Le Rosaire 2025 à Lourdes : l’espérance au cœur de 17'000 pèlerins
17’000 pèlerins ont convergé vers Lourdes, du 1er au 4 octobre 2025 pour le pèlerinage du Rosaire, organisé par les frères dominicains. Prédicateur des quatre jours, le cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, a présenté Marie comme une figure d’espérance. Une cinquantaine de pèlerins suisses y ont pris part, sous la houlette du frère Pierre de Marolles.
Bernard Litzler, pour cath.ch
Simplicité et fraternité: ces mots revenaient dans la bouche des pèlerins interrogés à Lourdes. Si le Rosaire représente le second point chaud -avec l’Assomption – des pèlerinages de la cité mariale, le programme préparé en cette Année sainte 2025 a permis de côtoyer des personnalités connues de l’Eglise actuelle. Notamment, le cardinal franco-algérien et frère dominicain Jean-Paul Vesco, chargé de la prédication de ce 117e pèlerinage du Rosaire.
L’espérance se distingue de l’espoir
Les homélies quotidiennes du prélat, lors des grandes messes matinales, ont porté sur la vertu d’espérance: «Elle se distingue de l’espoir. Car l’espoir, souvent employé au pluriel, reste mesurable, atteignable. Au contraire, l’espérance est autre chose: elle est un horizon illimité, à la fois à venir et déjà là. Elle est l’espoir de Dieu».
La présence à Lourdes de Khaled, ami algérien proche du cardinal, a donné au mot fraternité un visage concret. Ce journaliste musulman, malade du cancer du pancréas, dont la santé fragile reste un souci permanent, a illustré la fraternité chère au prélat algérien. MgrVesco a cité, à ce sujet, le Père Christian de Chergé, martyr de Tibhirine: «Le Verbe s’est fait frère». Il a également rappelé l’exemple de Charles de Foucauld désireux de devenir «le frère universel» dans son ermitage algérien de Tamanrasset.
Le pape en Corse
Autre visage récemment découvert, celui du cardinal François Bustillo. Dans une conférence, l’évêque d’Ajaccio a raconté combien deux événements récents l’avaient marqué. D’abord la visite du pape François sur l’île de Beauté, en décembre 2024, entraînant toute la Corse dans «une fête de famille» autour de la piété populaire. «La présence du pape a marqué par la qualité de sa présence plus que ses discours. Il a ressuscité la simplicité de l’enfance présente en chacun de nous».
La mort de François et l’élection de Léon XIV ont également ponctué l’année de François Bustillo. Il a rappelé la valeur de l’héritage du défunt pontife, dont il garde en mémoire «la force de sa liberté». En confiant la charge de Pierre au cardinal Prevost, les cardinaux ont cherché avant tout «le bien de l’Eglise». Le cardinal électeur François Bustillo reste «en admiration et plein de compassion» pour le nouveau pape, qui vit encore «sa lune de miel».
Une organisation immense
Le pèlerinage du Rosaire monte un programme attrayant pour les milliers de participants. Outre les noms déjà cités, ces derniers ont également pu côtoyer, entre autres, Antonia Salzano, la maman du nouveau saint italien Carlo Acutis, le dominicain suisse Jean-Michel Poffet, la sœur dominicaine Anne Lécu, la théologienne Marie-Dominique Minassian. Chaque jour, les propositions d’enrichissement spirituel varient et les auteurs/autrices dédicacent leurs ouvrages près de la librairie du sanctuaire, favorisant les échanges informels.
Mais qui dit Lourdes dit aussi présence des malades, dit «pèlerins en accueil» car hébergés à l’Accueil Notre-Dame. L’organisation en tient compte, avec une délicatesse et une organisation sans failles. Avec leur fraîcheur juvénile, des lycéens des classes terminales poussent et tirent les malades vers les lieux de célébrations et de conférences, sous la guidance prévenante des Hospitaliers du Rosaire. 3’200 bénévoles encadrent ces quatre jours : hôtesses d’accueil, commissaires, hospitaliers et choristes se donnent sans compter.
Suisses présents
«Je rends grâce pour tous ces jeunes, au service des personnes à mobilité réduite», confie Patricia Nicod, de Lausanne. Elle vient au Rosaire depuis quelques années, avec bonheur. Les 43 pèlerins suisses, venus en car de Suisse romande et de Zurich, sont dirigés par le frère Pierre de Marolles et Gloria Lambiel. Certains viennent pour la première fois, d’autres en habitués. Les raisons d’y prendre part sont multiples : lien avec les dominicains, attrait renouvelé d’année en année, moment pour déposer ses soucis. Pour Jean-François Baril, chef d’entreprise genevois, ce pèlerinage constitue «un havre de paix, une bulle de bonheur dans un monde agité».
Marie-Laure Ineichen, de Bulle, y participe également depuis plusieurs années : «Je viens à Lourdes depuis 2003, pour remercier, après un accident de ski. Et nous avons formé une association du Rosaire, avec le Père Jean-Bernard Dousse en l’an 2000». Autre coutumière, Simone Bongard de la Fraternité laïque dominicaine y vient depuis 17 ans : «C’est comme un appel, un peu comme une drogue. Je vis ici un bien-être, une sérénité».
Libres, fondamentalement
Pierre de Marolles est venu de Jérusalem, où il s’est installé depuis peu à l’Ecole biblique, pour diriger une dernière fois le pèlerinage suisse. Après plusieurs années. Il apprécie toujours autant la vitalité de ce rendez-vous de début octobre. Cette année, il relève combien la formule du Rosaire correspond bien à la spiritualité dominicaine : «On est libre, même s’il y a trois ou quatre possibilités à chaque heure, mais on reste fondamentalement libre de se reposer ou d’y participer. On fait son pèlerinage à sa main, comme on le souhaite, et on vient ensuite discuter à table avec les autres, selon ce qu’on a vécu».
Désormais l’horizon de frère Pierre est celui de la Terre sainte. Il lègue à son successeur, le dominicain valaisan Philippe de Rothen, une association suisse bien constituée, avec un comité nouveau. Premiers pas du nouveau directeur : l’édition 2026. (cath.ch/bl)
Une hospitalité suisse se prépare
Cette année, des jeunes du Jura ont accompagné le pèlerinage pour s’initier à l’accompagnement des pèlerins malades. Jeunes étudiants en médecins, ils ont été coachés par des soignants zurichois. Le but ? Emmener, à terme, des malades suisses pour participer au Rosaire. Associés cette année à la région Dauphiné-Savoie, les futurs hospitaliers suisses ont reçu le gilet rouge bordeaux portant l’inscription «Hospitalité du Rosaire» ou le béret blanc.