Manu Dibango était venu à différentes reprises au Festival de jazz de Montreux, comme ici en 1985 | © KEYSTONE/Str
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Le saxophoniste Manu Dibango est mort à 86 ans des suites du Covid-19

Le saxophoniste camerounais Manu Dibango est mort le 24 mars à 86 ans des suites du Covid-19. Le musicien de jazz était hospitalisé près de Paris après avoir été contaminé par le virus. D’éducation évangélique, c’est au temple qu’il fréquentait, enfant, qu’il avait pris goût à la musique.

«Chers parents, chers amis, chers fans, une voix s’élève au lointain… C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango, notre Papy Groove, survenue le 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans, des suites du Covid-19», a annoncé la famille du saxophoniste dans un communiqué.

L’auteur d’un des plus grands tubes planétaires de la musique world, «Soul Makossa» (1972), est la première célébrité mondiale à décéder des suites d’une contamination au coronavirus.

Camerounais d’origine, Parisien d’adoption, Manu Dibango a été l’un des premiers à réussir la fusion entre la musique traditionnelle africaine et le jazz. Sensible aux multiples sollicitations de la musique, il refusait les étiquettes qu’on lui accolait : celle de Noir américain en France, d’Européen en Afrique, et d’Africain aux Etats-Unis. Il se réclamait simplement de la «race des musiciens».

Une éducation évangélique

De père et de mère protestants, le jeune Manu Dibango a vécu dès son plus jeune âge entouré de chant et de musique:  «Ma mère dirigeait la chorale des femmes et le pasteur nous commentait l’Ancien et le Nouveau Testament traduits en douala. C’est là que j’ai été touché par le virus magique de la musique», avait-il raconté dans Le Courrier de l’Unesco, en 1991.

«La foi permet de faire ce que l’on aime»

En réponse au site christianisme aujourd’hui, qui l’interrogeait sur sa foi, Manu Dibango expliquait en 2013 : «J’ai baigné dans le milieu évangélique, mais je n’ai pas beaucoup le temps d’aller à l’Eglise. Je reconnais qu’il y a quelque chose de supérieur qui organise la vie au-dessus de nous. La foi permet de faire ce que l’on aime, elle motive et soulève les montagnes. J’aime ce que je fais, et c’est une chance inouïe ».

Un étonnant destin

Arrivé à Marseille en 1949 alors qu’il était adolescent, fait Chevalier de la Légion d’honneur en 2010, l’artiste camerounais était encore en pleine forme et en tournée l’an passé pour ses 60 ans de carrière. Au cours de sa longue et dense carrière, Manu Dibango a traîné sa haute silhouette et son large sourire reconnaissables entre mille sur les cinq continents.

Il a abordé de multiples styles musicaux, collaboré avec les musiciens africains comme Youssou N’Dour et Angélique Kidjo, les rock stars comme Peter Gabriel et Sting, les chanteurs français comme Serge Gainsbourg, Nino Ferrer ou Dick Rivers, les gens du jazz comme Herbie Hancock, Bill Laswell ou, en France, le bassiste Jérôme Regard ou le tubiste Didier Havet, rendant notamment hommage au saxophoniste américain Sidney Bechet dans un album en 2007. (cath.ch/agences/cp)

Manu Dibango était venu à différentes reprises au Festival de jazz de Montreux, comme ici en 1985 | © KEYSTONE/Str
24 mars 2020 | 13:48
par Carole Pirker
Temps de lecture: env. 2 min.
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