du patriarche.

Un autre décret concerne le miracle attribué au prêtre espagnol José Torres Padilla (1811-1878) , cofondateur de la congrégation des Sœurs de la Compagnie de la Croix en 1862. Ce prêtre de Séville, connu pour son travail inlassable de confesseur et de conseiller spirituel, participa au Concile Vatican I (1869-1870) en tant que consulteur de la commission de discipline ecclésiastique. Le miracle attribué à son intercession concerne une religieuse de la congrégation qu’il avait fondée, et qui a été guérie en avril 2018 d’une grave pathologie cardiaque pour laquelle son pronostic vital était engagé.

Des martyrs de la Seconde Guerre mondiale

Un décret reconnaît le martyre du prêtre allemand Max Josef Metzeger (1887-1944), fondateur de l’institut séculier ›Societas Christi Regis’. Ce prêtre du diocèse de Fribourg, engagé pour la paix et l’œcuménisme, fut proche du député français Marc Sangnier, promoteur du catholicisme social, qui l’invita au Congrès démocratique international pour la paix organisé à Paris en 1921. Dans les années 1930-1940, il refusa d’obéir à Hitler et fut emprisonné à plusieurs reprises par le régime national-socialiste en raison de ses prises de position contre le totalitarisme. Il sera guillotiné le 17 avril 1944.

Un autre reconnaissance de martyre concerne Christophora Klomfass et 14 autres religieuses polonaises de la congrégation de sainte Catherine Vierge et Martyre, qui furent victimes des troupes soviétiques entre le 22 janvier et le 25 novembre 1945. Certaines de ces religieuses, âgées de 26 à 64 ans, moururent à la suite des viols subis de la part des soldats de l’Armée Rouge, animés par un violent sentiment anti-catholique, dont furent aussi victimes de nombreuses religieuses d’autres congrégations. Le film d’Anne Fontaine Les Innocentes, sorti en salles en 2015, retrace les persécutions vécues par les consacrées polonaises durant cette période.

Reconnaissance de vertus héroïques

Sept autres décrets établissent des reconnaissances de vertus héroïques, un miracle demeurant donc nécessaire pour une éventuelle béatification. 

L’archevêque syro-malankar Geervaghese Thomas Panickaruveetil (Mar Ivanios, 1882-1953), fut le fondateur de la congrégation de l’Ordre de l’Imitation du Christ et des sœurs de l’Imitation du Christ. Ordonné prêtre en 1908 et évêque en 1925, il fut un pionnier de l’œcuménisme en Inde, et entra dans la communion avec l’Église de Rome en 1930. Pie XI érigea pour lui l’archevêché de Trivandrum des Syro-Malankars en 1932.

La religieuse américaine Maria Alfonsa Hawthorne (Rose Hawthorne, 1851-1926) fut la fondatrice de la congrégation des Sœurs dominicaines de Sainte Rose de Lima. Issue d’une famille protestante, elle vécut sa jeunesse en Europe et épousa en 1871 un écrivain, George Parson Lathrop, avec lequel elle retourna aux États-Unis en 1876 et rejoignit l’Église catholique en 1891. 

Deux ans plus tard, le couple se sépara en raison de l’alcoolisme du mari et de styles de vie différents, avec une séparation reconnue par l’autorité ecclésiastique en 1895. Devenue infirmière, Rose Hawthorne fondera en 1899, avec l’appui de l’archevêque de New York, la congrégation des Sœurs dominicaines de Sainte Rose de Lima, dédiée au soin des malades du cancer. Elle en sera la première supérieure générale. 

Le prêtre brésilien Liberio Rodrigues Moreira (1884-1980), fut un prêtre dévoué au service des pauvres durant tout son long sacerdoce, de 1916 à 1980. En service actif jusqu’à sa mort à 96 ans, il fut un prêtre particulièrement dévot à l’eucharistie, célébrant la messe dans de nombreuses paroisses.

Ante Josep Tomičić (1901-1981) fut un laïc profès de l’ordre des capucins, en Croatie. Profondément attaché à l’adoration eucharistique et au port de l’habit religieux, il supporta durant plusieurs décennies les moqueries et le mépris des autorités de la Yougoslavie communiste. Souffrant d’une tumeur à la fin de sa vie, il fut présenté lors des obsèques comme «le miracle de la ville de Rijeka», compte tenu de la réputation de bonté et de courage qui l’entourait. 

La jeune Angelina Pirini (1922-1940) fut une laïque italienne dévouée à l’éducation des petites filles, dans le cadre de l’Action catholique paroissiale. De 15 à 18 ans, elle vécut d’intenses douleurs abdominales consécutives à une opération de l’appendicite, qu’elle assuma dans un esprit de don au Seigneur jusqu’à son décès, dans la nuit du 1er au 2 octobre 1940.

La laïque italienne Maria Maddalena Frescobaldi Capponi (1771-1839), qui vécut toute sa vie à Florence, fut à la fois une mère de famille et la fondatrice de la congrégation des Sœurs passionnistes de Saint-Paul de La Croix, qu’elle lança au début du XIXe siècle avec le soutien du pape Pie VII. Le diocèse de Florence a ouvert sa cause de béatification en 2009.

La religieuse italienne Elisabetta Jacobucci (Agata, 1858-1939), sœur de l’Institut des Sœurs Tertiaires Franciscaines, mena une vie très simple essentiellement dédiée à la quête pour les pauvres, dans la baie de Sorrente, près de Naples. Son apostolat de rue permit à sa congrégation de développer ses services auprès des orphelins et des personnes âgées. (cath.ch/imedia/cv/bh)

Les vertus héroïques de Camille Costa de Beauregard ont été reconnues par Jean Paul II en 1991 | © Fondation du Bocage
14 mars 2024 | 17:41
par I.MEDIA
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