Les Hérauts de l'Evangile en prière à Rome en 2007 | Wikimedia - Marie-Lan Nguyen
Vatican

Le Saint-Siège suspend les écoles tenues par les Hérauts de l’Évangile

Le Saint-Siège a ordonné le 22 juin 2021 la fermeture des écoles administrées par les Hérauts de l’Évangile, une association internationale de fidèles de droit pontifical d’origine brésilienne, qui viennent de réagir et de contester la sanction.

La sanction intervient «afin de protéger les enfants et les adolescents des risques élevés de violences psychologiques et sexuelles auxquels ils étaient exposés», affirme le site d’information brésilien Metrópoles. Elle a été signé, sous forme de décret, par le cardinal João Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique.

Entre 2017 et 2019, l’organisation a fait l’objet d’une enquête de la part de la Congrégation pour les instituts de vie religieuse et les sociétés de vie apostolique après plusieurs signalements d’abus spirituels. Celle-ci a entrainé la nomination, à la demande expresse du pape François, d’un commissaire pontifical, Mgr Raymundo Damasceno Assis, évêque émérite d’Aparecida.

Dans les extraits du décret publiés dans la presse, sont dénoncés une «discipline excessivement rigide» ainsi qu’une volonté de soustraire les enfants – pensionnaires des établissements – de l’influence de leurs familles. Le Saint-Siège ordonne que les élèves soient renvoyés dans leur foyer pour éviter des «abus de conscience et d’emprise». 

L’organisation dénonce l’action du cardinal Braz

L’organisation brésilienne, très conservatrice, conteste aujourd’hui la décision et remet en cause les «communications défavorables» qui sont arrivées sur le bureau du cardinal Braz. Elles seraient, selon elle, «profondément fausses».  Elle affirme au contraire que l’enquête menée par Mgr Damasceno Assis, le commissaire pontifical à la tête de l’association, a abouti à des résultats «favorables». Le rapport de l’enquête du Saint-Siège parlait pourtant pudiquement de «problèmes existants».

Les Hérauts de l’Évangile accusent le cardinal brésilien – «ouvertement connu pour son opposition» à leur institution selon eux – de «cléricalisme» et d’acharnement. S’appuyant sur une pétition signée par 2’583 parents ou tuteurs d’élèves s’opposant aux fermetures, elle se refuse à appliquer la directive. 

De plus, les Hérauts mettent en cause la validité du décret du préfet, qui est contraire, selon eux, au Code de droit canonique. Enfin, ils dénoncent plus largement une action légale inique, «comme dans l’infâme jugement de sainte Jeanne d’Arc».

Une organisation brésilienne

Fondée en 1999 par un prêtre brésilien militant contre le socialisme, Mgr João Scognamiglio Clá Dias, et reconnue par le Saint-Siège en 2001, l’association des Hérauts de l’Évangile promeut «l’évangélisation et la sanctification du monde à travers le soin sacramentel et spirituel du peuple de Dieu». Elle affirme compter près de 3’000 membres dans le monde, dont plus de 150 prêtres. Elle administre aussi un séminaire et un groupe médiatique (télévision, radios, agence de presse…). Le fondateur, Mgr Scognamiglio, a remis sa démission en 2017. 

Ces dernières années, plusieurs médias ont affirmé que des abus graves étaient commis dans l’association. Ont été notamment cités des cas de châtiments corporels et de manipulations psychologiques, ainsi que des séances d’exorcisme totalement contraires aux principes de l’Église catholique. Néanmoins, ces dérives n’ont pour l’heure pas encore été confirmées. À noter qu’une enquête a aussi été diligentée par le ministère de l’Éducation au Brésil. (cath.ch/imedia/cd/gr)

Les Hérauts de l'Evangile en prière à Rome en 2007 | Wikimedia – Marie-Lan Nguyen
14 septembre 2021 | 17:28
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 2 min.
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