Rome: Le cardinal Braz de Aviz pas consulté sur la remise à l'ordre des religieuses américaines
Le responsable des congrégations religieuses critique certains fonctionnements de la Curie
Rome, 6 mai 2013 (Apic) «Ce n’est pas de cette façon que l’Eglise doit fonctionner», a affirmé le 5 mai 2013 le cardinal brésilien Joao Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique. Le prélat a regretté publiquement de ne pas avoir été consulté sur le placement sous contrôle des évêques de la «Leadership conference of women religious» (LCWR), qui regroupe 80% des 57’000 religieuses des Etats-Unis, en 2012.
L’absence de discussions concernant les critiques émises à l’encontre des religieuses américaines lui a causé «une grande souffrance», a assuré le cardinal Braz de Aviz devant près de 800 responsables de communautés de religieuses à l’assemblée triennale de l’Union internationale des supérieures majeures, à Rome.
En août 2012, un rapport de la Congrégation pour la doctrine de la foi avait constaté de «sérieux problèmes» concernant les positions des religieuses de la LCWR dans les domaines ecclésial, éthique et social. Suite à cela, Mgr J. Peter Sartain, archevêque de Seattle, a été chargé par le pape Benoît XVI d’accompagner le processus de révision doctrinale de l’organisation.
«Les cardinaux ne devraient pas éprouver de la méfiance les uns envers les autres»
Cette décision semble ainsi avoir été prise sans que le chef du dicastère en charge des congrégations religieuses, Mgr Braz de Aviz, ait été consulté, ni même informé des démarches en cours, rapporte le 5 mai 2013 l’hebdomadaire américain «National Catholic Reporter». Le cardinal, en charge de près de 1,5 million de religieux et religieuses dans le monde, aurait eu connaissance des mesures prises contre la LCWR que lors d’une rencontre avec la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), après que le rapport formel eut été complété.
«Nous devons changer la façon dont nous faisons ce genre de choses», a affirmé le prélat brésilien. «Ce n’est pas de cette manière que l’Eglise doit fonctionner». Pour Mgr Braz de Aviz, «les cardinaux ne devraient pas éprouver de la méfiance les uns envers les autres». Il a souligné qu’un des problèmes était les «points de vue variés sur les situations» transmis au pape par les divers dicastères. Le prélat brésilien a relevé l’esprit de compétition régnant à ce niveau.
Renouveler les structures hiérarchiques
Le chef de dicastère a également appelé à une révision à grande échelle des structures hiérarchiques de l’Eglise. «Nous sommes à un moment de l’histoire où les choses ont besoin d’être revues et réarrangées, a-t-il précisé. Les mécanismes d’obéissance et d’autorité doivent être renouvelés, réévalués.»
Le prélat brésilien a aussi soutenu que «le poids des femmes dans la gouvernance de l’Eglise doit augmenter significativement…Nous pourrions ainsi créer une Eglise plus maternelle, et pas seulement paternelle. Les deux aspects rendraient l’institution beaucoup plus équilibrée, plus humaine».
Durant le dialogue avec les religieuses, Mgr Braz de Aviz a considéré qu’une rencontre entre la LCWR et le pape François était tout à fait possible. Plusieurs responsables de l’organisation ont exprimé leur déception et leur peine face à la confirmation, il y a quelques semaines, par le nouveau pape, de l’évaluation doctrinale de la CDF. Le cardinal a cependant assuré aux religieuses qu’il estimait que le pape n’était pas totalement étranger à leurs positions. «Néanmoins, le pape a confirmé la révision doctrinale, a souligné le prélat, il veut maintenant aller de l’avant dans le dossier». (apic/ncr/rz)